Mégalomanie, dépenses extravagantes, collaboration avec la CIA… À la mort de l’ex-président du Zaïre, Philippe Gaillard retrace son parcours dans les colonnes de JA. Avec une implacable lucidité
Jeune Afrique |
Philippe Gaillard |
Publication 08/09/2022
Déchu, abandonné de ses courtisans, le maréchal Mobutu Sese Seko, « président fondateur » du Zaïre, est mort à Rabat, en terre étrangère, « des suites d’une longue et pénible maladie », comme on disait naguère.
Le pire reproche que lui fera l’Histoire sera peut-être de s’être refusé à comprendre qu’il lui fallait transmettre un pouvoir réduit à un simulacre et aux moyens d’exercer encore sa munificence, depuis qu’il avait fui le pays réel pour se réfugier dans les décors de théâtre qu’étaient son palais de Gbadolite et le Kamanyola, son yacht fluvial. C’était en 1990, après qu’un déluge de mémorandums – qu’il avait suscités, croyant qu’il canaliserait ainsi le flot des récriminations – eut révélé la force du mécontentement dans toutes les classes de la société.
Le mur de Berlin venait de tomber. Ceci se conjuguant avec cela aurait pu entraîner alors la chute de l’homme qui avait « régné » à Kinshasa pendant un quart de siècle. En effet, Mobutu avait toujours trouvé en Occident le soutien que lui valait sa position ou son attitude de « plus fidèle défenseur de la démocratie contre le communisme en Afrique ». Le péril rouge disparu, le défenseur n’avait plus d’utilité.
On vit bientôt, effectivement, les trois capitales Bruxelles, Paris et Washington – soucieuses, dirent-elles, des droits de l’homme, qui ne les avaient pas préoccupées outre mesure jusqu’alors – décréter un boycottage d’un genre nouveau et assez ridicule, frappant d’interdiction de séjour un chef d’État étranger et les membres de sa famille. La rétorsion fut sans effet.
De Charybde en Scylla
La volonté de « chasser le dictateur » n’était d’ailleurs pas évidente de la part de ceux qui, tel Jacques Foccart, considéraient que le départ de Mobutu précipiterait le Zaïre de Charybde en Scylla. Encore moins de la part de George H. Bush, président des États-Unis et ancien patron de la CIA, laquelle gardait une certaine tendresse à l’égard du commandant en chef de l’armée congolaise qu’elle avait contribué à propulser, en 1965, à la tête de l’État.
L'opus est produit par le label Woti Production qui fait partie de la maison des humanités fondée par l'artiste. La sortie digitale de l'album est prévue ce vendredi 9 septembre 2022
Il est l'un des brillants intellectuels sénégalais. L'économiste Felwine Sarr est très connu dans le paysage culturel sénégalais grâce à ses écrits et ses pensées profondes. Dans la famille Sarr, la musique n'a pas de secret. Parmi les membres de famille, on trouve des auteurs, des compositeurs et des interprètes reconnus dans des styles très divers.
L'aîné, Felwine Sarr, vient de sortir son nouvel album avec des titres magnifiques à vous couper le souffle.
L’album ‘’Naïssan’’ est composé de titres intimistes composés dans la pure tradition du songwriting. Les textes et les mélodies y sont d’une grande puissance évocatrice. S’y côtoient et fusionnent l’afro-folk, la chanson à texte et les accents reggae. Les sels marins s’y mêlent aux rosées des mille collines et aux artères des bolongs. Dans cet album, résonnent ses langues de prédilection que sont les traces sensibles de la poésie et de la spiritualité.
L'album est produit par le label Woti Production qui fait partie de la maison des humanités imaginée et fondée par l'artiste Felwine Sarr. La sortie digitale de l'album est prévue ce vendredi 9 septembre 2022.
ABDOULAYE BATHILY AU PALAIS PRÉSIDENTIEL
Le nouveu représentant spécial des Nations unies en Libye est venu solliciter les conseils du chef de l’État, président en exercice de l’Union africaine pour la réussite de sa mission
Le président de la République, Macky Sall, a reçu mercredi le professeur Abdoulaye Bathily. Le désormais représentant spécial des Nations unies en Libye est venu solliciter les conseils du chef de l’État, président en exercice de l’Union africaine (UA) pour la réussite de sa mission, compte tenu de la complexité de la crise, a écrit la présidence de la République.
