LES "JAMBAARS" EN ALERTE
PARTICIPATION DU SÉNÉGAL À LA COALITION INTERNATIONALE AU YEMEN
On peut s’attendre à un déploiement de forces Armées sénégalaises au Yémen. Le Président Macky Sall a donné sa parole au roi Salman pour se joindre à la coalition internationale qui est en train de se mettre en place pour combattre les groupes chiites qui ont pris le pouvoir au Yémen.
L’Armée sénégalaise va retourner en Arabie Saoudite. C’est l’expression que le chef de l’Etat compte donner à la solidarité avec le royaume wahhabite engagé dans la traque des rebelles chiites au Yémen. De retour à Dakar hier soir, Macky Sall s’est désolé «du renversement du pouvoir légitime par un groupe armé».
En faisant siennes les préoccupations de Riyad, le président de la République a fait part au roi Salman, installé il y a à peine trois mois après le décès du Roi Abdallah, de sa «solidarité totale» dans cette perspective. «Comme nous l’avons fait au Congo (Kinshasa), en Côte d’Ivoire, en Guinée Bissau au Mali..., nous allons apporter notre solidarité...», a-t-il assuré dans une tonalité diplomatique.
Dans ces pays cités comme exemples, le Sénégal dispose de soldats qui opèrent sous la bannière des Nations-Unies. Macky Sall trouve sa contribution d’autant plus fondée qu’il s’agit pour lui de «sécuriser les lieux saints de l’Islam».
Selon le Président Sall, le chef d’Etat-major général des armées, Mamadou Sow, qui était de la visite d’Etat, a eu un entretien avec les autorités saoudiennes, notamment le ministre de la Défense. L’Arabie Saoudite, dit-il, a invité le Sénégal à se joindre à la coalition internationale qu’elle a mise en place pour combattre les rebelles yéménites.
Souvenir de l’opération «Tempête du désert»
L’information a été d’ailleurs véhiculée dans la journée par l’agence saoudienne de presse. La dépêche n’a pas tardé à faire le tour des pays arabes. Devant les religieux qui l’ont accompagné en terre sainte musulmane, Macky Sall annonce qu’il va revenir sur les détails en Conseil des ministres. Si la décision se matérialise, ce serait la deuxième fois que les Jambaars seront envoyés dans ce pays.
L’on se rappelle de l’opération «Tempête du désert» communément appelée Guerre du Golfe, lancée le 17 janvier 1991 par les EtatsUnis contre le régime de Sadam Hussein. Ce dernier avait envahi le Koweït. Le Président Abdou Diouf avait dépêché un contingent composé de centaines de soldats en Arabie Saoudite.
Le crash d’un avion transportant des militaires sénégalais de retour d’un pèlerinage à la Kaaba avait fait 92 morts et plusieurs blessés. Mais, cette décision risque de provoquer une fracture avec Téhéran. Car l’Iran soutiendrait les rebelles qui ont renversé le pouvoir à Sana.
Questions autour d’une diligence
Par ailleurs, cette diligence du chef de l’Etat sénégalais à répondre à la demande saoudienne risque d’avoir un effet sur les relations diplomatiques avec certains pays africains qui mènent actuellement la guerre à des sectes islamistes comme Boko Haram.
Dakar a évité d’engager son armée dans le contingent de 7500 soldats retenus par l’Union africaine pour combattre Boko Haram au Nigeria et au Cameroun.
Au début de la crise malienne, le Président sénégalais avait refusé d’envoyer un bataillon, arguant que son armée est «très sollicitée par la Communauté internationale», alors qu’elle doit répondre à des obligations intérieures en matière de sécurité.
Finalement, il a autorisé le déploiement de 640 soldats et de quelques centaines de gendarmes et de policiers. Macky Sall n’avait pas non plus donné une suite à une demande d’envoi de troupes sénégalaises en Centrafrique. Ce n’est que récemment que 140 policiers casques bleus sénégalais ont été déployés à Bangui.