PASTEF, LA STRATEGIE RISQUÉE DU MAILLAGE
Les législatives anticipées du 17 novembre mettront à l'épreuve la popularité du parti au pouvoir. La question des alliances reste en suspens, alors que certains alliés de la présidentielle semblent prendre leurs distances
Pour le moment, Pastef est discret sur sa stratégie de conquête de l’Assemblée nationale. C’est apparemment l’une des parties prenantes qui est la plus prête pour avoir gardé secret l’agenda de la dissolution et de la date des Législatives anticipées. Le parti au Pouvoir a envoyé une circulaire pour des investitures consensuelles de ses militants au niveau départemental.
Sauf amateurisme ou excès de confiance, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye ne peuvent se contenter des 54% au premier tour comme un acquis syndical. Un résultat qu’ils ont obtenu par la force de leur parti, même dissous, mais surtout par la sympathie de Sénégalais qui en avaient marre de Macky Sall et son report impardonnable. A coup sûr avec sa coalition qui n’est XXL que pas le nombre de partis et mouvements qui l’ont rejoint dans Diomaye Président. Mais, pris individuellement, ce sont des lilliputiens. Encore qu’il est difficile de mesurer l’apport décisif du soutien de la dernière heure du Parti démocratique sénégalais (Pds).
L’obsession pour le consensus dans les départements
Qu’à cela ne tienne, pour ces Législatives qui ont des relents d’un «tous contre Diomaye-Sonko», tant ils ont envoyé beaucoup de candidats dans l’opposition, il serait risqué de faire cavalier seul comme le suggère la lettre circulaire de Pastef publiée ce vendredi et ayant pour objet «Modalités et conditions de candidature pour les listes départementales au scrutin majoritaire des élections législatives du 17 novembre 2024». Précision importante : scrutin majoritaire, donc départemental. Tout indique que Sonko tente de consolider et de conquérir des bases à lui seul en soulignant que «les candidatures aux postes de députés pour les listes départementales sont ouvertes du vendredi 20 septembre au dimanche 22 septembre 2024 à minuit». C’est l’étape la plus sensible qui requiert des arbitrages souvent pris pour de l’arbitraire. «Les Coordonnateurs départementaux doivent convoquer des réunions départementales d’investiture le samedi 21 septembre 2024 ou le dimanche 22 septembre 2024 pour proposer au parti les hommes et femmes investis en qualité de titulaires et de suppléants au niveau de leur département» et les envoyer au Secrétariat général du parti, «au plus tard le lundi 23 septembre 2024». La direction du Pastef tient à ce que «leur procès-verbal qui doit obligatoirement mentionner les consensus obtenus et le cas échéant, les désaccords enregistrés». Parce que des partis et coalitions ont implosé du fait d’investitures contestées.
L’échappée solitaire ou la tentative risquée du maillage
Au sein de Pastef, la chose la plus partagée, c’est l’échappée solitaire, en mettant un militant du parti titulaire. Mais il faudra faire avec certaines localités où Sonko aura besoin d’inter-coalition. Il reste encore à savoir quelles formations accompagneront le parti au Pouvoir. Malick Gakou a déjà réitéré qu’il reste allié de Pastef, alors que le Pur pourrait prendre ses distances après la sortie salée de son président, Serigne Moustapha Sy. Pour le reste des membres de l’ex (?) Yewwi, Déthié Fall reste silencieux. Ousmane Sonko voudrait promouvoir les jeunes, qui ont été à la tête de son combat, dans les investitures. Et au nom du non-cumul de mandats, des espaces sont libérés pour ceux qui n’ont pas été promus dans le gouvernement ou les directions. Il restera la bataille de la liste nationale.