LES GESTICULATIONS DE L'OPPOSITION NE PEUVENT PAS NOUS DÉVIER DE NOTRE TRAJECTOIRE
Seydou Guèye, ministre, Porte-parole du Gouvernement
Emploi des jeunes, santé, institutions, processus électoral, sont les derniers thèmes abordés par Seydou Guèye dans la dernière partie de l'entretien qu'il a accordé au journal Le Quotidien. Le ministre, Porte-parole du gouvernement, recadre les débats.
Au moment où le Président Macky Sall crée des institutions budgétivores comme le Hcct, et se permet une solidarité envers la Guinée-Bissau lors de la Can, il manque à nos services de santé du matériel technique pour venir à bout de certaines pathologies.
Je ne partage pas votre analyse. Le Hcct est une exigence démocratique. C'est une institution destinée à la représentation des collectivités locales et tire sa légitimité de la dernière réforme constitutionnelle, adoptée par l'écrasante majorité des Sénégalais. C'est le Peuple qui a décidé de l'utilité du Hcct et le Président Macky Sall l'a mis en œuvre pour accompagner le parachèvement de la territorialisation des politiques publiques. Par rapport à la Guinée-Bissau, le geste du Président Macky Sall s'inscrit en droite ligne de la solidarité en direction des peuples frères. Mettre en parallèle ce geste avec le manque de ressources allouées aux services de santé, c'est un pas que je ne franchirais pas. Depuis 2012, d'importants efforts ont été faits pour améliorer la qualité des soins offerts aux Sénégalais. Cette année, le budget du ministère a connu une hausse de 13 milliards F Cfa, passant de 150 à 163 milliards F Cfa, les plateaux techniques des structures de santé ont nettement évolué à travers les équipements pour la dialyse, l'ouverture ou la réhabilitation de structures de santé, la dotation en ambulances médicalisées. Avant 2012, celles-ci étaient d'une soixantaine. Depuis, le Président Sall en a mis 150 en activité, et autant sont en core attendues pour 2017. Pour finir, des investissements importants sont attendus dans le secteur et l'accès se démocratise avec la Cmu, même si nous pouvons déplorer la panne de l'appareil de radiothérapie de l'hôpital Le Dantec.
Parlant justement de la panne de l'appareil radiothérapie de Le Dantec, cela n'est-il pas une grosse faille dans notre système sanitaire ?
Cette question a suscité beaucoup d'émotion et de compassion.
Les souffrances des malades ne doivent pas être politisées. Devant la détresse des maladies, il faut des remèdes. Lorsque le Président Macky Sall a été informé de la panne de l'appareil de radiothérapie, il a donné des instructions fermes au ministre des Finances et au ministre de la Santé, pour l'acquisition urgente de trois nouveaux appareils de dernière génération. Et comme il l'a indiqué récemment, quel que soit le prix, ces machines seront fonctionnelles au Sénégal durant le deuxième trimestre de l'année 2017.
Au moment où nous parlons de Sénégal émergent, on évacue les malades du cancer vers le Maroc. N'est-ce pas un paradoxe ?
Mais que voulez-vous ? Que le Gouvernement délaisse ces malades ? Non, l'Etat a pris ses responsabilités. Cette décision doit être saluée à sa juste valeur parce qu'il fallait trouver une solution urgente et qui préserve les droits des malades à bénéficier d'une prise en charge en toute transparence et égalité. Ce n'est point un paradoxe. Au contraire, cela renseigne sur l'éthique de responsabilité et le souci permanent du Gouvernement de trouver une solution aux préoccupations des Sénégalais, notamment des malades du cancer.
On note la recrudescence des crimes et agressions. Comment le Gouvernement compte-t-il réagir face à cette insécurité ?
