''LES PÔLES URBAINS SERONT DES VILLES ET NON DES CITÉS DORTOIRS ''
SEYDOU SY SALL, DELEGUE GENERAL A LA PROMOTION DES POLES URBAINS DE DIAMNIADIO ET DU LAC ROSE

Le délégué général à la Promotion des pôles urbains de Diamniadio et du lac Rose, Seydou Sy Sall, a affirmé que les promoteurs et les développeurs privés construiront 17.000 logements sur le site de Diamniadio. Il a dressé la liste des mesures visant à faciliter la réalisation de ces pôles urbains. M. Sall a abordé, au cours de cet entretien, la nouvelle approche dans la politique de construction des logements sociaux. Cette politique de construction met en avant l’aménagement. Il a assuré que ces nouveaux pôles urbains centrés sur la création de richesses et d’emplois réserveront une grande place aux activités économiques et sociales.
Vous êtes le délégué général à la Promotion des pôles urbains de Diamniadio et du lac Rose. Quelles sont vos missions ?
Je vous remercie de me donner l’occasion d’exposer à vos lecteurs la mission que son Excellence M. Macky Sall, président de la République, a bien voulu me confier en me nommant délégué général à la Promotion des pôles urbains de Diamniadio et du lac Rose.
Le chef de l’Etat et son gouvernement ont fait le constat que le Sénégal est confronté, depuis plusieurs décennies, à l’engorgement du Plateau de Dakar et à la congestion de la presqu’île qui compromettent les efforts de développement de la zone métropolitaine dakaroise.
Cette situation, à la fois complexe et persistante, a non seulement un impact négatif sur la qualité de vie des habitants de la capitale, mais constitue également une entrave au développement de l’activité économique.
Mais, si la région de Dakar étouffe à cause d’une urbanisation peu bien maîtrisée, l’intérieur du pays, notamment le triangle supérieur nord, au-delà de la diagonale Richard-Toll-Linguère-Tambacounda-Kédougou, où se trouve une bonne partie des régions de Louga, Matam, Tambacounda, Kédougou et Kolda, accuse un déficit d’urbanisation qui est préjudiciable à son envol économique.
C’est la raison pour laquelle il a paru urgent, pour le président de la République, d’initier un vaste programme de création de pôles urbains dans le cadre de sa politique d’aménagement régional et de développement territorial.
Cette politique s’appuie sur deux leviers : canaliser l’urbanisation de la région de Dakar par l’aménagement sans délai de Diamniadio et de la zone aux alentours du lac Rose et développer des pôles urbains dans les pôles territoires à l’intérieur du pays.
Il s’agit d’une politique à la fois multisectorielle, donc interministérielle, et multi-partenariale. La Délégation générale qui est chargée de sa mise en œuvre a pour missions d’assister le chef de l’Etat dans la définition de la politique d’aménagement et de promotion des pôles urbains de Diamniadio et du lac Rose et de coordonner la mise en œuvre de la politique définie par le président en la matière.
Pouvez-vous revenir, avec plus de détails, sur les missions de la Délégation générale à la Promotion des pôles urbains de Diamniadio et du lac Rose ?
De manière pratique, la Dgpu est chargée, en relation avec les ministères et structures publiques concernés, d’entreprendre les études d’aménagement, d’urbanisme et d’environnement et les études de faisabilité technique et financière ou juridique, ainsi que les montages financiers ou juridiques. Notre mission va au-delà des études, car nous faisons réaliser les travaux d’aménagement et d’équipement en infrastructures indispensables au développement des pôles urbains.
L’attribution et la commercialisation des terrains titrés, aménagés et équipés, de même que la préservation et la sécurisation physique et juridique des emplacements réservés aux équipements de superstructure publics et aux paysages font également partie de nos missions.
Il s’agit surtout, pour nous, de faciliter la réalisation des projets d’investissement de toutes sortes, dans nombre de secteurs (commercial, industriel, universitaire, administratif), d’initier et de conduire toutes opérations d’aménagement dans les périmètres d’intervention.
Du reste, parce que l’innovation est au cœur de ce vaste programme, il nous est donné la possibilité de proposer toute réforme portant sur la création d’instruments juridiques ou financiers facilitant l’accélération de la réalisation de ces pôles.
