OUAKAM NE DÉCOLÈRE PAS
Bradage foncier sur le site de l'aéroport
Les jeunes de Ouakam sont déterminés à récupérer leurs terres "confisqués" par des promoteurs immobiliers et les autorités. En plus, ils réclament à l'État 3,059 milliards F Cfa pour la réparation d'un préjudice subi lors du sommet de l'Oci.
La révolte couve toujours à Ouakam. Hier, les jeunes se sont rassemblés dans leur village pour revendiquer des terrains situés sur le site de l'aéroport de Dakar.
Ils disent : "Le promoteur en question nous a confirmé que ces terrains-là nous appartiennent parce que quelqu'un qui prétend être propriétaire légalement et qui montre partout des documents disant que ce sont des documents officiels ne se permettrait pas de prendre de l'argent et de le donner à ceux qui s'opposent à ses plans." Ndiarka Diagne, président des jeunes de Ouakam, cite des documents de l'Asecna et la Convention de Saint-Louis de 1959 portant sur le mode d'acquisition des terrains par le gouvernement français qui l'a transmis au gouvernement sénégalais après l'indépendance.
"Dans un document officiel de l'Asecna qui gérait l'aéroport, on y a vu la réquisition numéro 41-74 du 22 juin 1943 qui disait que l'État du Sénégal avait demandé à la conservation foncière de procéder à l'immatriculation d'un terrain nu d'une superficie de 452 hectares, la collectivité Ngor Ouakam pour 19 hectares." D'après ces jeunes, c'est cette première réquisition qui est l'origine de la construction de l'aéroport et la seconde, de l'aérodrome. "Et cela montre que le mur qui était derrière l'Asecna en passant par Ngor et qui sort au virage est constitué de terrains appartenant à des personnes", explique le président des jeunes.
Ils estiment que l'immatriculation de ces terres n'avait pas été réalisée à cause du refus de leurs ascendants qui avaient décliné ce que les Français voulaient leur attribué. "C'est à cet effet, expliquent Ndiarka et ses camarades, qu'ils leur avaient demandé d'utiliser ces terrains pour des besoins publics et après avoir terminé, qu'ils les rendent."
Aujourd'hui qu'"ils ont fini d'occuper ces terres, pourquoi ils ne nous les rendent pas ? Et c'est cela l'historique des titres fonciers", lance Ndiarka. "L'État n'a qu'à respecter ses engagements. S'il veut la paix, qu'il nous rende nos terrains. S'il le faut même aller brûler la maison de...", déclare Abdoulaye Guèye, représentant des jeunes.
Déterminés, les jeunes sont prêts à braver l'interdiction de marcher pour retrouver leurs avoirs. "C'est anormal que l'État donne 75m2 à un individu alors que nous vivons dans la promiscuité totale", protestent les Ouakamois. En attendant, ils ont remis un mémorandum aux autorités et attendent des réactions.
Par ailleurs, les jeunes ont soulevé une autre doléance en soutenant que l'État leur doit 3,059 milliards F Cfa. Ils avancent : "Pendant le sommet de l'Oci, le gouvernement avait construit une route sur notre titre foncier. Cette dette a été reconnue par l'État dans un document", expliquent-ils.