LES PRÉMICES D'UNE BAISSE DES PRIX
Est-ce le bout du tunnel pour les consommateurs ? Alors que les Sénégalais sont confrontés à la hausse généralisée des prix des denrées de première nécessité depuis plusieurs mois, le ministère du Commerce a fait état d’une petite lueur d’espoir
Est-ce le bout du tunnel pour les consommateurs ? Alors que les Sénégalais sont confrontés à la hausse généralisée des prix des denrées de première nécessité depuis plusieurs mois, le Ministère du Commerce et des Petites et moyennes entreprises (Pme) a fait état d’une petite lueur d’espoir. Les prix de certains produits ont tendance à se stabiliser voire amorcer une baisse sur le marché. C’est, du moins, le constat fait par le Directeur du commerce intérieur (Dci), Oumar Diallo, dans son exposé lors du Conseil national de la consommation organisé, hier, au Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices) à Dakar. Ainsi, souligne-t-il, une baisse des prix est constatée actuellement sur certains produits et les perspectives sont bonnes. « Malgré une situation internationale compliquée, nous espérons un bon approvisionnement du marché et éventuellement la baisse des prix », indique Oumar Diallo. À titre d’exemple, il cite la bouteille de 20 litres d’huile qui est vendue actuellement à 25 000 FCfa contre 29 000 FCfa il y a quelques mois.
Mesures d’atténuation
L’espoir est également permis à ses yeux, pour le sucre, notamment grâce aux mesures prises par l’État comme la suppression de la Taxe conjoncturelle à l’importation (Tci). « La disponibilité du produit est constatée. Et le kilogramme est vendue à 600 FCfa. Il y a de réelles possibilités d’assurer la gestion et la stabilité des prix, mais également la disponibilité du produit », poursuit le Directeur du commerce intérieur.
Concernant le riz, là aussi, malgré l’instabilité du marché, les perspectives augurent de la disponibilité du produit, notamment grâce à la production locale. « Sans les mesures de l’État telles que le remboursement en avoirs qui renforce la trésorerie des importateurs, la tonne allait coûter plus de 325.000 FCfa contre 305.000 FCfa actuellement. Nous pourrons atténuer les chocs malgré les menaces qui pèsent sur l’exportation du riz indien », soutient Oumar Diallo.
S’agissant du blé, le Directeur du Commerce intérieur, après avoir déploré les impacts de la crise géopolitique sur cette denrée, estime que la poursuite des politiques de soutien de l’État pourrait contribuer à un approvisionnement correct du marché. « Une baisse est constatée depuis deux mois, dit-il, notamment grâce aux mesures de soutien assez fortes mises en place par l’État, à travers un dispositif de compensation financière ». Si la dynamique de collaboration est maintenue avec les meuniers, affirme Oumar Diallo, le produit sera disponible et l’équilibre sera maintenu entre le prix de la farine et du pain.
Si aucun pays n’est épargné, au Sénégal, à défaut de disposer de réels leviers pour juguler l’inflation, le gouvernement a, au moins, réussi à éviter des pénuries. « Dans certains pays, on a vu des queues sur 500 mètres pour acheter de l’huile. Mais ici, malgré la hausse des prix à l’échelle internationale, le marché est bien approvisionné », soutient M. Diallo.
Renforcer le contrôle des prix
Pour le représentant de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts), Mbaye Sarr, après les efforts d’accompagnement, l’État doit songer à renforcer le contrôle afin de soulager les ménages. « Les populations sont fatiguées. Les prix augmentent du jour au lendemain. Il faut que l’État aille plus loin pour trouver des mécanismes permettant de soulager les consommateurs, notamment à travers un renforcement du contrôle des prix dans les marchés », propose-t-il. Le syndicaliste invite le gouvernement à réorienter les subventions vers la production pour plus d’efficacité. De son côté, le représentant du Groupement économique du Sénégal, Babacar Seck, suggère une meilleure collaboration entre les ministères de l’Élevage et des Productions animales, de l’Agriculture et de l’Équipement rural et celui du Commerce et des Pme, pour un meilleur approvisionnement du marché en produits locaux.
