‘’NOUS NÉGOCIONS UNE DATE DE LIVRAISON LA PLUS PROCHE DE DÉCEMBRE 2015’’
ABDOULAYE MBODJ, DG AEROPORT INTERNATIONAL BLAISE DIAGNE DE DIASS (AIBD)

Avec un taux d’avancement des travaux de 85 %, l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) de Diass est dans la dernière phase de réalisation. Son directeur général, Abdoulaye Mbodj, fait le point sur les travaux et sur les capacités et enjeux de cette infrastructure attendue pour faire du Sénégal un hub aéroportuaire.
Etat d’avancement des travaux
« Aujourd’hui, comme vous le voyez, depuis qu’on a fait la dernière situation, on était à un taux d’avancement des travaux de 85 %. Mais, il faut comprendre aussi que les finitions demandent beaucoup plus de monde parce que c’est du détail, un travail soigné. Voilà pourquoi nous pensons qu’il n’y a pas assez d’équipes pour cette finition.
La dernière date de livraison qui est donnée par l’entreprise, c’est décembre 2015 mais nous, Aéroport international Blaise Diagne (Aibd), nous pensons qu’avec le rythme actuel, nous risquons d’avoir encore un glissement.
C’est pourquoi nous sommes en négociation avec l’entreprise pour mieux fixer cette date que nous souhaitons être, le plus possible, proche de décembre 2015. Tout est là mais, du point de vue finition, il y a encore de la matière. »
Voies de liaison
« L’Aibd sera, demain, au cœur de l’ensemble des artères qui sillonnent le Sénégal. Vous avez l’autoroute Dakar-Aibd qui est en phase de finalisation, il sera complètement achevé en août 2016. Il y a aussi l’autoroute Aibd-Somone-Mbour dont la première phase qui va jusqu’à la Somone sera terminée en décembre 2015 et le reste, évidemment, se poursuivra. Le prolongement de cet axe jusqu’à Kaolack est prévu.
Il y a aussi l’autoroute Aibd-Thiès-Touba, plus connu sous le nom de l’autoroute Ila Touba, dont la pose de la première pierre a été faite. Vous pouvez constater que toutes ces autoroutes débouchent sur l’Aibd. Il s’y ajoute le Train express régional qui va relier Dakar à l’Aibd pour le transport en grande masse. Du point de vue connectivité, tout a été fait pour avoir un aéroport très facilement accessible de toutes parts. »
Accord avec les populations affectées récalcitrantes
« Là, c’est un point hautement positif. Ces populations, depuis le démarrage du projet en 2001, n’ont jamais accepté de se déplacer. Il a fallu user de toutes les possibilités. Nous avons fait venir ici les sages, en la personne de Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, porte-parole de la famille tidiane, pour s’entretenir avec ces populations.
Nous avons fait appel à l’ensemble des organisations des droits de l’homme comme la Raddho, le Comité sénégalais des droits de l’homme, le Forum civil, etc. Nous avons fait appel aux députés. Et, fort heureusement, sous la médiation du Forum civil et de la Commission urbanisme habitat et transports, nous avons pu trouver un accord avec les populations.
Cela a été un baume au cœur pour tous les partenaires dans ce projet, qu’ils soient Sénégalais ou étrangers. C’est, en réalité, une épine que nous avions au pied. D’ailleurs, la première échéance, c’est le 31 mai 2015.
Les populations qui étaient impactées par les travaux sur le périmètre au rond point nord vont se déplacer. Un peu plus tard, nous allons commencer la construction du mur de l’autoroute. Là également, il y a des concessions qui étaient impactées et leurs occupants vont quitter le 31 mai.
Le reste du village de Késokhat a jusqu’en octobre pour libérer totalement cette zone de 4 500 hectares. Voilà pourquoi je pense que cela a été un accord salutaire pour Aibd et pour tout le Sénégal. »
Transfert des agents de l’Aéroport Léopold Sédar Senghor à l’Aibd
« Le Premier ministre a mis en place un comité de transfert au niveau national. Celui-ci comprend beaucoup de départements ministériels. Récemment, à Saly, s’est tenue la première réunion de ce comité de transfert. Ce comité aura à réfléchir sur l’ensemble du processus de transfert de Léopold Sédar Senghor (Lss) vers l’Aibd. Il y a des aspects techniques, mais aussi des aspects sociaux.
