LES PYROMANES POMPIERS
Les Parlements rivaux libyens sont en quatrième session de négociations au Maroc pour tenter de trouver une solution de sortie de la guerre civile qui mine le pays depuis la chute du régime Kadhafi en 2011.
Le projet d'accord en discussion prévoit notamment la formation d'un gouvernement d'union nationale et la désignation d'un Premier ministre pour un an, le temps de stabiliser et de sécuriser le pays.
Une discussion sous aval de l’Onu qui, après avoir donné son feu vert pour déstabiliser et éliminer le régime Kadhafi, il y a quatre ans, tente, depuis des mois, de trouver un compromis pour la formation d'un gouvernement consensuel avant le début du ramadan, période propice pour le djihadisme.
L’avancée du groupe Etat islamique (EI) commence à inquiéter profondément les pays européens depuis la prise de la base aérienne d'Al-Qardabiya et le contrôle de l'aéroport de Syrte, de sa région et le flux incontrôlé des émigrés sur l’Italie.
En plus de la position stratégique de Syrte, l’Ei, en alliance avec des partisans de l'ex-régime de Mouammar Kadhafi, a la mainmise sur 80% des réserves de pétrole du pays lui garantissant des ressources financières à même de lui permettre d’une main, de mieux faire la guerre et de l’autre, de tenir l’économie et le social.
l’Onu ne s’attendait pas à un tel retournement de situation lorsqu’elle donnait son aval pour une zone d’exclusion aérienne en violation de la souveraineté d’un pays indépendant et qui avait servi de prétexte aux pays occidentaux pour bombarder les positions du gouvernement légitime de Mouammar Kadhafi et épauler la rébellion pour faire tomber le régime.
Sous la dénomination de rébellion née dans le sillage du printemps arabe en Tunisie, se cache une association d’éléments hétéroclites aux intérêts divergents, parmi lesquels d’anciens proches déchus du colonel Kadhafi, des partisans d’un retour de la monarchie senoussie et des tenants de l’instauration d’un islam radical encadrés par des milieux politico financiers liés au pétrole.
Le guide de la Jamahiriya minutieusement exécuté, les factions extrémistes, par la violence et la terreur ont orienté le pays dans le sens de leurs objectifs.
Signe de leur manque de programme politique et sociale, une fois arrivé au pouvoir avec l’appui des forces occidentales, la première décision du Conseil Nationale de Transition (CNT) par la voix de son président Moustapha Abdel Jalil, a été à la face du monde médusé, que la guerre ayant fait beaucoup de veuves, la polygamie bannie sous Kadhafi a été réinstaurée et de souligner l’orientation islamique de son régime.
Un risque islamiste qui était connu pour cette région est, fief du monarque sénoussi Idris et qui s’est toujours montré rétif à accepter la domination de la Tripolitaine et l’autorité du colonel Kadhafi tombeur du Roi en 1969. Les Frères musulmans surfent sur cette ambiance et les manifestations d’humeur y prennent une tournure violente à la moindre occasion.
Cette région rebelle renferme le plus grand nombre de vétérans djihadistes d’Afghanistan et d’Irak et qui se sont reconvertis dans la contrebande et le transfert des clandestins en Europe : Une épée de Damoclès dont se servait Kadhafi pour négocier un financement d’un milliard d’euros par an avec l’Europe pour les empêcher d’envahir le vieux continent.
Ce cocktail explosif n’a pas échappé aux responsables égyptiens, algériens et italiens qui, réunis au Caire, ont apporté leur soutien aux tractations pour la stabilisation du pays. L'Italie relevant qu'un accord entre factions permettrait de juguler le flux de migrants quittant les côtes libyennes pour rejoindre l'Europe.
L'Egypte redoutant que les milices djihadistes qui occupent une partie de l'est de la Libye, en particulier celles affiliées au groupe EI, ne mettent en péril sa frontière occidentale, la forçant à ouvrir un second front, alors qu’elle a suffisamment à faire au Sinaï face à un groupe très actif qui a fait allégeance à l'EI.