QUAND LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL BALISE LA VOIE A L’EXPLOSION DE CANDIDATURES
La suppression du parrainage ravive le spectre de la prolifération des listes de candidats aux législatives. Cette décision, qui maintient une caution accessible, pourrait reproduire le scénario complexe de 2017
Le Sénégal pourrait revivre le scénario de l’explosion des listes de candidats notée lors des élections législatives de 2017 avec ce scrutin prévu le 17 novembre prochain.
Et pour cause, en ordonnant dans sa décision n° 2/C/2024 rendue le 12 juillet la suppression du parrainage et la reconduction du montant des quinze millions (15.000.000) de francs CFA fixés par l’ancien ministère de l’Intérieur et de la sécurité publique, Antoine Félix Abdoulaye Diome lors des élections législatives du 31 juillet dernier 2022, le Conseil constitutionnel a tout simplement fait sauter toutes les barrières.
Autrement dit, les « Sept sages » ont ouvert le boulevard à une floraison de listes de candidatures. Pour rappel, c’est en 2018 que l’ancien régime du président de Macky Sall a fait adopter la loi généralisant à tous les partis politiques le parrainage citoyen qui était jusqu’ici appliqué aux seuls candidats indépendants.
Cette décision a été motivée par l’explosion des listes de candidats (47 listes contre 24 en 2012) lors des législatives du 31 juillet 2017. Pour éviter des lenteurs dans les bureaux de vote, l’ancien chef de l’Etat avait introduit une proposition de dérogation visant à permettre à l’électeur de ne prendre que 5 listes de bulletins sur les 47, le jour du vote, devant le Conseil constitutionnel qui a été validée.
Ainsi pour éviter la reproduction d’un tel scenario lors de la présidentielle de 2019, le gouvernement a présenté au mois d’avril le projet de loi qui exige désormais des différents candidats, d'obtenir le parrainage de 1% du corps électoral, soit 70.000 signatures dans au moins sept régions, ce qui représente un minimum de 2000 parrainages par région pour éviter toute sorte de régionalisme.
Le jour du vote, l’ancien ministre de la Justice Ismaëla Madior Fall a indiqué au sujet du bien-fondé de ce texte rejeté par l’opposition parlementaire qui avait boycotté le vote qu’il s’agit « d’un filtre nécessaire pour éviter les énormes dépenses inutiles qui gaspillent l’économie nationale ».
Aujourd’hui, sept ans après, le Sénégal est de nouveau sous la menace de revivre ce scénario qui avait conduit à l’adoption de cette loi avec la décision du Conseil constitutionnel.