VIDEOECO-CFA, LA MONNAIE COLONIALE QUI NE VEUT PAS MOURIR
Le franc CFA devait disparaître en 2015. Puis en 2025. Maintenant on parle de 2030, voire 2035. Pendant que l'ECO, censé le remplacer, s'enlise dans des reports, cette monnaie héritée de la colonisation continue de régir le quotidien de 15 pays africains
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En Afrique de l'Ouest, l'histoire monétaire s'écrit toujours à l'encre du franc CFA. Cette monnaie, vestige de l'ère coloniale, continue de régir les échanges de 15 pays d'Afrique subsaharienne, divisés en deux zones distinctes : l'UEMOA et la CEMAC. Particularité troublante : bien que portant le même nom, ces deux francs CFA ne sont pas interchangeables entre eux.
L'ECO, annoncé comme le successeur du franc CFA, accumule les reports. D'abord prévu pour 2015, puis 2025, son lancement pourrait désormais glisser jusqu'en 2030, voire 2035. Cette valse des dates alimente les doutes sur la réelle volonté de changement.
Les chiffres sont éloquents : d'après une enquête menée en 2024, plus de 90% des Africains jugent le franc CFA néfaste pour leur économie. La parité fixe avec l'euro, présentée comme un gage de stabilité, agit en réalité comme un frein aux exportations tout en favorisant les importations. Cette situation pénalise le développement des industries locales.
Les obstacles techniques à la mise en place de l'ECO s'accumulent. L'harmonisation des politiques financières entre les pays membres reste incomplète. Les structures institutionnelles nécessaires tardent à se mettre en place. Le rôle futur de la France dans ce nouveau système monétaire continue de susciter des débats.
Face à ces défis, des économistes africains proposent des solutions pragmatiques. Parmi elles, l'arrimage de la future monnaie à un panier de devises incluant le dollar et le yuan, plutôt qu'à l'euro seul. Ces experts soulignent que le continent dispose des compétences techniques nécessaires pour gérer sa propre monnaie. Reste à transformer cette capacité en réalité politique.