"C'EST LA MAUVAISE FOI ET LA DUPLICITÉ AU SERVICE DE LA PROPAGANDE POUR LE 'NON'"
Me Djibril War sur la campagne des opposants
Membre fondateur de l’Apr et directeur de l’Ecole du parti, Me Djibril War dénonce la campagne de dénigrement que mène le Front du «Non» en direction du référendum. Pour lui, «c’est la mauvaise foi et la duplicité au service de la propagande pour le ‘Non’».
Qu’est-ce que les Sénégalais peuvent attendre de ce référendum ?
Des avancées démocratiques. Le référendum porte sur les quinze points de la réforme. Tous les points sont importants. On peut citer le renforcement de la citoyenneté par la consécration de devoirs du citoyen ; la restauration du quinquennat pour le mandat présidentiel, qui va ramener désormais de manière définitive la durée du mandat de sept à cinq; le renforcement des droits de l’opposition et de son chef ; l’élargissement des compétences du Conseil constitutionnel pour donner des avis et connaître des exceptions d’inconstitutionnalité soulevées devant la Cour d’Appel ; la constitutionnalisation des principes de la décentralisation et de la déconcentration ; l’intangibilité des dispositions relatives au mode d’élection, la durée et le nombre de mandats consécutifs du président de la République. Et Cette réforme vient consacrer la «justiciabilité» des droits économiques, sociaux et culturels en offrant désormais la possibilité aux citoyens de traduire l'État devant le Comité des droits économiques, sociaux et culturel des Nations-unies en cas de violations de ces droits. Elle donnera aussi une force contraignante aux dispositions de ce présent article sur les droits économiques, sociaux et politiques, en permettant notamment à tout citoyen dont les droits ont été violés d’obtenir justice au niveau des juridictions nationales, et au besoin, de porter plainte devant les juridictions internationales.
Les partisans du «Non soutiennent que certains points de la réforme cachent la légalisation de l’homosexualité. Vous en dites quoi ?
Cela n’existe que dans la tête de ceux qui tirent des profits considérables de cette propagande aliénante très intéressée, perverse et malsaine qui est même en train de banaliser l’homosexualité dans l’esprit des jeunes à force de l’agiter. C’est la mauvaise foi et la duplicité au service de la propagande pour le «Non».
Le président de la République est également accusé de reniement. D'ailleurs, des slogans sont agités, comme «Gor ca wax dia», «Ñaani bañ na». Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Je suis peiné d’entendre dans ce Sénégal du 21e siècle, des personnes, des responsables, qui ambitionnent de gouverner le Sénégal, parler de nobles, par opposition aux autres classes, castes, esclaves. Nous sommes tous des esclaves de Dieu, de nos prochains. Notre slogan, c’est : «Djamou yalla, askan wi, nangu dogal ak ndigëlu chartu yonn (esclaves de Dieu le Tout- puissant, à l’autorité et la loi). Le souhait, la promesse, l'engagement du Président, ne sont pas au-dessus de la décision du Conseil constitutionnel et de la Constitution. Et le Président Macky Sall, en vertu de l'article 37 de la Constitution, a prêté serment devant le Conseil constitutionnel. «Devant Dieu et devant les hommes et devant la Nation sénégalaise entière, je jure de remplir fidèlement la charge de Président de la République du Sénégal, d'observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, etc.». Comment le Président pouvait-il ne pas respecter la décision du Conseil Constitutionnel, garant de la Constitution, dont il est le gardien, sans violer sa charge et trahir son serment ? Lorsque le Président avait décidé de supprimer le Sénat, pourtant prévu dans son programme électoral «Yoonu yokkute» pour des raisons d'économie budgétaire, pourquoi n’avait-on pas alors parlé de «Wax waxeet»? Pourtant la suppression du Sénat avait des conséquences politiques défavorables pour lui.
Ne pensez-vous pas que Khalifa Sall constitue un adversaire sérieux pour Macky Sall en 2019 ?
J'ai beaucoup de respect pour lui. C'est pour cela qu'il ne doit pas faire moins que le président de la République, Macky Sall, en démissionnant du Parti socialiste, mais également de son poste de maire de Dakar, pour aller créer son parti politique. Le Président Macky Sall n'a pas d'égal sur le champ politique.