NIANING EXIGE LA DESAFFECTATION DES 18 HA ET L’AUDIT DU FONCIER
Le litige foncier secoue Nianing, un village de la commune de Malicounda, département de Mbour. Le contentieux portant sur les 18ha 78a13ca a refait surface. Les populations du village ont déterré la hache de guerre après deux ans d'accalmie
La population du village de Nianing, regroupée au tour du mouvement «jog-jotna», demande au président de la République d’auditer le foncier de sa localité. En réunion publique à laquelle a participé le député Guy Marius Sagna, elle a réitéré son engagement à lutter pour la désaffectation des 18 ha puisque le projet n'a pas été réalisé.
Le litige foncier secoue Nianing, un village de la commune de Malicounda, département de Mbour. Le contentieux portant sur les 18ha 78a13ca a refait surface. Les populations du village ont déterré la hache de guerre après deux ans d'accalmie. D’ailleurs, Guy Marius Sagna et quelques activistes ont été agressés par des supposés partisans du maire, Maguette Sène alors qu’ils partaient prêter main aux populations. Selon Robert Ngor Ndiaye habitant de la localité, il ne reste plus que ces 18 ha pour la jeunesse du village. «Nous sommes entourés de titres fonciers, du domaine de Nianing, le club Aldiana constitué de 132ha, 100ha et 70ha. Aujourd'hui le village côtier n'a plus de plage. Donc nous demandons au maire de trouver les voies et moyens pour désaffecter ces terres. Il est inadmissible que le seul espace qui nous reste soit remis à des tiers. Les villageois ont besoin de cet espace pour abriter des infrastructures publiques», a pesté M. Ndiaye. Dans une attestation n°130/16, la commune de Malicounda a approuvé, le 30 septembre 2016, une délibération administrative au profit de l'entreprise Dienya SUARL qui a son siège dans le village mitoyenne de Warang. Seulement cette société reste inconnue des villageois.
Revenant sur la chronologie des démarches entreprises par les villageois qui se sont regroupés dans le mouvement Jog-jotna, Joseph Pascal Sène déclare qu'ils ont écrit des courriers au maire mais ce dernier n'a pas donné une suite favorable à leur demande. «Ces terres doivent être réservées aux générations futures. Actuellement dans le village, il n'y a plus d'espace. C'est pourquoi nous demandons au maire et l'équipe municipale de nous remettre nos terres», a dénoncé Joseph Pascal Sène membre du mouvement jog-jotna.
Et Rita Diaw de rappeler que ce combat avait valu à Guy Marius une agression. «Depuis des années, nous menons ce combat pour la restitution de nos terres. Il y a de cela trois ans, ce combat a causé l'agression physique de Guy Marius Sagna», a martelé la demoiselle.
Ces terres ont été attribuées à Philippe Schelfot de nationalité belge, qui est chef du service BS développement, pour y ériger un hôtel, des villas et des infrastructures publiques. Les engagements n'ont jamais été respectés, notamment le marché d’un coût de 270 millions et des infrastructures communales d’une valeur de 70 millions. Entre-temps, le toubab a été arrêté et mis en prison. Ce dernier soutenant être victime d’une arnaque a tenté même de se suicider.
LE DEPUTE GUY MARIUS SAGNA PROMET DE SAISIR LE GOUVERNEMENT POUR LA RESTITUTION DES 18 HA DE TERRES
Pour le député Guy Marius Sagna, si ce n'était pas la détermination des villageois, ces hectares allaient être perdus. «Le 5 mai 2021, nous avons écrit que nous de FRAPP, allions venir ici pour assister à la présentation du livre blanc qui traite les affaires foncières de la commune de Malicounda. Je félicite la jeunesse de Nianing qui n'a jamais baissé les bras. C'est une erreur d'élire quelqu'un et refuser de le surveiller. Ce qui se passe à Nianing est du banditisme foncier et de la délinquance foncière. Ce jour, nous étions 5 membres de FRAPP qu'on avait attaqués. Ces 18 ha ont une valeur de 11 milliards de nos francs. La délibération n'est plus valable. Depuis huit ans, rien n'a été fait, or, la loi parle de 2 ans. Donc si quelqu'un s'aventure à y ériger quelque chose sans l'aval de la population, que les habitants s'érigent en bouclier», a soutenu Guy Marius Sagna.
