LES ATTENTES D'UNE PRESSE LONGTEMPS REDUITE AU SILENCE
Jeu démocratique en Gambie
L’aube nouvelle qui se lève en Gambie ou la volonté d’asseoir un régime démocratique se conjuguera avec le renouveau de la presse de ce pays. Longtemps réduits au silence ou encore vue comme constituée d’« empêcheurs de tourner en rond », les journalistes gambiens, par la voix de Baye Emily Touray, le président de la Gambian Press union (Gpu-syndicat), veulent l’ouverture d’enquêtes sur le meurtre de Deyda Haïdara (décembre 2004), la disparition de Chief Ibrahima Manneh (juillet 2004) ou encore les tortures dont a été victime Moussa Sidy Kane, l’ancien rédacteur en chef de The Independant. Avec un paysage médiatique composé d’une télévision, de 23 stations de radios et de sept journaux (dont quatre quotidiens), la presse gambienne attend « beaucoup du changement politique ».
« Il faut d’emblée que le verdict rendu par le tribunal de la Cedeao soit exécuté. Ce verdict disait qu’il fallait libérer Chief Manneh, mais aussi l’indemniser à hauteur de 100 mille dollars tout comme Moussa Sidy Kane qui devait se retrouver avec des dommages et intérêts de l’ordre de 200 mille dollars », explique Baye Emile Touray.
Rappelant les difficultés auxquelles les journalistes gambiens ont fait face, il met en exergue un quotidien constitué d’arrestations tous azimuts, de tortures physique ou morale, d’harcèlements. Les journalistes ne constituaient pas une « exception pour ces dérives érigées en mode de gouvernance par le pouvoir de Jammeh qui ne souffrait pas de contraction ».
L’espoir est grand pour nombre de journalistes, venus d’ailleurs nombreux à la conférence de presse du nouveau président. Un rendez-vous avec les journalistes qu’ils espèrent voir pérenniser. En tout cas, à la faveur de ce changement, nombre de « confrères exilés sont rentrés au pays », selon le président du syndicat.
« Nous sommes confiants et optimistes avec les nouvelles autorités portées par toute une Coalition qui mesure tout ce que nous avons vécu ces dernières années. L’état de droit et la démocratie qu’elles veulent mettre en place ne peuvent être possibles qu’avec une presse libre et plurielle. Nous voulons donc qu’il y ait une loi sur l’accès à l’information, sur la dépénalisation des délits dits de presse comme s’est fait dans de nombreux pays, mais aussi un tribunal des pairs. Il faut vraiment mettre fin aux intimidations et arrestations de journalistes », a souhaité M. Touray.
Il demande aussi la réouverture des journaux et radios fermés, selon la « seule volonté de l’ancien pouvoir sans une décision de justice ».