POINT DE TOIT AU-DESSUS DE LEURS REVES
PRESENTATION DE 40 PROJETS DE JEUNES FRANCOPHONES
Le Forum international qui rassemble à Dakar les jeunes francophones depuis hier, jeudi 9 octobre, et prend fin ce jour, est comme un avant-goût du XVe Sommet de la Francophonie. Car, pour l’un, comme l’autre, les jeunes sont à l’honneur. Dans la journée d’hier, 40 jeunes francophones, tous plus enthousiastes les uns que les autres, ont exprimé l’idée qu’ils se faisaient de l’avenir. C’est en tout 40 projets porteurs qui ont été retenus, dont 17 sélectionnés dans le secteur agricole. Celui d’Agbadjagan Maranatha en est un. Le jeune homme de 28 ans est un être hybride, entre l’entrepreneur producteur de jus de fruits, et l’universitaire.
Agbadjagan Maranatha a 28 ans et presque deux vies. Chez lui, au Bénin, il étudie la sociologie du développement à l’Université d’Abomey où il est assistant. Et depuis quelques années, il est aussi producteur de jus de fruits. Sa petite histoire commence alors qu’il est étudiant en développement communautaire. Il présente alors un mémoire de fin d’études sur la transformation de l’ananas en jus. Le jeune homme de l’époque ne se contente pas de concepts théoriques. Il met la main à la pâte et touche un peu à tout, il séjourne même dans des fermes où il apprend le métier. Au-delà de son diplôme, il veut surtout maîtriser tout le processus. Alors, il pose des questions, et on lui explique…Lui aimerait bien se lancer, mais comment, et avec quels moyens ?
A l’époque, il ne dispose que d’une bourse de second cycle : une quarantaine de mille francs. Avec ses petites économies mensuelles, il commence à financer ce qui n’est alors qu’un petit projet. Ce qui le motive sans doute, c’est qu’il sait qu’il peut compter sur l’aide de ses parents qui le soutiennent du mieux qu’ils peuvent, moralement, et aussi financièrement.
Entre-temps, il s’envole pour le Canada pour un second stage, de six mois cette fois. Là, il se perfectionne, dans la transformation de produits agro-alimentaires toujours. Il touche même à autre chose qu’à ses jus de fruits. Car, sur place, on lui apprend aussi à fabriquer de la provende, de l’aliment pour bétail.
Un homme mieux organisé rentre chez lui…
C’est donc un homme mieux organisé qui rentre chez lui, avec, dans sa valise, une idée un peu plus précise de ce qu’il veut faire. Même s’il se débrouille toujours un peu comme il peut, avec ses petites économies… En 2008, il signe une convention avec le Programme d’appui à la diversification Agricole (PADA), financé en partie par la Banque Mondiale. Ce que dit le contrat, c’est qu’il touchera 8. 745. 000 F. CFA. Une somme consistante qu’il attend toujours de recevoir, mais avec mille et une idées qui lui trottent déjà dans la tête. Avec cet argent, il achètera surtout de l’équipement : des pasteurisateurs, des broyeurs et même des tricycles pour distribuer ses produits. Agbadjagan Maranatha aimerait aussi construire des installations hydrauliques. Dans l’activité qu’il mène, avoir de l’eau c’est primordial. Il lui faut aussi de la matière première. L’ananas, par exemple, lui provient de la ville d’Allada, au sud du Bénin.
Ce projet est le sien, mais neuf personnes l’accompagnent. Sa petite entreprise n’a pour l’instant que très peu de clients, des privés pour la plupart. On lui commande des jus de fruits pour des baptêmes et des fêtes d’anniversaire par exemple. Il vend aussi à quelques supermarchés.
Il faut dire que la concurrence est là, le jeune porteur de projet y avait déjà pensé au tout début, mais rien n’aurait pu l’arrêter. Agbadjagan Maranatha s’est dit : « Je serai plus original. » Chez lui, au Bénin, le jus de fruits est surtout conditionné sous verre. Lui, voudrait servir son breuvage dans des emballages plastiques. On ne sait pas si le jeune entrepreneur est écolo, mais il composte les résidus qu’il obtient et les revend ensuite aux jardiniers et aux maraîchers.
Aujourd’hui, son petit séjour, ici au Sénégal, lui qui vient pour la toute première fois, est une nouvelle opportunité. Peut-être pourrait-il y trouver un ou des partenaires. Et pour y avoir déjà été, il songe aussi au Canada ou ailleurs sur un coin de la planète. Point de toit au-dessus de ses rêves !