SITOR NDOUR ENTENDU CE JEUDI
L’ancien directeur du Coud, Sitor Ndour, sera entendu le 8 septembre prochain par le juge d’instruction dans le dossier de viol présumé qui l’oppose à une employée de maison, âgée de 17 ans
L’ancien directeur du Coud, Sitor Ndour, sera entendu le 8 septembre prochain par le juge d’instruction dans le dossier de viol présumé qui l’oppose à une employée de maison, âgée de 17 ans. D’ailleurs, celle-ci a été auditionnée, mardi.
L’affaire de viol présumé sur une mineure qui vaut à l’ancien directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), Sitor Ndour, une détention préventive depuis un mois connait un rebondissement. La jeune employée de maison, âgée de 17 ans, a été auditionnée, hier mardi. Suivront les trois témoins, l’audition de M. Ndour et la confrontation entre les deux parties. La jeune employée de maison, âgée de 17 ans, qui accuse l’ancien directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), Sitor Ndour, de viol, a longuement été auditionnée, hier, par le juge du deuxième cabinet. Le face à face s’est déroulé entre 10 et 14 h. La présumée victime a confirmé ses propos tenus à l’enquête, faisant état d’un viol qui serait commis par le responsable politique, quelques jours après la fête de la Tabaski, alors qu’elle venait à peine d’être embauchée. Au cours de l’enquête, le mis en cause qui est en détention depuis le 04 août, avait nié les faits, accusant la gamine de chantage et d’extorsion de fonds. Il avait soutenu avoir porté plainte contre son accusatrice pour diffamation.
À en croire nos sources, le juge d’instruction comptait interroger le sieur Ndour, hier, mais l’audition de la mineure a pris plus de temps que prévu. Elle a été entendue en présence de sa maman. Les trois témoins cités dans ce dossier vont être auditionnés aujourd’hui. Prochainement, ce sera le tour de l’ancien directeur du Coud. Les confrontations entre les deux parties suivront dans les prochains jours. Selon Me Ousmane Sèye de la défense, Sitor Ndour sera entendu le 8 septembre prochain. L’avocat a précisé que le mandat de dépôt n’est pas obligatoire et qu’il compte introduire une demande de liberté provisoire pour son client.
par l'éditorialiste de seneplus, tidiane sow
LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Je veux vous inviter à renoncer à une éventuelle troisième candidature pour un troisième mandat. Pourquoi emprunter ces chemins escarpés, suivis par ces dinosaures qui ont conduit leur pays vers le chaos ?
« Dans le monde politique, il n’y a pas de différence entre le monde politique et le monde réel, dans le monde réel si... »
Monsieur le président, au nom de tous ceux qui n’ont pas droit à la parole, j’ai le privilège de pouvoir m’adresser à vous à travers cette tribune.
C’est une lettre que j’aurais aimé vous remettre main à main et vous observer la lire.
Je suis sûr que vous mesurez, comme chacun d’entre nous, les temps durs auxquels nous faisons face, mais je ne voudrais pas vous entretenir de cela aujourd’hui.
Mon propos sera simple : je veux vous inviter à renoncer à une éventuelle troisième candidature pour un troisième mandat.
Nous savons que nos lois peuvent toujours offrir dans leur lettre, des angles d’interprétation sémantique, dans lesquels s’engouffrent les hommes de peu de vertu.
Nous savons aussi que ces lois peuvent être portées par leur esprit et que, dans ce cas on loue la volonté et de la conscience de ceux qui les respectent.
Vous avez le Sénégal au coeur, comme vous l’écrivez, monsieur le président, vous devez alors y faire ce que font les grands hommes. Il vous incombe de perpétuer la grandeur de ces hommes illustres qui y ont vécu.
N’oubliez pas que la victoire de 2012, celle qui vous met le pied à l’étrier, était celle du peuple sénégalais tout entier, contre la troisième candidature du président Wade.
Le peuple à l’unisson avait dit qu’il ne voulait plus d’un troisième mandat au Sénégal.
Je me rappelle nos discussions de coin de feu où vous confiez que vous vouliez imiter les grandes nations, réduire la durée et le nombre de mandats. Quelle ferveur lors de ces conversations ! Quelle grandeur vous habitait en ce moment là !