Les aspects techniques sont, de façon générale, facilement maîtrisés. Sur les aspects sociaux, il est évident qu’il y aura un dialogue social avec les partenaires qui sont aujourd’hui autour de la plateforme. D’ailleurs, ces partenaires seront associés à ce comité de transfert et il s’agira, pour l’essentiel, de voir dans quelle mesure on pourra prendre les employés de Lss et les transférer vers l’Aibd. »
Equipements
« Nous avons 44 comptoirs pour les enregistrements. Pour l’arrivée, nous avons 10 box police d’un côté et 10 de l’autre. Nous avons aussi 4 carrousels, avec la possibilité d’en ajouter un cinquième, les équipements de la douane. Il y a, en plus, la salle d’attente Vip. Complètement à l’opposé, nous avons les restaurants, la partie box des compagnies, les parkings payants, etc. L’aéroport a 3 passerelles télescopiques avec 6 positions. La différence avec Lss, c’est qu’aujourd’hui, nous avons des passerelles télescopiques à l’image de ce qui se fait partout dans le monde.
A partir de la zone Départ, le passager emprunte les passerelles télescopiques pour aller rejoindre les aéronefs. Ces passerelles sont disposées de manière symétrique. Il y a des zones de commerce pour permettre aux gens de faire, s’ils le désirent, des courses pendant l’attente.
Même le trafic transit a accès à cette zone. L’objectif, c’est de faire en sorte que les taxes extra-aéroportuaires augmentent pour la gestion aéroportuaire et que les taxes aéroportuaires diminuent, comme l’a prévu le président de la République. C'est-à-dire faire en sorte que le prix du billet d’avion diminue et que nous ayons beaucoup plus de touristes et de trafic vers le Sénégal ».
Piste de l’Aibd
« Nous avons une piste de 3,5 km de long sur 75m de large. Elle est dimensionnée pour recevoir l’A380, le plus gros aéronef au monde. La différence avec la sous-région, c’est que nos voisins agrandissent leurs pistes. Ici, la piste a été, dès le départ, dimensionnée pour cela. Et en même temps, vous avez un taxiway parallèle de mêmes dimensions mais avec sept sorties de pistes. Contrairement à Lss où vous avez une seule sortie de piste.
Ainsi, un avion qui atterrit peut rapidement faire une sortie de piste et permettre à un autre d’atterrir. En termes de capacité de la piste, cela va nous permettre d’aller jusqu’à huit à dix millions de passagers sans pour autant avoir besoin d’une autre piste. Nous avons la possibilité, si ce nombre de passagers est atteint, de construire de l’autre côté de la tour de contrôle une autre piste, avec les mêmes dimensions.
Notre piste est dimensionnée selon les normes américaines. Je précise que le balisage est normée selon l’Ils catégorie 2. C’est la première piste du genre dans l’espace Asecna. N’oubliez pas que le président Wade est descendu ici. Et le secteur est favorable puisque les couches de base et même parfois les fondations de nos routes nationales sont faites à partir du matériau que nous avons, la latérite qu’on trouve sur l’ensemble de ce terrain.
Certes, au départ, il y avait quelques cavités, mais celles-ci ont été complètement bouchées. L’aéroport n’a pas que des adeptes. Il a aussi des pourfendeurs. On parlait à l’époque d’éléphant blanc mais, aujourd’hui, cet éléphant blanc est devenu complètement noir ».
Sapeurs pompiers et militaires
« De façon générale, les soucis notés dans le secteur aéroportuaire se déroulent lors de l’atterrissage et du décollage. Le bâtiment dédié aux sapeurs pompiers est situé de sorte que, dès qu’il y a incendie sur un aéronef, le temps mis entre la caserne et l’appareil soit tout au plus de trois minutes. Le bâtiment est à côté de la piste. Il y a aussi une très importante partie qui est dédiée aux militaires. Je pense qu’ils y seront véritablement à l’aise ».
