INSUFFISANTE CONTRIBUTION DES INDUSTRIES EXTRACTIVES DANS LES RECETTES BUDGETAIRES DES ETATS AFRICAINS
Présidant, hier à Dakar, un atelier de renforcement de capacités, le ministre délégué chargé du Budget, Birima Mangara, a déploré l’insuffisance de la contribution des industries extractives aux recettes budgétaires des Etats africains et déploré le délaissement progressif de l’agriculture au profit du travail dans les mines.
Le ministre délégué chargé du Budget, Birima Mangara, juge insuffisante la contribution des entreprises extractives aux recettes budgétaires des Etats africains. S’exprimant, hier à Dakar, à l’occasion d’un atelier régional (du 9 au 10 septembre) de renforcement des capacités en politiques fiscales dans les industries fiscales, M. Mangara a rappelé que ces Etats ont besoin de moyens pour accompagner leur dynamique de croissance, renforcer la résilience de leurs économies et accélérer la marche vers le progrès social du continent.
« A cet égard, la contribution des entreprises extractives aux recettes budgétaires des Etats est encore insuffisante, considérant les revenus qu’elles tirent de l’exploitation des ressources minières », a-t-il ajouté. Birima Mangara a déploré le délaissement progressif des activités agricoles séculaires au profit de l’emploi dans les mines. Alors que les activités industrielles extractives sont génératrices d’émission, de diffusion et de dépôt de divers produits et résidus chimiques (plomb, arsenic, mercure et autres métaux) qui peuvent contaminer directement ou par infiltration l’atmosphère, le sol et les ressources en eau. Cependant, le ministre délégué a reconnu l’importance de la main-d’œuvre embauchée par les entreprises extractives et minières. « Oui, elles créent des emplois, et ont des effets d’entraînement plus ou moins importants sur certains secteurs d’activités. C’est un secteur hautement intensif en capital ; d’importants moyens financiers sont investis, plusieurs années avant le démarrage de l’exploitation. Et là encore, les chances de découverte et d’exploitation ne sont pas aussi importantes qu’il n’y paraît ! », a-t-il poursuivi.
Devant une telle ambivalence, le ministre délégué chargé du Budget a invité à s’interroger sur le contenu des incitations et du meilleur cadre de régulation de ces industries extractives. Il s’agit de se poser la question sur l’administration, la forme organisationnelle, la politique fiscale, le contrôle citoyen le mieux adapté (lire article « Les Etats à la recherche d’une meilleure politique fiscale »). Ici, ajoute-t-il, l’enjeu est de permettre aux populations et aux Etats de tirer le meilleur profit de ces industries extractives, sans pour autant mettre en péril la rentabilité financière des investisseurs de capitaux. D’où la pertinence de l’atelier de Dakar.
Pour le cas spécifique du Sénégal, le ministre délégué a fait savoir que l’option est de favoriser un meilleur partage des richesses. Et ceci à travers l’implication du secteur privé national dans l’exploitation des ressources minières, la mise en place d’un code fiscal adéquat et d’un cadre réglementaire sauvegardant les intérêts de l’Etat, et enfin la signature de contrats de concession tenant compte des préoccupations des collectivités locales et des populations riveraines, a précisé Birima Mangara.