JUNINHO, MONUMENT BRÉSILIEN DE FRANCE, TIRE SA RÉVÉRENCE
Le milieu brésilien Juninho, indétrônable roi des coups francs qui a marqué de son empreinte la Ligue 1 où il fut septuple champion de France au sein du grand Lyon des années 2000, a pris sa retraite de joueur.
L'annonce a été faite dans la nuit de mercredi à jeudi par le président du Vasco de Gama. "Je veux officialiser la décision de Juninho Pernambucano, a dit à la presse Roberto Dinamite. Nous avons discuté et il a décidé d'arrêter sa carrière. Lundi prochain, il donnera une conférence de presse pour prendre congé du Vasco en tant que joueur".
La retraite était dans l'air depuis quelques semaines, depuis la blessure à la cuisse en novembre du joueur, qui a eu 39 ans ce jeudi.
Le "Reizinho" (petit roi) avait alors pensé raccrocher les crampons, avant de céder à l'amicale pression du club carioca pour prolonger son contrat jusqu'au 30 mai et disputer le Championnat de l'Etat de Rio de Janeiro. Mais cette blessure l'a démoralisé, et si le Vasco a encore tenté de le retenir, il s'est cette fois montré inflexible.
L'émotion était aussi grande du côté de Rio que de Lyon, où le joueur a laissé une trace indélébile. A l'OL entre 2001 et 2008, "Juni" (1,79 m, 74 kg), leader et capitaine, a été un des trois joueurs à remporter les sept titres de champion consécutifs, avec Grégory Coupet et Sidney Govou, égalant le record national de sacres en France de Jean-Michel Larqué et Hervé Revelli.
"Je retiens autant ses immenses qualités de footballeur que ses profondes qualités humaines, a commenté le président lyonnais Jean-Michel Aulas sur le site du club. En plus de 25 ans de présidence, je ne pense pas avoir rencontré un seul joueur qui soit à la fois aussi brillant, déterminé, tenace, compétiteur, professionnel et intelligent que Juninho et d'une incroyable maturité même quand je l'ai rencontré pour la première fois en 2001".
"Il restera le plus grand joueur de l'histoire de l'OL, a confié à l'AFP Bernard Lacombe, conseiller du président. Car s'il y a eu d'énormes joueurs comme Fleury Di Nallo ou Sonny Anderson, ceux-ci n'ont pas eu le bonheur de disputer la Ligue des champions, à l'inverse de Juninho qui s'est illustré dans de grands matches comme face au Werder Brême, au Real Madrid, au Bayern Munich ou au FC Barcelone".
Un coup franc, "presque un penalty"
Notamment par le biais des coups francs, dont il était l'incontesté spécialiste. Il a fait mouche 44 fois dans cet exercice sur les 100 buts marqués pour Lyon, toutes compétitions confondues. "On estimait qu'un coup franc situé à 25 mètres de la cage adverse était presque un penalty pour Lyon", se souvient Bernard Lacombe.
Le président Aulas espère une reconversion de "Juni" au sein de l'OL. D'ici là, il commentera pour RMC les matches de la Coupe du monde (12 juin-13 juillet).
Idole à Lyon, mais aussi à Rio, c'est le Vasco de Gama qui l'a consacré "Reizinho" en le dénichant à Recife, sa ville natale, dans l'Etat du Pernambouc (nord-est du Brésil), d'où la mention de Pernambucano associée à son surnom Juninho, dérivé de Junior (il porte les mêmes noms que son père, Antônio Augusto Ribeiro Reis).
Au Vasco, il a par exemple été champion du Brésil (1997 et 2000) et gagné la Copa Libertadores 1998, équivalent sud-américain de la Ligue des champions.
Il y a fini sa carrière après une parenthèse au Qatar (à Al-Gharafa, 2009-2011) et une pige frustrante aux Red Bulls New York (décembre 2012-juillet 2013). La presse brésilienne fait état d'un total frôlant les 1.000 matches dans sa carrière (959), pour 226 buts.
Mais c'est sans doute son histoire avec l'équipe du Brésil qui l'a le plus frustré. S'il a décroché une quarantaine de sélections (7 buts) entre 1999 et 2006 et remporté la Coupe des Confédérations 2005, il était absent du titre mondial de 2002. Et bien présent pour l'humiliation infligée à la Seleçao par Zinédine Zidane en quart de finale du Mondial-2006 (1-0 pour la France).