VIDEOENJEUX DU SOMMET ÉTATS-UNIS/AFRIQUE
UNE QUARANTAINE DE CHEFS D’ÉTAT AUTOUR DE BARACK OBAMA
INCONTOURNABLE AFRIQUE
Si le continent africain intéresse les puissances économiques aujourd’hui, c’est parce qu’il regorge d’énormes potentialités. L’Afrique est le nouvel horizon des investisseurs et un gros marché dopé par une croissance démographique forte.
L’Afrique, continent en plein dynamisme, ne saurait laisser indifférent les grands de ce monde. Ses performances économiques et son potentiel suffisent pour que toutes les puissances et les pays émergents se bousculent au portillon d’un continent qui était, il y a quelques années, estampillé du sceau du pessimisme. L’afropessimisme a fini de céder la place à l’afro-optimisme.
Et pour cause, dix des économies qui ont enregistré la plus forte croissance dans le monde, ces dernières années, sont en Afrique. Cette année encore, le continent réalisera les meilleures performances économiques. Selon la Banque mondiale, la croissance en Afrique subsaharienne devrait se situer, en moyenne, à plus de 6 %. Le Fmi table sur une croissance de 5,5 %.
L’autre force du continent, ce sont les énormes ressources naturelles qu’il abrite, suscitant l’intérêt des investisseurs. Ces derniers affluent de partout pour profiter de cette croissance soutenue. Les investissements directs étrangers ont augmenté de 4 % en Afrique en 2013, soit 57 milliards de dollars, fait savoir le dernier rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced). Selon Ajen Sita, président-directeur général du cabinet Ernst & Young, la perception du continent est en train d'évoluer.
Pour la première fois, indique M. Sita, l'Afrique est considérée comme la deuxième destination la plus attrayante pour les investissements du monde. Elle possède des fondements solides pour stimuler l'investissement : une progression démocratique et macroéconomique stable, une conjoncture plus favorable aux affaires, une classe de consommateurs en pleine expansion, des ressources naturelles en abondance et un développement constant des infrastructures.
Gros marché, et avec sa croissance démographique forte, l’Afrique offre de nouveaux débouchés commerciaux, surtout dans les secteurs des biens de consommation.
Aujourd’hui, le continent qui représente 4,5 % du Pib mondiale, a de la marge, puisqu’il ne pèse que 3,2 % des exportations et 3,3 % des importations mondiales. D’ailleurs, la demande intérieure, alimentée par la forte croissance du crédit au secteur privé, fait partie des stimulateurs des performances de la région.
L’Afrique a, encore, besoin d’investissements dans les secteurs des infra- structures, le Forum économique mondial estimant les besoins de financement annuel du développement africain à près de 93 milliards de dollars jusqu’en 2020.
Aujourd’hui, la pauvreté recule petit à petit grâce à des taux de croissance de 5 à 6 % enregistrés depuis plus d’une décennie. Le continent peut mieux faire en lutte contre la pauvreté, selon le Fmi, « la transformation structurelle n’est pas allée assez loin pour que la pauvreté continue de diminuer ».
LE BOUCLIER SÉCURITAIRE AMÉRICAIN
L’Afrique a été un continent à en- jeux au fil de l’histoire : réserve de main d’œuvre durant l’esclavage, de matières premières durant la colonisation et vaste marché de relance de la consommation de produits depuis quelques années à cause de son boom démographique et de la jeunesse de sa population.
Les Etats-Unis qui ont toujours considéré l’Afrique, sur le plan géostratégique, comme un chasse gardé des Français et Anglais, ont toujours gardé cependant des relations affectives et culturelles avec le continent.
Les élites politiques et intellectuelles de même que les masses africaines ont été largement inspirés par les luttes d’émancipation et les stratégies d’organisation des noirs américains qui continuent encore à fasciner sur la terre mère.
Sur ce sous bassement socio culturel, le gouvernement américain, dans le contexte de la guerre froide, a constamment assuré aussi une présence discrète et efficace à travers particulièrement le Corps de la Paix et l’Usaid.
C’est au début des années 90 qu’un tournant décisif a été franchi avec la chute du mur de Berlin et le vent de détente qui a soufflé sur le monde entrainant, dans son sillage, la démocratisation et le libéralisme économique dans les pays du bloc de l’Est et en Afrique.
Pour les Etats-Unis, l’intérêt stratégique pour le continent, dans le contexte de la guerre froide, devient clairement géostratégique sans doute à cause de la fulgurante percée africaine de la Chine et la perspective d’une mainmise sur les matières premières stratégiques parmi lesquelles le pétrole particulièrement. L’administration américaine accompagne les pays africains dans l’instauration de la politique de bonne gouvernance et l’ouverture à l’économie de marché en échange d’une aide économique et financière.
Cette politique va prendre une nouvelle tournure en 1998 avec les attentats contre les ambassades américaines de Nairobi au Kenya et de Dar es Salam en Tanzanie. Des atteintes aux intérêts américains qui ont déterminé davantage Washington à investir dans l’appui à la sécurité et au développement de la capacité des armées africaines en lutte contre le terrorisme.
Le président George W. Bush met sur pied le commandement militaire américain pour l’Afrique Africom (United States Africa Command) qui s’inscrit dans le soutien sécuritaire américain amorcé depuis 1996 et te- nant en compte les intérêts américains croissants en Afrique.
Ce programme d’appui au renforcement des capacités des partenaires africains limité et ponctuel au début, prend une nouvelle tournure avec les attentats du 11 septembre 2001 qui ont mis au grand jour toutes les ramifications internationales dont une large part en Afrique noire.
L’intérêt énergétique et stratégique américain en l’Afrique, dans ce contexte de concurrence, nécessite une approche sécuritaire plus élaborée et fondée sur une stratégie militaire nouvelle. Tant que les intérêts américains en Afrique étaient mineurs, les États-Unis déléguaient la surveillance d’une bonne partie à leurs alliés européens.
Désormais, il leur faut une toile sécuritaire autour des côtes africaines et des zones de production pétrolière où se situent l’essentiel de leurs intérêts et prendre en compte, dans leur nouvelle stratégie, la détermination des terroristes à frapper leurs intérêts partout dans le monde.
Le siège d’Africom à Stuttgart assure la coordination des relations militaires entre les Etats-Unis et tous les États africains, et les aide à bâtir une capacité propre de maintien de la paix qui promeut la stabilité, la bonne gouvernance et le développement durable.
De façon préventive ou réactive, ils se tiennent prêts à agir contre tout individu ou organisation qui, en Afrique, menace leurs intérêts, ceux de leurs alliés ou de leurs partenaires. Elle vise aussi à protéger le territoire des Etats-Unis, les citoyens américains et l’intérêt national américain de toute menace qui pourrait provenir de l’Afrique.
Les Etats-Unis ont apporté, entre autres, une aide discrète et précieuse au Nord Mali, au Soudan et plus récemment dans la traque de Boko Haram au Nord Nigeria et de Joseph Kony, chef des rebelles de l’Armée de résistance du Seigneur en Ouganda.