D'ailleurs, il promet de saisir le gouvernement pour la restitution des terres et pour un audit foncier dans tout le village. «En tant que député, je vais écrire au gouvernement pour qu'il puisse élucider la population, afin de mener une enquête et remettre les terres à la population. C'est inacceptable de remettre à quelqu'un une valeur de 11 milliards en contrepartie de 300 millions. C'est pour cette raison que le 3 juin 2021, nous avions déposé une plainte à la gendarmerie qui n'a pas levé le plus petit doigt. Je crois qu'il faut mettre en place une alliance pour la justice foncière. À Guéréo, c'est le même problème. Leurs terres ont été remises à l'hôpital Décaméron. Grâce à sa position géographique et son ouverture maritime, Mbour est devenue la ruée des affairistes, faisant de la zone un département de la délinquance foncière», a fait savoir le député.
GENESE DE L’AFFAIRE
Après le passage du député Guy Marius Sagna dans le village de Nianing, traitant le maire et son équipe de délinquants fonciers, le maire est sorti de son mutisme pour donner sa version des faits. Devant ses partisans qui se sont réunis à l'esplanade de l'hôtel de ville, il a expliqué la procédure que l'équipe municipale a entamée. Selon Maguette Sène, puisque les tenants du pouvoir sont les chefs du préfet, du procureur, ils devaient avant tout déposer une plainte auprès de la justice. D'ailleurs, révèlera-t-il, une plainte a été déposée au niveau de l'ofnac en 2022 mais après, l’enquête a été classée sans suite alors que la procédure ne souffre d'aucune irrégularité. «Je tiens à préciser qu'il n'y a aucun litige foncier concernant les 18ha de Nianing. Les populations savent que nous ne sommes pas impressionnés par le foncier ; et les espaces que nous utilisons, c'est pour abriter des infrastructures publiques. Il y a une période où les deux fleurons de l'économie du village étaient fermés à savoir hôtel Aldiana et domaine de Nianing. Ceci avait causé un véritable marasme dans la commune. J'ai vu l'espace sur lequel on avait installé un tableau avec l’enseigne des Eaux et forêts. Lors de mon premier voyage à Rwanda en compagnie du Président Macky Sall, je l’ai interpellé pour qu'il nous cède l'espace. Il m'a mis en rapport avec le ministre de l'Environnement d'alors Abdoulaye Bibi Baldé et ce dernier a saisi le directeur des Eaux et forêts, Beydi Ba et finalement un protocole d'accord a été trouvé», explique le maire de Malicounda. Dans le protocole, la mairie s'était engagée à céder un espace aux agents des Eaux et forêts dans le village de croisement Peul et un autre site pour compenser la surface perdue. Mais le site proposé ne convenait pas aux agents des Eaux et forêts, ce qui a bloqué la procédure.
LE MAIRE MAGUETTE SENE TEND LA MAIN AUX VILLAGEOIS POUR ENTAMER UNE PROCEDURE DE DESAFFECTATION DES 18 HA
Dans le protocole le promoteur devait construire un hôtel et des résidences et investir sur des infrastructures publiques au profit des populations. «Il devait aussi créer des bureaux sur une superficie de 292 M2 qui serviraient de studios et un amphithéâtre, la construction d'un village artisanal, des terrains des sport, une infrastructure communale d’un coût de 70 millions qui était destinée à l'état civil, une unité de transformation de produits locaux d’un coût de 50 millions, la construction d'un marché et d'autres ouvrages communaux d'un coup de 270 millions. Pour éviter que les terres ne soient remis au belge la mairie a obtenu des actions à hauteur de 10%. Et la commune ainsi que BS développement ont créé la société Dieyna Suarl pour éviter que l'une des parties ne puisse chercher un titre foncier. Ceci a été validé par les villageois lors d'une réunion qui a été tenue à bougainvilliers en présence des conseillers et du chef de village» précise le maire.
Mais au regard du blocage noté à cause du refus de la direction des Eaux et forêts de prendre le nouveau site depuis maintenant 8 ans, le maire tend la main aux villageois pour qu'une procédure de désaffectation soit entamée. «Je les appelle à venir et ensemble nous allons rencontrer les services des Eaux et forêts ainsi que le ministre de l'Environnement. Pourquoi Guy Marius Sagna n'a pas voulu nous rencontrer, nous faisons partie du peuple. Il aurait connu notre version et cela m'aurait évité des couacs. Nous sommes des élus au service des populations. Si les villageois sont disposés à trouver une solution, nous sommes là. Par contre, si ce sont des actes politiques, ce sera impossible…», a soutenu le maire Maguette Sène.