‘’LE SÉNÉGAL N’EST PAS À L’ABRI’’
MENACE TERRORISTE
Perçu comme un îlot sûr dans un océan d’instabilité, le Sénégal n’est pas néanmoins à l’abri des attaques terroristes vu sa position géographique et les frontières qu’il partage avec des pays qui font face au terrorisme. C’est la conviction du Réseau ouest-africain pour la paix (Wanep).
La proximité du Sénégal avec un espace secoué par l’infiltration de réseaux terroristes était hier au cœur des débats lors d’un panel organisé à la Fondation Konrad Adenauer. Lors des discussions, la plupart des intervenants sont convaincus que le Sénégal n’est pas à l’abri du terrorisme vu sa position géographique et les frontières qu’il partage avec certains pays comme le Mali et la Mauritanie qui font face à ce problème.
Ce qui fait dire à certains participants à ce panel qu’ «on ne peut pas isoler le Sénégal du reste de la sous-région ouest-africaine». D’après eux, «régler le problème du terrorisme et se mettre à l’abri revient donc à trouver une solution quelque part au Mali au Niger au Tchad».
Selon Tidiane Kassé, modérateur de ce panel, si on ne le fait pas, «on ne trouvera pas la solution au Sénégal». «Il y a une exigence de solidarité, on ne pas résoudre cette question en ne la posant pas sous son rapport Europe-Afrique, Etats Unis-Afrique», a-t-il dit.
A l’en croire, la sous-région ouest-africaine est en train de se militariser. Il s’agit donc aujourd’hui, d’étudier la question pour savoir où s’arrêtera cette militarisation. «L’Afrique, c’est un continent qui a des ressources : quel est le mécanisme que d’autres pays essayent d’instrumentaliser pour créer une instabilité, pour essayer de pouvoir en profiter ?», s’est-t-il interrogé.
A l’en croire, si on pose l’argument économique, il ne peut pas être seulement local mais aussi international. «Les questions foncières, d’accaparement des terres qui créent des frustrations, des révoltes, il y a toute une problématique des relations internationales qu’il faut poser. Il ne faut pas seulement la poser au plan politique mais au plan du regard culturel et de la manière dont on perçoit nos pays», a-t-il fait savoir.
Les panélistes ont aussi abordé, lors de cette rencontre, la situation socio-économique qui peut favoriser le recrutement de ces groupes terroristes auprès des populations jeunes qui peuvent être des proies faciles.
Ainsi, pour Ibrahima Diallo, l’un des panélistes, il y a des pistes sur lesquelles il faut s’appuyer pour lutter ou prévenir ce problème. Selon lui, il faudra lutter contre la pauvreté, les relations sociales tendues qui fragilisent les familles, l’accaparement des terres qui créent des frustrations.
Le dialogue religieux, la cohésion sociale : rempart contre le terrorisme Intitulé Fondamentalisme religieux extrémisme violent : menace sur le Sénégal, le thème de ce panel a permis de se pencher sur la question du dialogue interreligieux qui, de l’avis des panélistes, devrait être favorisé pour faire face au terrorisme.
Selon eux, la cohésion sociale, le dialogue entre les religions et le renforcement des confréries peuvent servir de rempart à notre pays pour lutter contre le terrorisme. Selon l’islamologue, Ahmadou Kanté, l’un des leviers de la stabilité du Sénégal c’est la religion. D’après lui, il y a de grandes figures religieuses qui se sont affirmées et qui ont travaillé à la cohésion sociale.
Le théologien Wilfried Okambawa, qui pense qu’il y a une instrumentalisation de la religion pour régler des problèmes politiques, soutient qu’il faut un «consensus» pour que les communautés puissent vivre ensemble en instaurant le dialogue et un rapprochement entre elles.
D’après lui, il faut «la compréhension de l’autre, se mettre à l’écoute de l’autre dans le respect de sa dignité et de sa différence».
«Il y a beaucoup de frustrations dues à la modernisation que nous avons à gérer, les changements culturels, le déracinement de l’être humain (...) La raison critique seule ne pourra pas régler les choses, il faut y associer l’amour qui permet d’accepter l’autre en entrant en dialogue avec lui», a-t-il dit.