Fret
« Nous avons aussi un magasin fret construit en interne qui a une capacité de 50 000 tonnes. La particularité ici, c’est que la zone économique spéciale est juste adossée à l’aéroport. Nous avons prévu un village cargo dans la zone économique spéciale où tous les Africains seront installés. Il y a une jonction avec l’aéroport. Le magasin est juste un relais pour permettre de charger les camions. Il y a deux positions de cargo devant le magasin. »
Hub
« Nous avons prévu, en Partenariat public-privé (Ppp), deux hôtels. Il y a aussi un centre de maintenance. C’est important, car nous sommes en compétition avec la sous-région pour gagner la bataille du hub. Nous serions nuls si nous ne gagnons pas cette bataille du hub parce que, naturellement, nous avons des atouts. Le Sénégal est la partie la plus avancée de l’Afrique occidentale. Du Sénégal vers l’Europe, l’Amérique du Sud, l’Amérique du Nord, l’Afrique australe et le Moyen-Orient, vous avez entre sept à huit heures de vol. C’est comme si c’était planifié.
Pour gagner cette bataille du hub, il ne faut pas négliger les autres destinations, surtout avec Abidjan et Accra qui se positionnent. Tous sont en train de reprendre leurs aéroports. Pour ce faire, il nous faut quatre éléments essentiels : une gestion moderne, optimale, efficace permettant de gagner et non pas perdre de l’argent. Il faut également un pavillon national parce qu’un hub c’est comme une roue de bicyclette.
Il nous faut donc ce pavillon national pour drainer tout le trafic de la sous-région vers cet aéroport pour ensuite mettre les passagers à l’international. Certes, le pavillon national est dans un piteux état mais le président de la République est en train de tout faire pour le redresser. Je crois que nous y arriverons parce que c’est indispensable pour le dispositif que nous voulons mettre sur place à l’Aibd.
Le troisième élément, et c’est là où l’on veut véritablement faire la différence, c’est le centre de maintenance aéronautique qui existait déjà du temps d’Air Afrique et où des compétences et une clientèle potentielle existent. Comme les hôtels, il sera fait en Ppp pour soulager notre budget. Les réparations aéronautiques, c’est 100 milliards de dollars de marché par an.
L’aviation est le seul secteur où lorsqu’il y a tant d’heures de vol, obligatoirement, vous allez en entretien. Ce sont des normes de sécurité et de sûreté internationales. Il y a donc un marché à prendre. Selon des études préliminaires, le budget pour ce centre est estimé à 35 milliards de FCfa.
Cependant, nous ne nous sommes pas encore engagé à faire venir des gens parce que nous voulons leur montrer d’abord ce dont nous sommes capable. L’aéroport devra faire partie de l’attraction pour le secteur privé qui devra investir.
Pour le dernier élément, il faut savoir que toutes ces infrastructures sont à la pointe de la sécurité, par conséquent, elles ont besoin d’individus hautement qualifiés, de gens formés et experts dans leurs domaines respectifs.
C’est pourquoi il faut un institut de formation aux métiers aéroportuaires. Cet institut, heureusement, a été réglé avec l’Université de Dakar II à Diamniadio. Cette université, située à dix minutes d’ici, a pris cet aspect en compte grâce à sa faculté de Sciences avancées. Avec ce package de quatre éléments majeurs, nous allons gagner la bataille du hub aérien dans la sous-région.
En dépit de l’avance, il faut le reconnaître, qu’a Abidjan aujourd’hui. »
Fraport
« Le cas Fraport constitue un point un peu sombre. Le business plan du début a été touché par les mesures sur le tourisme et le billet d’avion prises par le président de la République. Les projections étaient, au début, rentables. Ce qui n’est plus le cas avec ces mesures.
Il faut préciser que la Rdia (Redevance de développement des infrastructures aéroportuaires) n’est pas concernée. Cette taxe est destinée exclusivement au remboursement de l’emprunt qui a été contracté auprès des bailleurs de fonds pour financer l’infrastructure. Le fonds est versé dans un compte séquestré et en dehors de l’Aibd. »