LE CORED DÉNONCE LE DILATOIRE DES DÉPUTÉS
Vote du Code de la presse
Le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (Cored) a déploré hier le manque de volonté des autorités pour voter le Code de la presse, bloqué à l’Assemblée nationale à cause de l’article portant sur la dépénalisation des délits de presse. Selon les membres de cet organe, ce n’est pas une raison pour ne pas voter ce texte qui contient d’autres articles qui permettront de mettre de l’ordre dans ce secteur.
Le Code de la presse est toujours rangé dans les tiroirs des députés. Cela relève d’un manque de volonté des autorités, avancent les membres du Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (Cored) lors de leur conférence de presse d’hier.
Selon les membres de cet organe d’autorégulation, «les députés aussi bien de l’ancien pouvoir que ceux de l’actuel régime font une fuite en avant, refusant de voter le texte, car pour eux, il n’est pas question de dépénaliser les délits de presse».
Argumentant sa conviction selon laquelle il y a «une mauvaise volonté politique», Mamadou Thior, un des membres du bureau du Cored, estime que les députés, qui sont là depuis 3 ans, ont eu suffisamment de temps pour étudier le texte.
De même, il soutient que «le président de la République a beaucoup d’amis journalistes qui ne veulent pas du bien à la presse. Le milieu de la presse assaini ne les arrangent pas». «Ils se complaisent dans la situation actuelle. Pendant ce temps, il y a des millions de Sénégalais à qui nous portons du tort», a-t-il dénoncé.
Le Cored déplore ainsi le fait que «la plupart des députés n’aient pas pris la peine de lire le code qui comporte 285 articles». Pour ses membres, c’est même étonnant que «les députés d’alors et d’aujourd’hui qui s’arcboutent sur la dépénalisation n’aient pas amendé le texte comme ils le font chaque fois que l’occasion se présente».
«Comme aucune loi ne régit le secteur, qu’on ne soit pas étonné d’assister à tout ce laisser-aller. Tout est dans ce texte pour mettre de l’ordre dans la presse», a-t-on fait savoir dans un document distribué à la presse.
«Aucune virgule ne sera changée»
Parlant de la décision du gouvernement de retirer le texte de l’Assemblée nationale pour le retravailler, le président du Cored soutient que l’organe qu’il dirige n’entend pas changer une virgule au nouveau Code de la presse.
Selon Bacary Domingo Mané, cela fait partie des prérogatives des députés de voter des lois. Selon lui, il faut qu’ils prennent leurs responsabilités pour faire des amendements. Et le journaliste de s’interroger : «Pourquoi veulent-ils que nous prenions le texte et extirper cet article qui concerne la dépénalisation ?»
Pour M. Mané, il faut mesurer la nécessité de voter ce code et ne pas se focaliser sur la dépénalisation. «Le code pour nous est bon, le blocage c’est au niveau des députés. Ils connaissent la procédure pour voter une loi, ils n’ont qu’à le faire. Ce n’est pas le rôle des journalistes d’enlever la partie qui concerne la dépénalisation. Ils cherchent à nous mettre en mal avec la population», a-t-il fustigé.
Insistant sur le manque de volonté des autorités sur cette question, le Cored souligne que «ce sont ces mêmes autorités qui accordent des interviews ou se font inviter à des émissions animées par ces soi-disant journalistes, et qui sont parfois à tu et à toi avec les mêmes tenants du pouvoir. Et ce sont les mêmes autorités qui se plaignent des dérives constatées dans la presse».
Pour lui, «il faut savoir ce que l’on veut». Dans la même veine, les camarades de Bacary Domingo Mané rappellent que «l’année dernière, en présidant la cérémonie d’installation des membres du Tribunal des pairs, le chef de l’Etat avait dit que désormais il va s’adresser à cette instance s’il a maille à partir avec la presse».
Ils soutiennent toutefois que la force et l’efficacité du Cored dépendent du vote de ce texte qui lui donne «toutes prérogatives en termes de sanctions positives et négatives».