«Macky Sall n’est ni roi, ni prince… C’est un Sénégalais comme tout le monde»

La coalition de l’opposition, Initiative pour un rassemblement patriotique (IRP)/ Booloo taxawu askan wi, a tenu hier une conférence de presse. Mamadou Diop «Decroix» et Cie veulent profiter de la visite du Président Obama et d’une forte présence de la presse internationale sous nos cieux pour dénoncer une gestion «despotique» du pouvoir par le régime de Macky Sall et ainsi, faire parvenir leur message au locataire de la maison blanche. Entre autres sujets d’actualité, l’opposition est revenue sur l’arrestation de Bara Gaye, le sit-in de l’Ujtl et la mise en place de la Cnri qu’elle juge illégitime.

La visite du Président Barack Obama en terre sénégalaise continue de susciter bien des agitations. Après les Ong qui ont dénoncé leur non implication dans cette visite, c’est au tour des partis de l’opposition réunis au sein de l’Irp/Booloo taxawu askan wi de saisir l’occasion pour vilipender Macky Sall et son gouvernement. Même si la coalition se félicite de la visite du Président Obama au Sénégal, elle ne veut surtout pas rater cette opportunité de dénoncer la gestion «despotique» du Président Sall.

Le seul objectif, selon Sitor Ndour, c’est de profiter de toute l’attention que l’opinion nationale et internationale portera sur notre pays lors de ces 48 heures, pour lancer leur message afin que Obama, dès son réveil le jeudi matin, s’aperçoive à travers la presse que l’opposition n’est pas du tout contente du pouvoir. «Nous voulons donc profiter de la visite du Président américain pour lui faire comprendre que le Sénégal a un régime despotique», fulmine le secrétaire général d’Elan. «Depuis l’installation du Président Macky Sall, le dialogue social est en panne (grèves à répétition dans le secteur de l’éducation, cacophonie dans le secteur de la consommation entre gouvernement, consommateurs, commerçants, etc.)», ajoute Mamadou Diop Decroix.

Oumar Sarr : «Macky Sall est un mauvais Président»

Decroix fustige le manque de dialogue politique, la violation des droits et libertés dans notre pays, en citant en exemple l’interdiction de sortie du territoire de certains leaders du Pds et l’arrestation de Bara Gaye. Le coordonnateur du Pds Oumar Sarr estime que le délit qui a valu à Bara Gaye son séjour carcéral est devenu obsolète. «Macky Sall n’est ni un roi, ni un prince. Il a été élu certes, mais c’est un Sénégalais comme tout le monde. Et il ne saurait y avoir d’offense à ce Sénégalais-là. Ce que Bara Gaye a dit, moi-même je l’ai répété mot pour mot, ainsi que tous les jeunes du parti. Seulement, depuis quelque temps il avait décidé de mettre ce jeune en prison», accuse le maire de Dagana.

 Ce dernier dénonce d’ailleurs l’arrestation de 6 personnes avant-hier, y compris le député Fatou Thiam, lors du sit-in de l’Ujtl.

«Sur le plan des libertés, le Sénégal est un pays sale»

En manifestant son soutien à «ses jeunes», Oumar Sarr précise que le combat ne s’arrêtera pas là et que des actions seront bientôt menées pour la libération de leurs «frères» de parti. «Tant qu’ils seront en prison, le combat continuera. La lutte peut prendre plusieurs formes, mais nous agirons toujours», avertit-il. «Le Sénégal va très mal, et nous constatons que Macky Sall veut présenter un Sénégal propre. Mais tout le monde sait que sur le plan des libertés, le Sénégal est sale. Nous ne voulons aucunement gêner notre pays mais Macky Sall, s’il est vraiment notre Président, est un mauvais Président», ajoute le coordonnateur du Pds.  Ainsi, la déclaration liminaire de la conférence de presse sera traduite en anglais et distribuée sous forme de communiqué aux journalistes qui accompagnent le Président Obama

COMMISSION NATIONALE DE REFORME DES INSTITUTIONS - l’Irp/ Booloo taxawu askan wi juge ses membres illégitimes

En marge de leur sortie virulente contre Macky Sall et son gouvernement, les partis de l’opposition se sont également prononcés sur la mise en place de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri). Selon Mamadou Diop Decroix, le régime en place, non content de toutes ses forfaitures, s’achemine vers ces réformes institutionnelles en solo, en commanditant un travail dont l’opposition n’est conviée qu’aux fins de faire valoir. «Si pour nous la réforme des institutions est d’une impérieuse nécessité, nous récusons par contre avec véhémence toute idée d’avoir comme interlocutrice cette commission à la mise en place de laquelle nous n’avons été ni associés ni intéressés. Une commission dont les termes de référence et les missions nous sont jusqu’ici inconnus», fulmine-t-il. La coalition IRP/ Booloo taxawu askan wi compte ainsi combattre toute tentative d’ériger des institutions dont la vocation serait de «mettre notre pays sous la coupe réglée de quelque lobby que ce soit».

Les leaders de l’opposition estiment aussi que la Cnri est illégitime, du fait des membres qui la composent et qui sont nommés par Amadou Makhtar Mbow. Ils se démarquent dès lors de toute initiative qui pourrait être prise par le gouvernement, allant dans le sens d’un quelconque report des élections sous prétexte de l’attente des conclusions des travaux de la Cnri.