A L’UCAD, LA RÉVOLTE DES SANS-BOURSE
Treize mois sans bourse ont poussé 5 000 étudiants de master à manifester jeudi, malgré la répression. Face à un pouvoir qui évoque des caisses vides, les étudiants rappellent que leur survie n'attend pas
(SenePlus) - L'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (Ucad), plus grande université francophone d'Afrique de l'Ouest, est à nouveau en ébullition. Le jeudi 7 novembre, environ 5 000 étudiants de master ont manifesté pour réclamer leurs bourses impayées depuis treize mois, rapporte La Croix Afrique.
"C'est la première mobilisation d'envergure depuis l'avènement des nouvelles autorités. Elles ont réagi avec force", confie au journal Babacar Diallo, étudiant en anglais et coordonnateur du collectif des boursiers. Les manifestants, asphyxiés par les gaz lacrymogènes, ont dû se replier à l'intérieur de l'université.
L'Ucad, qui compte 100 000 étudiants, est coutumière des mouvements de contestation. Selon La Croix, l'occupation de la route principale est devenue un levier de pression classique. "S'ils parviennent à occuper le croisement, ils bloquent un axe majeur de circulation de la capitale et sont donc certains que le pouvoir entendra leurs revendications", explique Abdoulaye Cissé, un ancien étudiant, cité par le quotidien français.
"Faute d'argent, certains étudiants ne peuvent même pas regagner Dakar pour suivre les cours", déplore Babacar Diallo dans les colonnes du quotidien. "D'autres n'ont pas de quoi manger, ni même d'ordinateur pour écrire leur mémoire. C'est mon cas, j'appréhende le jour où le professeur annoncera une date de rendu."
Le nouveau pouvoir, élu sur des promesses de changement, n'a toujours pas résolu la situation. "Ils disent qu'il n'y a plus d'argent dans les caisses. Pourtant, ils ont décaissé 102 millions de francs CFA (150 000 €) après les récentes inondations", dénonce le militant Babacar Diallo, qui ajoute : "Le rôle des ministres est de trouver des solutions. S'ils n'en trouvent pas, c'est bien que les étudiants ne sont pas leur priorité."
La situation est d'autant plus critique que l'université sort d'une fermeture de neuf mois, consécutive aux émeutes de juin 2023. "La plupart des étudiants, même les meilleurs, ont redoublé à cause de la fermeture", déplore Mohamed Ba, redoublant en deuxième année de droit, cité par La Croix Afrique.
Les étudiants promettent de poursuivre leur mobilisation. "Nous, on ne manifeste pas pour des idées mais bien pour des droits ! Ces bourses sont cruciales pour notre avenir. On va continuer le combat et se faire entendre", affirme Babacar Diallo.