SALE TEMPS POUR LA PRESSE
LAURENT CORREAU DE RFI EXPULSÉ MANU MILITARI DU TCHAD
Le journaliste français, Laurent Correau, n’a pas terminé sa mission à N’Djamena. Venu pour une série de reportages sur les préparatifs du procès de l’ancien chef de l’Etat tchadien, Hissein Habré, l’envoyé spécial de Rfi à N’djamena, a été expulsé manu militari par les autorités locales, mardi soir.
La mission de Laurent Correau, reporter à Radio France internationale (Rfi), au Tchad a été écourtée hier. Le journaliste de Rfi, arrivé à N’Djamena le jeudi 18 juin dernier avec un groupe de journalistes européens et africains pour les besoins d’une série de reportages sur les préparatifs du procès de Hissein Habré à Dakar, est victime d’une mesure d’expulsion du gouvernement tchadien.
Laurent Correau et Reed Brody giflés «Deux agents de la police tchadienne de l’air et des frontières ont débarqué à l’hôtel hier (Ndlr : mardi 23 juin 2015) vers 22 Heures, au moment où nous étions au restaurant. Ils étaient habillés en djellaba et détenaient des badges. Ils ont dit à Laurent qu’ils devaient le conduire à l’aéroport de N’Djamena. Laurent leur a demandé de montrer le document qui justifiait leur descente, ils n’en avaient pas par devers eux. Laurent parlait au téléphone et ils lui ont demandé d’arrêter. Ils nous ont montré leurs badges. C’est quand je me suis mis à photographier le badge de l’un d’entre eux que j’ai reçu une gifle», explique Reed Brody, porte-parole de Human rights watch (Hrw).
«Il (Laurent Correau) a résisté et a cherché à s’interposer, on l’a giflé», poursuit Reed Brody. «On a appelé pour saisir nos contacts, des autorités, des ambassadeurs ; j’ai parlé au ministre tchadien de la Communication. Comme le temps passait, les policiers tchadiens, n’en pouvant plus d’attendre, disaient que l’avion qui doit convoyer Laurent allait décoller. Sur ce, ils l’ont conduit à l’aéroport de N’Djamena» sans ses lunettes qu’il a perdues lors de l’incident, détaille le responsable de Human rights watch.
L’ambassadrice de France empêchée de s’approcher de Correau
Ce dernier contactera l’ambassadrice de France au Tchad pour l’informer de la surprenante descente des policiers tchadiens qu’ils venaient de vivre. Cette dernière se rendra par la suite à l’aéroport de N’Djamena pour s’enquérir de la situation de Laurent Correau.
Mais, indiquent nos sources, la diplomate française n’est pas parvenue à s’entretenir avec le reporter de Rfi, pour avoir buté sur l’opposition de la police de l’air tchadienne. L’envoyé spécial de Rfi à N’Djamena a finalement quitté le territoire tchadien à bord d’un vol de la compagnie aérienne française, Air France.
Une séance de briefing, hier mercredi, entre l’ambassadrice de France, Reed Brody de Human right watch, un des collaborateurs de ce dernier et un journaliste français n’a pas permis d’en savoir plus. D’autant que l’ambassadrice française ne connaît pas jusqu’ici, les raisons ayant conduit à cette mesure d’expulsion du journaliste de Rfi.
Cependant, joint par téléphone hier par Rfi, le ministre tchadien de la Communication indiquait que Laurent Correau ne détenait pas encore d’accréditation et qu’il ne devait pas se contenter d’une autorisation verbale. Sur les raisons de l’intervention musclée, l’officiel tchadien la justifie par «la vigoureuse résistance» que le reporter de Rfi a opposée aux agents de la police de l’air et des frontières du Tchad.
Laurent Correau est un ancien Envoyé spécial permanent (Esp) de Rfi au Sénégal où il a servi pendant quatre années. Arrivé à Dakar en septembre 2008, il quitte en septembre 2012 le Sénégal où il est remplacé par sa consœur Karine Frenk.
Correau est retourné au siège de la radio mondiale, à Paris, où il sert depuis lors.