UNE NOUVELLE ÈRE POUR LES ACCORDS DE PÊCHE UE-AFRIQUE ?
La situation sénégalaise pourrait faire école dans un contexte de raréfaction des ressources halieutiques. Actuellement, huit accords de pêche restent en vigueur entre Bruxelles et des pays africains, avec des montants variables

(SenePlus) - La décision du Sénégal de mettre fin à ses accords de pêche avec l'Union européenne marque un tournant potentiel dans les relations halieutiques euro-africaines. Cette rupture, effective depuis le 17 novembre, contraint les navires européens à quitter les eaux sénégalaises, privant le pays d'une allocation annuelle de 8,5 millions d'euros.
Cette décision s'inscrit dans la vision politique des nouvelles autorités sénégalaises. Lors d'un meeting préélectoral le 29 octobre, Ousmane Sonko, aujourd'hui Premier ministre, affirmait clairement que "ces accords ne sont pas favorables au Sénégal". Le président Bassirou Diomaye Faye avait prévenu l'UE de "sa volonté de réviser ces accords, afin d'assurer qu'au moins 80% des ressources de pêche profitent au Sénégal".
L'enjeu est crucial pour ce pays ouest-africain où, selon les Nations unies citées par Jeune Afrique (JA), la pêche fait vivre 600 000 personnes sur une population de 18 millions d'habitants.
La situation sénégalaise pourrait faire école. Selon JA, Actuellement, huit accords de pêche restent en vigueur entre l'UE et des pays africains, avec des montants variables. La Mauritanie, par exemple, reçoit 60 millions d'euros annuellement pour un accord "mixte", tandis que la Guinée-Bissau perçoit 17 millions d'euros.
La Côte d'Ivoire se trouve dans une position particulière. Son accord, qualifié de "dormant" depuis juillet dernier, est en cours de renégociation. Il lui rapportait jusqu'alors 682 000 euros annuels, permettant à 36 navires européens d'opérer dans ses eaux.
L'exemple sénégalais n'est pas isolé. Jeune Afrique rappelle que les Comores ont déjà connu une rupture similaire en 2018, perdant 300 000 euros de subventions européennes. Plus récemment, le Maroc a vu son accord définitivement annulé par la Cour de Justice de l'UE en octobre 2024.
Cette évolution pourrait préfigurer une redéfinition plus large des relations halieutiques entre l'Europe et l'Afrique, avec une tendance croissante à la préservation des ressources locales et à la défense des pêcheurs traditionnels.