NI REBELLE NI RÉVOLUTIONNAIRE
Serge Martin Bambara, Smockey
Serge Martin Bambara, plus connu sous le pseudonyme de Smockey, est un rappeur burkinabè. Membre fondateur du mouvement le Balai citoyen avec son ami Samsk’Le Jah, il a mis sur le marché son 5e album, baptisé Pre’volution, un triple album de 31 titres dans lequel l’artiste revient sur l’histoire récente de son pays. Pré’volution est une fusion des termes «prémonition», «révolution» et «évolution». Certaines chansons de cet album, selon Rfi, ont été écrites trois ans avant l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 au Burkina Faso qui a conduit à la chute du régime du Président Blaise Compaoré.
Smockey est né le 24 octobre 1971 à Ouagadougou, d’un père burkinabè et d’une mère française. Autour des années 88/89, la scène naissante du hip-hop dans la capitale du Burkina commence à intéresser le jeune homme. En 91, il quitte le Burkina et s’installe en France pour poursuivre ses études. Là, en parallèle de sa formation d’hôtelier, il entreprend avec un ami camerounais de travailler en studio comme arrangeur. Il fait ses réels débuts de rappeur à ce moment-là.
En 99, il signe un premier contrat avec la major EMI et sort un premier single La steupie avec en featuring, la chanteuse Laam. Il devient alors Smockey, contraction de «se moquer». Après avoir flirté avec le showbiz français, il effectue son retour au Burkina en 2001 où il monte un studio, Abazon («il faut faire vite» en bissa), au service du rap national.
Il débute en produisant son premier album Epitaphe qui impose d’entrée un style et une écriture sans concession. D’aucuns se souviennent du titre Ouaga c’est pas les states. L’année suivante, on le retrouve au festival Sénérap, puis au festival de rap du Bénin. Ses prestations scéniques révèlent l’énergie et la détermination du rappeur. Avec son studio et sa structure de production, le rappeur s’impose comme un orfèvre de la scène hip-hop du Burkina Faso. On y voit passer Yeleen, Faso Kombat, Black Maarabouts et d’autres.
Avec Zamana («le peuple» en bissa) sorti en 2004, Smockey impose sa personnalité, délivre des messages dénonciateurs, évoque la réalité sociale de son pays et par-là même du continent. Du point de vue musical, il tente une alliance entre tradition et modernité. Il invite aussi de nombreux artistes comme Didier Awadi ou Yeleen. Désireux d’inscrire sa démarche citoyenne et artistique sur l’ensemble du territoire burkinabè, il organise une tournée de 10 dates au «Pays des hommes intègres». 2004 est aussi l’année où il reçoit un Kundé d’honneur pour sa contribution à la promotion de la musique rap au Burkina.
Très intéressé par la vie politique de son pays, Smockey se moque encore et toujours et sort fort à propos en décembre 2005 un maxi, Votez pour moi, alors que bat la campagne présidentielle.
En 2007, il frappe une nouvelle fois avec l’album Code noir dont est tiré le tube Y-yamma qui a pour thème le mariage forcé. Cette chanson lui vaut la récompense du Kundé de la meilleure chanson moderne d’inspiration traditionnelle. Et Smockey n’en finit pas de s’insurger. Avec son acolyte Samsk’Le Jah, il présente un an plus tard un nouveau titre, A balles réelles, qui dénonce la répression face à la crise universitaire de juin 2008.
A l’approche de l’anniversaire des indépendances africaines en 2010, le rappeur toujours en verve concocte un nouveau titre percutant à la mesure de son engagement : 50 ans 2 dépendance. Ce morceau apparaît sur le nouvel album Cravate costards et pourriture sorti cette année. Sa voix puissante et son flow souple servent d’amplificateurs à des textes révoltés, mais qui ne manquent souvent pas d’humour. Des morceaux qui finalement, malgré tout, se refusent au fatalisme.