TSHISEKEDI BOUDE PARIS, MACRON DEFEND SA POSITION SUR LA CRISE CONGOLAISE
Diplomatie sous tension au 19e sommet de la francophonie Que de revers pour Emmanuel Macron qui semble faire désormais de la politique extérieure de la France son cheval de bataille.
Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a délibérément choisi de ne pas participer à des événements clés du 19e Sommet de la Francophonie, déçu par le manque de soutien explicite d'Emmanuel Macron à son pays en proie aux conflits armés.
Que de revers pour Emmanuel Macron qui semble faire désormais de la politique extérieure de la France son cheval de bataille. Après l’annulation à la dernière minute de la venue à Paris du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, c’est à son homologue de la République démocratique du Congo de “délaisser” Macron. Pourtant, sa venue était perçue comme une belle victoire de l’influence française.
En conflit avec le Rwanda, la République démocratique du Congo traverse des moments difficiles. Beaucoup pensaient que Tshisekedi ne serait pas à Paris, vu les relations entre le patron de l’Élysée et Paul Kagamé. La poignée de main entre la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), la Rwandaise Louise Mushikiwabo, dissipait les derniers doutes sur le malaise entre le Rwanda et la RD Congo.
Mais tout ceci n’était qu’un voilage. Félix Tshisekedi n’a pas pris part, samedi, au déjeuner auquel la secrétaire générale de l’OIF a invité les chefs d’État et membres de gouvernement ayant pris part au 19e Sommet de la Francophonie qui s’est tenu à Paris les 4 et 5 octobre. Pis, il a boudé la réunion des chefs d’État et de gouvernement et y a été représenté par la ministre déléguée aux Affaires étrangères, Bestine Kazadi.
D’ailleurs, après cette dernière, face à la presse, le président français Emmanuel Macron, interpellé sur le départ de Felix Tshisekedi, a précisé “qu’il n’y ait pas malentendu. Hier, je l'ai dit moi-même, je n'ai été que parcellaire dans les citations. Il y a beaucoup de crises, de tensions, de guerres que je n'ai pas citées”.
En effet, le président de la RDC n’a pas été content du discours prononcé à la cérémonie inaugurale du Sommet de la Francophonie à VillersCotterêts. Il a estimé que M. Macron n’a pas été assez ferme et explicite dans son soutien à son pays. À cette cérémonie également, Paul Kagame était au premier rang et très près de Macron, alors que Tshisekedi était au troisième rang. Mais, a tenu à souligner Macron, “nous encourageons très clairement la RDC et le Rwanda à parvenir à un accord, dans le cadre de la médiation angolaise, et l'OIF doit jouer un rôle en soutien des efforts régionaux à ce titre et je l'ai dit successivement au président Tshisekedi et au président Kagame. Pour ce qui est de la France, nous avons toujours été clairs et je l'ai redit à l'un et à l'autre, nous appelons au retrait du M23 et des troupes rwandaises. Nous appelons aussi à procéder au démantèlement des FDLR et de tous les groupes armés en RDC, et à l'arrêt des discours de haine”.
Dans les résolutions des chefs d’État et de gouvernement de l’espace francophone à la suite de leur conférence, figure une condamnation “ferme des violations du droit international, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la République démocratique du Congo, les violences commises à l’endroit des populations civiles, des institutions nationales, de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation RDC (Monusco), de la Mission de la Communauté de développement d’Afrique australe en RDC (SAMIRDC) par les groupes armés, bafouant tous les efforts de paix entrepris dans la sous-région”. Les invités de Macron se disent “extrêmement préoccupés par la dégradation continue de la situation humanitaire et sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo”.
Par conséquent, ils condamnent “tous les massacres des populations et les bombardements des camps de déplacés commis sur le territoire de la RDC, amplifiant les déplacements massifs des populations comptées en millions”
Dans la même veine, ils appellent “toutes les parties prenantes à respecter le droit international humanitaire”. Ces autorités de l’espace francophone ont aussi condamné “tous les groupes armés opérant en RDC et tout soutien extérieur apporté à ces groupes, notamment tout appui militaire extérieur, toute intervention militaire étrangère non autorisée”.
Dans ce cadre, ils ont demandé “le retrait immédiat des forces militaires non autorisées par le gouvernement de la RDC sur son territoire, non validé par le Rwanda” et encourageant “les efforts engagés en faveur d’une paix durable dans la sousrégion à travers les négociations conduites dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi, médiation choisie par l’Union africaine”
La France et ses invités disent tenir “au respect de la souveraineté de l’intégrité territoriale et de l’intangibilité des frontières de la République démocratique du Congo” et exprime leur “solidarité au peuple congolais durement éprouvé et (condamnent) le recours systématique par des réseaux criminels et des groupes armés au viol, comme arme de guerre, dont les femmes et les enfants sont les premières victimes, le recrutement et l’emploi d’enfants-soldats, la destruction des aires protégées dans le bassin du Congo, patrimoine mondial de l’Unesco, ainsi que l’exploitation et l’exportation illégales des ressources naturelles vers les pays voisins et autres destinations ; réserve du Rwanda