INTERVENTIONS DISPERSÉES DANS LA LUTTE CONTRE EBOLA
LE CHEF DE LA MISSION DE L'ONU APPELLE À SUIVRE LA DIRECTION DES ETATS CONCERNÉS
Monrovia, 7 jan 2015 (AFP) - Le nouveau chef de la Mission de l'ONU pour la lutte contre Ebola (UNMEER), Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, a dénoncé mercredi au Liberia "un problème de coordination" entre les acteurs de la lutte, les exhortant à se placer sous l'autorité des gouvernements nationaux.
Par ailleurs, en Sierra Leone, pays où la transmission du virus reste la plus intense, et où il était ensuite attendu, les autorités ont annoncé mercredi le renouvellement d'une campagne de porte-à-porte dans l'ouest, comprenant la capitale Freetown, qui a permis en 15 jours la découverte de 250 cas, selon elles.
"Il y a trop d'acteurs venant participer, beaucoup avec de bonnes intentions mais il y en a trop", a déclaré M. Ould Cheikh Ahmed lors d'une conférence de presse à Monrovia, la capitale libérienne, sa première visite dans les pays touchés.
"Trop de cuisiniers gâtent la sauce. Nous devons nous organiser, nous devons coordonner nos efforts et l'UNMEER a un rôle majeur à jouer à cet égard", a-t-il souligné, sans préciser à quels problèmes spécifiques il se référait.
"Ce sont les gouvernements libérien, sierra-léonais et guinéen qui conduisent, ce sont eux qui fixent la direction, il s'agit de leurs peuples, il s'agit du sort de leurs pays respectifs, nous devons reconnaître ce leadership national, cette prise en charge nationale.
Nous devons tous le reconnaître", a insisté le responsable de l'ONU. Il a également rendu hommage aux succès du Liberia, pays qui compte le plus grand nombre de morts de l'épidémie, où la propagation a considérablement décru, mais mis en garde contre tout "excès de confiance".
En Sierra Leone, les autorités se sont prévalues d'un "succès" durant la campagne de porte-à-porte menée du 17 au 31 décembre dans l'ouest du pays.
Cette opération "a été un large succès si on voit les résultats" obtenus, avec au total 964 personnes conduites vers les centres adéquats de prise en charge, dont "266 ont été diagnostiquées positives", a expliqué à l'AFP Brima Kargbo, le responsable des services médicaux sierra-léonais.
- Essais de traitement en Afrique -
En Guinée, troisième pays le plus touché, les présidents nigérien Mahamadou Issoufou et béninois Thomas Yayi Boni ont effectué mercredi une visite conjointe, affirmant vouloir ainsi marquer leur "solidarité".
Rappelant le soutien de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) à "un programme pour que toute l'Union africaine (UA) soutienne l'annulation de la dette dans les trois pays touchés", le président guinéen Alpha Condé a expliqué avoir "demandé à (ses) frères de nous appuyer dans ce sens-là".
Par ailleurs, les essais de traitements contre Ebola, jusqu'à présent inexistants, ont récemment débuté sur des volontaires au Liberia et en Guinée.
Des tests du brincidofovir (de la société américaine Chimerix) ont commencé le 1er janvier dans le centre de traitement d'Ebola de Médecins sans Frontières (MSF) à Monrovia sous la conduite du Dr Jake Dunning, un expert de l'Université britannique d'Oxford, selon un communiqué de MSF.
"Ce médicament a été absorbé par plus de mille personnes dans des essais cliniques pour d'autres infections et s'est révélé efficace en tests de laboratoire utilisant des cellules contaminées par Ebola.
Ce que nous ne savons pas, c'est s'il sera efficace contre Ebola dans le corps humain", a expliqué le Dr Dunning, cité dans le texte.
Dans le sud de la Guinée, un autre antiviral, le favipiravir (de la firme japonaise Fujifilm) est en cours d'essai depuis la mi-décembre dans un centre de traitement de MSF à Guéckédou, depuis le 26 décembre dans un centre géré par l'ONG française Alima à Nzérékoré, a indiqué Alima dans un communiqué mardi.
L'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, la plus grave depuis l'identification du virus en Afrique centrale en 1976, partie en décembre 2013 du sud de la Guinée, a fait plus de 8.100 morts pour plus de 20.600 cas identifiés, à 99 % au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).