BUHARI, SEPTUAGÉNAIRE 2.0
Ouestafnews - Le Nigeria vient d’installer à sa tête un président septuagénaire certes, mais très au fait des enjeux du web 2.0, au point de citer à deux reprises les acteurs des « médias sociaux » dans son discours d’investiture prononcé le 29 mai 2015 à Abuja.
Agé de 72 ans et venu au pouvoir à la suite d’une élection démocratique, Muhammadu Buhari, dans son discours a laissé entrevoir l’importance qu’il accorde aux médias et réseaux sociaux, autant dans sa victoire que dans la stratégie de son gouvernement à venir.
A ces nouveaux outils qui font paniquer nombre de personnes de sa génération, le président nigérian accorde une grande importance, parfois la même que celle accordée aux médias traditionnels.
Ainsi dans sa liste de « remerciements », il s’est évertué à ne pas oublier « ceux qui ont animé, sans relâche, la campagne sur les médias sociaux.»
Plus révélateur encore, en lançant un appel aux acteurs clés sur lesquels il compte s'appuyer pour gouverner le pays, le nouveau président à mis en exergue les médias sociaux, leur accordant la même place qu'à la presse traditionnelle.
SelonBuhari, « la presse nigériane est une des plus dynamiques d’Afrique. L’appel que je lance aux médias aujourd’hui - et l’appel s’adresse aussi aux réseaux sociaux - c’est d’exercer son pouvoir extraordinaire avec responsabilité et patriotisme ».
Pour mieux comprendre l’enthousiasme du nouveau chef d’Etat nigérian pour le web 2.0, Ouestafnews a essayé d’en savoir plus sa présence sur les réseaux et médias sociaux.
Un clic sur le compte Twitter de Buhari, permet de comprendre la perception positive que ce dernier à des réseaux sociaux. La page personnelle du président Buhari, investi le 29 mai 2015, compte déjà 285 605 abonnés.
Fait révélateur: chacun des ces « tweets » fait l’objet en moyenne d’une centaine « retweets » (partage), d’où une dissémination de l’information et dénote au passage une grande réceptivité des internautes par rapport à ses messages.
Durant la campagne, le All progressive Congress le parti de Buhari et ses partisans ont fait grand usage des réseaux sociaux. Ainsi « Buhari volonteers », un compte Twitter créé pour sonner la mobilisation autour du candidat compte 413 000 abonnés, alors que la page Facebook recueille elle 211.000 abonnés.
Le profil des abonnés, passé en revue par Ouestafnews compte toutes les classes d’âge et catégories socioprofessionnelles, allant des journalistes aux acteurs de la société civiles en passant par les sportifs de haut niveau.
On constate aussi le présence d’abonnés issus d’autres pays africains, à coté d’une multitude d’ONG et de cabinet d’affaires internationaux.
Partisan et camarade de Buhari au sein de l’APC, Bola Ahmed Tinubu, ex-gouverneur de l’Etat de Lagos, compte 122.458 abonnés sur Twitter. Autre membre de l’APC, l’ancien vice-président, Abubukar Attiku en recueille plus de 300.000 sur le même réseau social.
L’importance des réseaux sociaux est bien comprise dans les pays anglophones d’Afrique, où les gouvernants en usent abondamment contrairement aux pays francophones qui semblent accuser un retard, comme le constatent les experts du domaine.
Dans un entretien avec Ouestafnews, le consultant en TIC et nouveaux médias,, Mountaga Cissé, estimait que cela est peut être dû au fait que « la plupart des outils technologiques, Twitter y compris, nous viennent des pays anglo-saxons ».
D’après certaines études, « culturellement, les anglophones sont plus friands de nouveautés technologiques et les adoptent plus facilement», estimait le consultant basé à Dakar.