La tâche est certes colossale, mais elle est à la portée de la Délégation si elle arrive à s’appuyer durablement sur l’ensemble de ses partenaires, notamment l’administration, les collectivités locales environnantes, le secteur privé, les professionnels du développement territorial et les usagers de ces villes nouvelles.
En fait, l’intercommunalité et la montée en puissance des préoccupations écologiques rendent nécessaire une nouvelle approche de l’aménagement urbain. Il s’agit de réhabiliter le métier d’aménageur dont la mission est de bâtir les villes et les quartiers de demain en harmonie avec l’environnement. Car l’acte d’aménager est préalable à l’acte de construire. Aussi, il faut savoir que dans ce pays, l’acte d’aménager a trop longtemps été confondu avec l’acte de construire.
Ce sont deux actions complémentaires et vitales, parce que l’homme a besoin de se loger et d’abriter ses activités économiques et sociales, mais ce sont deux activités différentes. L’acte d’aménager consiste à mettre en forme toutes les conditions nécessaires à la conception et à la réalisation des paysages et formes urbaines qu’elles soient de l’ordre des infrastructures (aménagement des sols, organisation et gestion des paysages créés par l’homme) ou des superstructures (organisations spatiales de tout ce qui est bâti).
L’acte de construire consiste, dans les politiques, réglementaires et techniques établis, à répondre aux besoins de construction exprimés par les citoyens et les acteurs économiques.
Quel regard portez-vous sur les premiers projets du pôle urbain de Diamniadio ?
Aujourd’hui, je peux vous affirmer que les travaux de construction des logements ont démarré sur le site. Il suffit de passer par l’autoroute à péage pour s’en rendre compte. Le plan d’aménagement est validé par le président de la République.
Il couvre environ une superficie de 2.000 ha avec un programme prioritaire sur la période 2014-2017ougermedevillesur 700 hectares. Pour le volet logement, des développeurs et des promoteurs privés ont été sélectionnés afin de réaliser 17.000 habitations à Diamniadio dans les trois années à venir.
Est-ce qu’il y a d’autres aspects qui sont pris en compte dans la réalisation de ces pôles urbains ?
Je dois dire qu’en réalité, l’activité a réellement commencé, depuis le mois de mars 2014, par la conception d’abord du plan d’aménagement du pôle urbain de Diamniadio, ensuite par les études de reconnaissance géotechniques des sols et celles sur la voirie et les infrastructures sur la zone prioritaire de 700 ha qui constitue le germe de ville.
Mais, le démarrage ne concerne pas seulement le volet logement. Puisque la création des pôles urbains de Diamniadio et du lac Rose, en parfaite cohérence avec la politique de développement territorial et du Plan Sénégal émergent, est surtout marquée par le souci de redéploiement des activités dans le triangle territorial Diamniadio-Thiès-Mbour.
Des centres d’affaires, des centres commerciaux, des hôtels de grand et moyen standing, un grand shopping Mall, un parc des services et d’activités pour la petite industrie et les artisans y seront également réalisés par les développeurs et promoteurs privés.
Après notre nomination, nous avons mis en place une équipe pour la conception d’une ville à bâtir sur le principe de la mixité urbaine, sociale et professionnelle qui articule l’activité et le logement dans une démarche d’intégration à toutes les échelles d’aménagement, depuis l’arrondissement urbain (400 à 500 ha), à l’unité de voisinage ( 9 ha) en passant par le quartier (30 à 50 ha).
Je voudrais mettre l’accent sur quelques projets qui montrent à suffisance que le pôle urbain de Diamniadio, par exemple, est centré sur l’activité créatrice de richesses et d’emplois.
Pour la deuxième Université de Dakar qui sera réalisé à Diamniadio par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, les assiettes foncières sont déjà mises à disposition, les études d’aménagement et architecturales, sous l’égide des autorités dudit département, sont terminées et une entreprise sénégalaise a gagné le marché de construction à travers un appel d’offres. Il en est de même pour la Cité du savoir.