Le Président Macky Sall a tenu à rappeler l'impérieuse nécessité pour les Sénégalais de faire leur introspection. C'est extrêmement important si nous voulons venir à bout du phénomène de la violence. Au-delà de la communication sur le changement de comportement, l'Etat a pris un certain nombre de dispositions pour lutter contre la violence sous toutes ses formes. Au-delà du dispositif répressif qui s'applique aux meurtriers, des opérations de sécurisation sont entreprises régulièrement par les services de sécurité afin d'installer la peur dans le camp des délinquants. Et c'est dans cette dynamique qu'il faut inscrire la loi d'orientation sur la sécurité intérieure en cours d'élaboration. Ces initiatives seront poursuivies et renforcées pour annihiler la violence.
Macky Sall avait promis 500 mille emplois à la jeunesse sénégalaise, promesse qu'il tarde à réaliser depuis 2012. Que faut-il faire pour résoudre le chômage des jeunes ?
Malgré un contexte mondial marqué par une situation économique morose, le Sénégal a pu créer plus de 263 000 emplois décents en 2015. Il est clair que si la tendance se poursuit, l'horizon de 500 000 emplois pourrait être approché. Le chômage des jeunes constitue une préoccupation majeure. La difficulté réside dans le déficit de qualification. C'est la raison pour laquelle des efforts sont en train d'être faits à ce niveau. A cela s'ajoutent les actes forts souscrits par le Gouvernement pour aider à l'employabilité des jeunes en termes d'accès aux financements, de la nouvelle loi sur les contrats de stage. C'est le cas également de l'ambitieux projet des Domaines agricoles communautaires, qui constitue une opportunité insondable d'emplois. C'est vous dire que le travail décent est à la portée des jeunes. Et le Gouvernement s'emploie tous les jours à les accompagner pour assurer leur insertion socio-professionnelle à travers la formation qualifiante, l'auto-emploi.
Quelle est votre appréciation sur la hausse des prix des denrées, qui risque d'entrainer l'augmentation du coût de la vie ?
Il n'y a pas de hausse des prix, comme vous le prétendez. En 5 ans, le Gouvernement a permis plusieurs baisses sur les produits de grande consommation, augmenté le pouvoir d'achat des Sénégalais à travers la baisse des impôts sur les salaires, les bourses de sécurité familiale, la baisse des prix du carburant, entre autres. Les fluctuations notées sur certaines denrées sont la conséquence du comportement du marché mondial. Mais l'Etat, fidèle à ses engagements, ne ménagera aucun effort pour préserver le pouvoir d'achat des Sénégalais. C'est dans cette optique qu'il faut inscrire la baisse du prix de l'électricité.
L'opposition déplore les retards dans la mise en place du fichier électoral, et demande le départ de Abdoulaye Daouda Diallo du ministère de l'Intérieur. Qu'en dites-vous ?
Pour moi, ce sont des batailles du siècle passé que les citoyens sénégalais ont gagnées depuis la première alternance en 2000. La transparence et la régularité de notre système électoral sont de véritables conquêtes démocratiques qui nous valent un processus électoral à contestation nulle, sinon marginale. C'est la réalité objective. Maintenant, si l'opposition estime que la meilleure stratégie, c'est d'être dans une posture de suspicion et de harcèlement, elle est libre de voir le monde ainsi. Pour ce que j'en sais, au Sénégal, la fraude électorale est ce que l'on peut appeler un démon du passé. Les gesticulations et prises de position de l'opposition ne peuvent pas nous dévier de notre trajectoire. Le ministre de l'Intérieur et de la sécurité publique, Abdoulaye Daouda Diallo, bénéficie de la toute confiance du Président Macky Sall, et toutes les élections qu'il a organisées, y compris le référendum, ne souffrent d'aucune contestation. Les opérations d'inscription sur les listes électorales se déroulent normalement et, au rythme où vont les choses, nous espérons atteindre l'objectif de 4 millions d'inscrits. Pour le reste, les discussions se passent au sein du Comité de suivi de la refonte du fichier électoral entre les différents plénipotentiaires. C'est le prolongement du dialogue national lancé par le chef de l'Etat Macky Sall.