L’AFRIQUE SUR LA VOIE DU DÉVELOPPEMENT ?
Entre Projection et Réalité
Quelques-uns de nos amis économistes, statisticiens ou encore politiciens affirment, à tort, que le continent africain est sur la voie du développement. De par des extrapolations chiffrées et une manipulation scientifique cupide de la vie et de l’expérience humaine des sociétés africaines, avec l’usage de graphiques et de chiffres, l’on tente de faire croire aux africains qu’ils font de pas de titans vers le sommet du bien être humain, moral et social.
Seulement, les africains eux-mêmes, ne ressentent pas ce développement chanté par d’innombrables rapports et de statistiques. Il serait ainsi avisé, avant d’en développer davantage sur cette supercherie politique que nous tentons d’exposer, de camper le décor de notre argumentaire en essayant d’appréhender de façon contextuelle la notion de développement.
En effet, nous pouvons nous permettre de définir le développement comme étant un mouvement continu sur le long terme, de nature qualitative et quantitative, qui modifie durablement les structures économiques, sociales et démographiques de la société à laquelle il se rapporte.
Toutefois, il faudrait peut-être reconnaître et signaler qu'il y a une pléthore de définitions du développement qui soit possible et acceptable selon un certain nombre de points de vue. Seulement, Même ceux qui sont spécialisés en Etudes sur le développement ne peuvent en donner une définition exacte.
En vérité, cette difficulté à pouvoir donner une définition précise du développement tient particulièrement au fait que ce dernier se définie toujours en rapport avec la culture et la tradition des peuples auxquels il se rapporte: Ainsi puisse-t-on parler de schème référentiel, permettant de jauger le niveau de développement, qui est propre à chaque peuple.
Indubitablement, le développement d'un peuple se doit impérativement d'être qualitatif, actualisé et autocentré comme le disait Axelle Kabou dans son ouvrage intitulé "Et si l'Afrique refusait le développement" publié en janvier 1991 aux éditions l'Harmattan à Paris.
Maintenant revenons-en au développement de l'Afrique. En fait les africains restent largement persuadés que leur destin doit être pris en charge par des étrangers.
Ainsi les efforts de développement sont perçus comme de véritables aveux d'impuissances, d'infériorité culturelle ou raciale. Ce qui fait que l'Afrique noire reste profondément humiliée par l'idée même de développement, considérant que c'est une tâche qui relève légitimement des obligations du colonisateur, pour parler comme Axelle Kabou.
Aujourd'hui ce sont des instances internationales qui financent des projets en Afrique sans demander ou prendre en compte les points de vue africains sur les questions à attaquer. L'ex président Sénégalais M. Abdoulaye WADE le les reprochait déjà lors du sommet de Rome en 2009. C'est aussi ces instances qui commanditent des études de sondage pour, soi-disant, jauger le niveau de développement du continent, alors que leur schème référentiel de développement est incompatible aux réalités africano-africaines!
Ainsi on comprend cette tendance à publier des rafales de rapports exhibant un niveau de développement qui en réalité n'existerait que sur du papier. En vérité, ces rapports et statistiques, produits sur la base de la trajectoire occidentale, consistent en des extrapolations chiffrées ignorant royalement les réalités africaines.
Mieux encore, c'est des analyses partielles, subjectives et superficielles qui occultent soigneusement et commodément, d'ailleurs avec beaucoup de délicatesse le fait que quand on parle de développement on ne parle pas que de croissance.
Quand on parle de développement, nous parlons de ce fruit d'une gestion cohérente, synchronique et synergique d'un ensemble de secteurs de la vie humaine, soit-il politique, social, culturel que technologique, le tout répondant à un projet de société clairement défini et convergeant sur la plateforme de l'amélioration des conditions de vie des populations auxquelles il se rapporte.
