Grève des travailleurs de l'eau et de l'électricité en Guinée-Bissau
BISSAU, 17 juil 2013 (AFP) - Les travailleurs de la société Eau et Electricité de Guinée-Bissau (EAGB, publique) revendiquant des arriérés de salaires ont entamé mercredi une grève de cinq jours, a appris l'AFP auprès de leur syndicat, un mouvement ayant privé de nombreux foyers d'eau et de courant à Bissau.
Ils réclament le paiement de 39 mois d'arriérés de salaires et de meilleures conditions de travail, a affirmé à l'AFP Famara Djassi, le président de leur syndicat affilié à l'Union nationale de travailleurs de Guinée-Bissau (UNTG), selon lequel en cas de non-accord sur leurs revendications, l'arrêt de travail sera reconduit.
Un service minimum était cependant assuré pour certains secteurs comme des hôpitaux. La centrale et les groupes électrogènes alimentant Bissau fonctionnent au carburant, la fourniture en eau est pour la plupart effectuée grâce à l'énergie électrique.
Mais, en proie aux difficultés financières, la société peine à payer ses fournisseurs de carburant, d'après des sources syndicales.
"Notre plus grand débiteur, c'est le gouvernement qui ne paie jamais ses dettes, ce qui permet à la société (EAGB) elle-même d'honorer ses engagements" envers ses créanciers, "tous ces jours-ci, nous sommes en rupture de stock de carburant, parce que nous n'avons pas pu payer" le fournisseur en carburant. (...) Nous exigeons que l'Etat rembourse toutes ses dettes: les dettes de consommation plus les arriérés de salaires", a ajouté M. Djassi, sans préciser de montant.
Interrogé sur ce sujet, un autre responsable syndical joint par l'AFP a affirmé sous couvert d'anonymat: "Si on fait le calcul de tout ce que doit l'Etat en termes de consommation, arriérés de salaires et primes diverses, l'ardoise tourne autour de huit milliards de FCFA (plus de 12 millions d'euros)".
Ce mouvement d'humeur a affecté la fourniture en électricité et en eau de plusieurs secteurs de l'Administration et certains hôtels à Bissau, qui était déjà en proie à de fréquentes coupures de courant avec douze heures de délestage quotidien en moyenne les jours ouvrables, a rapporté le correspondant de l'AFP.
Ainsi, le Palais du gouvernement, abritant les sièges de douze ministères, était privé d'électricité et d'eau toute la journée. De nombreux habitants étaient visibles avec des seaux et bidons, à la main ou dans des pick-up, parcourant différents quartiers à la recherche d'eau.
Certaines zones de Bissau disposent de pompes manuelles, généralement installées par des privés. Des puits existent par ailleurs dans des quartiers défavorisés mais, selon des spécialistes, la consommation de l'eau de ces puits non traitée expose à de nombreuses maladies hydriques.
Par ailleurs, pour recharger leurs appareils mobiles comme les téléphones et ordinateurs, des habitants sollicitaient des propriétaires de groupes électrogènes, selon le journaliste de l'AFP.
Dans certains quartiers, des propriétaires de groupes électrogènes vendent leur électricité excédentaire à leurs voisins six fois plus cher que le tarif normal d'EAGB: 700 FCFA (1,06 euro) le kilowatt-heure, au lieu de 116 FCFA (17 centimes d'euro).
Ancienne colonie portugaise d'Afrique de l'Ouest, la Guinée-Bissau est un des pays les plus démunis. Mardi, son Parlement a adopté un budget pour l'année 2013 de 102 milliards de FCFA (plus de 152 millions d'euros), mais la moitié de ce montant doit être recherchée auprès des partenaires extérieurs qui ont cependant pour la plupart suspendu leur coopération avec ce pays après le coup d'Etat de 2012.