"Les travaux devraient démarrer avant la fin de l’année 2013"
Xavier Ricou, Directeur nouveaux projets à l’Apix
La crise économique a eu raison des velléités d’investissement des Emiratis de Jafza, mais elle n’a en rien détourné le Sénégal de son projet de Zone économique spéciale de Diamniadio. M. Xavier Ricou, Directeur des nouveaux projets à l’Apix, revient dans cet entretien sur les nouvelles orientations de la Disez.
Depuis 2007, où en est le projet d’installation d’une zone économique spéciale à Diass ?
Compte tenu de son importance au plan économique et social, le projet de Disez a été maintenu et relancé par les nouvelles autorités, malgré le retrait de Jafza à la suite de la crise financière de 2009. Il demeure sous la responsabilité de l’Apix, que la loi désigne comme la Haute autorité chargée de l’administration de la zone. Les études sont en voie de finalisation et les derniers réglages institutionnels sont en cours, ainsi que la recherche de financements complémentaires pour la réalisation de la phase prioritaire de 50 ha. Les travaux devraient démarrer avant la fin de l’année 2013.
Qu’est-ce que le Sénégal offre comme avantages pour attirer les investisseurs, en termes d’infrastructures, d’environnement des affaires, fiscalité… ?
C’est une vaste question. Ce que je peux dire, c’est que pour la zone elle-même, on peut relever de façon non exhaustive les points suivants. La Disez est mitoyenne de l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd). Elle est à proximité de l’autoroute à péage. Il y a des parcelles viabilisées, des entrepôts ou des bureaux, en fonction des besoins. Un guichet unique pour les entreprises, une Haute autorité délivrant les permis et agréments, des avantages fiscaux et douaniers, la sécurisation des facteurs techniques de production, des réserves foncières et une prise en compte de l’environnement, etc.
Quels genres d’entreprises souhaiteriez-vous attirer ?
Il est prévu d’attirer en priorité des entreprises étrangères, mais il n’est pas exclu d’y attirer également des entreprises locales à vocation exportatrices. Les entreprises vendant leurs productions sur le marché local ne bénéficieront pas des avantages fiscaux prévus par la loi. Le projet doit démarrer sur une phase dite prioritaire, qui ne sera pas spécialisée et qui permettra de tester le dispositif en vraie grandeur. Les phases développées ultérieurement seront effectivement spécialisées. En ce qui concerne l’investissement pour la réalisation du projet, rien n’a été encore arrêté mais a priori, il ne devrait pas y avoir de préférence donnée à certains investisseurs plutôt qu’à d’autres. C’est la qualité de l’investisseur et la sécurité de l’investissement qui seront privilégiées.
Après l’échec de la zone franche industrielle de Mbao, quelles leçons faut-il tirer pour éviter que la Zes de Diass ne soit aussi un échec ?
Un benchmarking rigoureux des zones économiques spéciales dans le monde a été réalisé, en tenant compte de l’expérience de la zone franche industrielle qui, dans la littérature professionnelle consacrée aux Zes, est désignée comme un exemple à ne pas suivre. Les meilleures pratiques dans le monde ont été retenues en termes de support de l’Etat, de design, d’accessibilité, d’avantages fiscaux et douaniers, d’attractivité, de communication, de financement, de ressources humaines, de textes règlementaires, de tarifs, etc. Toutes les carences identifiées de la Zfi ont été prises en compte et corrigées dans le nouveau projet.
Quelle part pour le partenariat public-privé ?
La source de financement de la base prioritaire de 50 ha n’a pas encore été formellement arrêtée. Toutes les options sont encore possibles, dont celle du Partenariat public-privé (Ppp). C’est à ce titre que le projet sera soumis au Groupe consultatif des bailleurs de fonds qui doit se réunir à Paris à la fin de l’année. Néanmoins, plusieurs autres solutions de financement sont actuellement étudiées, telle que la contraction d’une dette à taux concessionnel. Le business-plan du projet est actuellement bâti sur ce modèle. En tout état de cause, pour la réalisation de certaines phases ultérieures, il est très possible que la formule du Ppp soit retenue.
Est-ce que le Sénégal peut, à l’image de la Chine, s’appuyer sur ce genre d’initiatives pour développer une industrie ?
Bien sûr. Le Sénégal se lance dans sa première véritable expérience de zone économique spéciale aux standards internationaux, dans un environnement international de plus en plus concurrentiel, où les Zes se multiplient, cherchant chacune à attirer les mêmes gros investisseurs. Le Sénégal va donc essayer de se démarquer en tirant partie des leçons du passé. Tous les atouts sont réunis pour que l’expérience soit concluante. A la suite de la phase prioritaire de 50 ha, les autres phases seront réalisées sur une superficie de 700 ha environ, destinée à des activités industrielles.
Il existe également une réserve foncière de plus de 10 000 ha, affectée au projet sur laquelle pourront être développées d’autres activités industrielles, mais aussi de l’habitat, du tourisme, de l’éducation, etc. Par ailleurs, des transferts de technologie vont nécessairement avoir lieu avec des entreprises étrangères. Autrement dit, il existe un potentiel très important pour le développement d’une activité industrielle nationale.