LES VOIES DU RENOUVEAU
Le plaidoyer de Baïdy Agne pour un secteur privé national fort

Président du Conseil National du Patronat (CNP), Baïdy Agne, après un large passage en revue des différentes contraintes pesant sur l’entreprise nationale, a dressé quelques voies et moyens pour une véritable relance économique. C’était lors des Assises de l’Entreprise, face au Premier ministre, Mahammad Dionne.
"La règle du jeu de la contractualisation public/privé, que j’aperçois, est celle du '1er Venu' ayant une forte probabilité d’être le '1er Servi' quelle que soit la nationalité de l’investisseur. Si, bien entendu, l’offre privée répond aux besoins exprimés par l’État et respecte les dispositions du cadre réglementaire. Alors dites-moi, face à cette réalité, quelle attitude faut-il adopter en toute responsabilité ? Elever la 'Voix de la lamentation' pendant que l’État reste sourd et continue de dérouler sa feuille de route ou alors, inviter notre secteur privé à se mobiliser, à s’unir et à soumettre dès à présent, des offres de contractualisation publique/privée au besoin, en conglomérat national ou en partenariat avec l’investisseur étranger ?
Je retiens qu’au moins, avec la seconde option, nous n’entendrons pas notre État nous dire demain : 'Vous ne m’avez rien proposé'... Opposer le secteur privé national et l’investisseur étranger, c’est aussi ce que le parti de l’entreprise entend ! Non, nous ne sommes pas les uns contre les autres, nous ne l’avons jamais été et ne saurions cautionner cela… Investir au Sénégal, c’est notre souhait à tous ; et si possible, de le faire en partenariat. Réfutons cette mauvaise interprétation de la demande du secteur privé national à son État.
Que dit-il au Gouvernement : 'Souciez-vous de votre famille d’entrepreneurs dans la commande publique, dans les concessions publiques, dans les contrats de partenariat public/ privé, réduisez progressivement la dépendance de notre Nation vis-à-vis de l’extérieur. Ceci n’a donc rien d’exceptionnel et se pratique, partout dans le monde, dans le plus grand silence et une profonde complicité entre l’État et son Secteur privé'.
Ici, on vous demande d’expliquer et de définir ce qu’est une entreprise nationale. On vous parle de contraintes liées au Code des marchés de l’UEMOA.
Nos réponses, les voici :
L’entreprise nationale ou communautaire est celle constituée à 51% de capitaux nationaux ou communautaires. Après concertation avec le secteur privé régional, la Fédération des organisations patronales d’Afrique de l’Ouest (FOPAO) et la Chambre consulaire régionale (CCR) ont saisi la Commission de l’UEMOA.
Ensuite, on vous demande d’identifier les contraintes à lever pour un meilleur accès des privés nationaux à la commande publique, aux contrats de partenariat public/privé, etc. Il faut privilégier, dans les appels d’offres sur financement du Budget consolidé d’investissement, les entreprises à capitaux nationaux, rendre obligatoire, en cas d’appel d’offres international, le recours à la sous-traitance à hauteur d’au moins 30% en faveur des entreprises nationales, ramener de 50 à 15 milliards FCFA, tout au plus, la recevabilité par l’État de l’offre spontanée pour l’entreprise nationale, c’est-à-dire au même niveau que l’offre spontanée Entreprise privée/Collectivités locales, accélérer la mise en œuvre de l’avant-projet d’Acte uniforme de l’OHADA rendant obligatoire pour tout investisseur étranger, la création d’une co-entreprise avec des privés nationaux ou avec l’État lorsque l’activité concerne un secteur stratégique et de souveraineté économique, donner une validité annuelle, allant du 1er janvier au 31 décembre, à toutes les pièces administratives à fournir, imposer la règle de l’allotissement pour les marchés de grande taille, adapter les critères de qualification des entreprises aux réalités de notre tissu économique, rendre opérationnelle la Commission de qualification et de classement des entreprises de BTP, définir des méthodes de contrôle et de révision des offres anormalement basses et promouvoir les mécanismes d’intervention et de soutien financiers de la Caisse de Dépôts et de Consignation, du FONGIP, du FONSIS et de la BNDE...