Ainsi, il ne serait pas nécessaire de lister toutes les raisons qui motivent et sous-tendent notre argumentaire car tout le monde sait que bon nombre de facteurs et de réalités nous permettent aujourd'hui de démonter systématiquement toutes ces considérations jusque-là avancées et qui tendent à vouloir accréditer la thèse selon laquelle le continent africain est sur la voie du développement.
De quel développement serait-il vraiment, d’ailleurs ? Celui qu’il s’est choisi ou celui qu’il s’est passivement vu imposer par des puissances qui ne veillent et surveillent que leurs intérêts ? De toute façon, l’on ne tenterait point d’y répondre : La réalité est plus bavarde et explicite que nous l’aurions été.
D'abord on ne peut se permettre de dire que l'Afrique est sur la voie du développement alors qu'elle n'est même pas prête à s'unir effectivement et véritablement, à rendre effectifs ces organes d'intégration régionale et communautaire, à stabiliser sa zone économique par la constitution d'unions douanières, l'élaboration de véritables zones de libre d'échange et l'intégration de son marché.
A ce niveau nous savons que nos chefs d'Etats manquent de réelle volonté politique pour opérer vers ces instances qui feraient que notre rêve d'unité, de développement et de prospérité puisse être réel. C'est eux qui, souvent après avoir signé des traités et édicté des principes au niveau de ces organisations régionales, retournent chez eux pour empêcher l’effectivité de la supranationalité de ces derniers en y opposant leurs égoïsmes nationaux, leur nationalisme exacerbé.
Ensuite on ne peut se permettre de dire que l'Afrique est sur la voie de la prospérité sachant qu'elle est littéralement ravagée par d’innombrables guerres civiles et militaires (Soudan du Sud et la Somalie) et les crises de toutes natures, avec leurs milliers de victimes.
Par ailleurs les villages dévastés et les zones abandonnées au seigneur de la guerre, atteintes par la désertification et la malnutrition qui l'accompagnent, la déstabilisation par l'exode rural, l'insécurité et l'insalubrité urbaines sont entre autres des réalités qui battent carrément en brèche ces publications infondées, jusque-là destinées à dire que l'Afrique est sur la voie du développement.
Enfin on ne peut pas se permettre de dire que l'Afrique est sur la voie du développement sachant qu'elle écrasée par le poids de la dette et atteinte par la paupérisation de ses populations et de ses Etats qui sont de moins en moins à même d'assurer et de garantir le fonctionnement régulier de ses institutions et services publics, de financer ses infrastructures et de garantir à tous et à toutes l'accès à l'éducation et à des conditions sanitaires descentes.
Et là, ce n'est que la partie visible de l'Iceberg sous-jacent des éléments d'argumentation qui nous permettent de reconnaître, d'accepter, d'admettre et d'affirmer que l'Afrique n'est pas sur la voie du développement.
Néanmoins, avec toutes ces réalités ambiantes et factuelles, des experts économistes et statisticiens de quelques douzaines d'instances internationales se font fort de démontrer le contraire. Mais comme on le dit souvent, « il n’y a pas pire aveugle que celui qui refuse de voir la lumière du soleil en plein jour. »
Il reste du chemin pour ne pas dire beaucoup de chemins à faire. Le continent doit se saisir ! Il est temps ! Il doit cesser de marcher sur les sentiers qu’on lui indique et choisir et marcher prestement sur le chemin qu’il se sera lui-même choisi pour le bonheur et le mieux-être de ses populations, pour paraphraser Felwine SARR dans son ouvrage intitulé Afrotopia, publié aux éditions Philippe Rey en 2016.
Ousmane TOURE
#Deugrek
#Le_Combat_Continue
Ousmane TOURE est un Communicant, un Leader et Entrepreneur social. Il est le Président Fondateur de l'Assemblée des Générations Patriotes et Citoyennes. Originaire du Sénégal, il est également un web-activiste qui, dans son activité de Blogging, promeut des idées à fort impact socio-culturel et politique sur l'Afrique et le Monde.
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