Je pourrai évoquer les sphères ministérielles qui vont abriter une douzaine de ministères, le Parc industriel, initié par le département de l’Industrie et des Mines, qui sera érigé en zone franche industrielle, le Grenier de Diamniadio qui sera implanté dans la zone logistique, de même que le Marché d’intérêt national avec le ministère du Commerce et la Chambre de commerce, d’industrie et de l’artisanat, le Vaccinopole, le train express Dakar-Aibd en passant par Rufisque, Bargny, Diamniadio, Sébikhotane. Ce sont là quelques opérations, et non des moindres, qui montrent que les pôles urbains seront de véritables villes et no
Comment se fera le financement de la promotion des pôles urbains ?
C’est une excellente question, car chaque fois qu’il s’agit de financer un programme d’aménagement urbain, le regard est à priori dirigé vers les investissements publics. Mais s’agissant des pôles urbains qui requièrent de gros investissements, le président de la République a défini une politique de financement de l’aménagement de celui de Diamniadio reposant sur deux axes : l’Etat assure le financement des infrastructures structurantes publiques à l’échelle de la ville, c’est-à-dire le macro-aménagement ; le secteur privé prend en charge le financement des logements et des équipements marchands à travers le concept de « développeur territorial ».
Et pour nous, un développeur a trois qualités. Il est à la fois un promoteur immobilier, un investisseur sur une vaste échelle territoriale épousant un quartier et un aménageur prenant en charge les infrastructures desservant ses logements et équipements marchands.
Il réalise, sur la base de ses propres financements, les équipements en infrastructures ceinturant le quartier qui lui est attribué et les infrastructures desservant directement les logements et ses équipements marchands. Doté de cette triple qualité, le développeur se présente ainsi en professionnel qui inscrit son action dans une perspective globale et à long terme.
C’est vrai comme vous le dites, notre mission semble un travail d’Hercule. Mais, pour nous, il s’agit d’un challenge à relever grâce au dynamisme reconnu au secteur privé.
Vous semblez optimiste sur l’engagement des développeurs à mobiliser les financements escomptés...
Je suis persuadé que les développeurs et les promoteurs privés jetteront toutes leurs forces dans la mobilisation des financements, parce que le régime fiscal, financier et notarial qui vient d’être adopté par le président de la République et son gouvernement en faveur du logement social dans les pôles urbains de Diamniadio et du lac Rose va créer, dans ces deux territoires, un environnement très favorable à l’investissement.
En effet, ce régime repose sur deux piliers : d’une part, la mise à disposition du foncier dans des conditions douces aux développeurs et promoteurs de logements sociaux et d’activités et, d’autre part, l’institution d’un régime fiscal, financier et notarial préférentiel au profit du logement social.
Ce régime fiscal préférentiel se décline comme suit : une exonération de moitié de l’impôt sur les sociétés pendant la durée du programme immobilier social et dont le point de départ serait, pour tout programme de construction et d’aménagement, la date d’obtention, par le développeur ou le promoteur, de toutes les autorisations nécessaires au démarrage des opérations ; une suspension de la taxe sur la valeur ajoutée (Tva) transformée en exonération à la fin de l’exercice,
si les états financiers sont tenus correctement et certifiés ; une réduction de moitié des droits d’enregistrement pour les investisseurs développeurs et des droits de mutation-acquisition à 1 % pendant 5 ans pour les acquéreurs ; une exonération de la taxe sur les affaires financières, les intérêts et commissions sur prêts consentis aux personnes physiques pour la construction et l’acquisition de locaux à usage d’habitation principale, lorsque la valeur hors taxes des constructions ne dépasse pas 20 millions de FCfa.
S’agissant des frais d’actes notariés, la Chambre des notaires vient d’adopter une mesure qui les plafonne à 150.000 FCfa l’une et de 2,5 % de la valeur du logement économique négocié avec l’Ordre des architectes pour le logement social réalisé dans les deux pôles urbains de Diamniadio et du lac Rose.
Quelles appréciations les partenaires ont-ils de la promotion des pôles urbains ?
La réponse à cette question renvoie à l’accueil et aux conditions de négociation du Plan Sénégal émergent (Pse) puisque les pôles urbains de Diamniadio et du lac Rose en sont des parties intégrantes, et de nombreux projets du Pse y seront réalisés. Dans l’ensemble, le Pse a été très bien accueilli par la communauté financière internationale comme vous le savez, et ce fut un éclatant succès diplomatique et financier pour le Sénégal.