ICI, LA PROTECTION DE LA NATURE COMMENCE PAR LE BOIS SACRÉ
Djifanghore
Petit village baïnounk du département de Ziguinchor, djifanghor vit en parfaite symbiose avec la nature, une tradition qui a commencé par la protection du bois sacré et l’érection d’un bois villageois exclusivement réservé aux femmes.
A la sortie de Ziguinchor sur la route de Kolda, non loin de la commune de Niaguiss, se dresse le village de Djifanghore. Le site est enchanteur avec une végétation touffue composée notamment de grands arbres fruitiers comme les manguiers et les goyaviers.
Mais le village est surtout connu pour son attachement à la récolte des noix de cajou, un produit qui apporte un bon bol d’air à l’économie locale, contrôlée en grande partie par la gent féminine.
C’est du moins l’analyse d’Isidore Biagui, un fils du terroir qui rappelle qu’ici, les femmes sont au cœur du processus de développement économique et social. Un bois villageois situé à la lisière de la localité leur est d’ailleurs uniquement réservé et tous les autres habitants acceptent cette tradition et s’y soumettent volontiers. Cet espace n’a rien à voir avec un autre bois sacré, celui des hommes. Les rites initiatiques s’y déroulent à la grande satisfaction des Djifangorois.
C’est dire qu’il y’a, dans ce village, une tradition bien ancrée de protection de la nature et de gestion durable des produits du cru. A Djifanghor, les cultures vivrières occupent une place prépondérante. Outre le riz, principale culture de subsistance comme partout ailleurs en pays diola et baïnounk, on retrouve des produits comme l’arachide, le maïs, les haricots ...
Même si le chef de village, Idrissa Sagna, n’a pas manqué de pousser un cri du cœur : « l’économie de la région, naguère très prospère, s’est fortement déréglée à cause du conflit qui a secoué, ces dernières années, la région naturelle de Casamance ».
Autre doléance des Djifanghorois, la récurrence des vols de bétail qui a fini de soulever l’ire des populations composées de Baïnounks, de Diolas, de Mandingues, de Manjacks, de Peulhs et de Balantes. Dans ce village, le brassage ethnique est une réalité et toutes les communautés se fréquentent assidument dans un respect mutuel, selon les notables. Le chef de village n’a pas manqué de rappeler que c’est Boubara Sambou, un Baïnounk, originaire du village de Tobor, qui en est le fondateur.
C’était en 1814. Il avait dit en langue locale : « Djifonghone ! » à savoir : « Unissons-nous ! ». Un véritable hymne à la concorde et à la paix comme pour conforter l’idée selon laquelle il appartient à un peuple ouvert, pacifique et travailleur.