Qu’est-il advenu de cette ferveur ? Qu’est-il advenu de cette grandeur ? Je me pose cette question quand j’entends de votre bouche un cinglant « ni oui, ni non ».
Ne pas se présenter à un troisième mandat est un choix qui s’impose monsieur le président. Le Sénégal sera encore plus grand parce que grand, vous aurez fait ce choix.
Le Sénégal est grand, étant l’un des rares pays africains à ne pas connaitre de coup d’État.
Le Sénégal est grand, parce que les transitions s’y sont faites dans les urnes et non par les armes.
Nous voudrions que ceux qui viendront après nous, puissent dire que nous avons perpétué la grandeur de nos grands hommes, je pense à El hadj Omar, Lat Dior, Ahmadou Bamba, El hadj Malick Sy, Cheikh Anta et bien d’autres encore. Nos valeurs d’antan définiront encore longtemps notre avenir parce que nous les aurons transmises telles quelles à nos enfants. *
Rappelez-vous, le frisson de fierté que vous fîtes courir au pays, quand majestueux, vous déclarâtes urbi et orbi, réduire votre mandat de 7 ans à 5 ans. De ce jour, nous marchâmes la tête haute, le torse en avant.
Nous portâmes tous, cette fierté d’être un Sénégalais dans le monde. Cet état de félicité ne dura malheureusement pas longtemps. Nous restâmes en rade devant la porte de l’Histoire pourtant faite pour nous, comme retenus par cette sentinelle devant la porte de la loi, chère à Kafka.*
Vous avez préféré un proverbe latin (verba volant, scripta manent) à un proverbe pulaar (Haala ko ndyam, so rufi boftotaako)*
Nous fumes surpris de voir votre promesse non tenue.
Vous étiez, opposant, en première ligne pour dire qu’Abdoulaye Wade ne pouvait faire un troisième mandat.
Président, vous avez fait réviser la Constitution en y apposant que « nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs ».
Que s’est-il passé depuis lors pour qu’une prise de position soutenue en un moment donné, ne le soit plus quelques années plus tard ?
La réponse serait-elle : rien n’a changé monsieur le président, sauf vous ?*
Allons-nous répéter cette erreur ? Personne d’entre nous n’ose le penser.
De toutes les bouches que la faim, les inondations et les difficultés de la vie font s’ouvrir, on n’entend bruire qu’un seul refrain : non au troisième mandat
Monsieur le président, écoutez-les !
Un troisième mandat ? Pourquoi faire ? 12 ans de pouvoir n’est-ce pas assez pour imprimer les politiques que l’on veut ?
Pourquoi envisager d’emprunter ces chemins escarpés, suivis par ces dinosaures qui ont conduit leur pays vers le chaos ?
Pavez juste le chemin, le reste suivra.
Votre avenir est devant vous. Les possibilités multiples s‘offrent à vous. Il vous suffira de traverser la rue, comme dirait l‘autre. Les Nations unies, la Francophonie seront des ilots d’abondance et de notoriété pour vous.
Votre aura dépassera alors les frontières du Sénégal et en 2029 vous n’aurez que 68 ans. Vous serez peut-être même surpris : le peuple vous regrettera et vous réclamera ! Ce sera votre moment !
Souvenez-vous : vous avez gagné des batailles. Vous avez lutté contre des concurrents redoutables : Tanor (paix à son âme), Niasse, Wade, Idy et bien d’autres. Vous les avez tous vaincus. Il vous faut maintenant livrer la bataille la plus rude, celle contre vous même, celle contre votre propre camp. Celle-là est la plus difficile mais elle est aussi celle qui apportera la récompense suprême. Une victoire sur elle vous réconciliera avec vous même. Elle effacera vos errances comme la Mecque absout les péchés. Ce sera la lueur du commencement pour un Sénégal meilleur demain.
Qu’importent les propos des pythonisses qui se bousculent à votre cour et vous prédisent une victoire. Elle ne sera pas belle et des cadavres joncheront le sol.
N’écoutez pas ces sycophantes, point avares en flatteries qui ne cherchent qu’à se repaitre de la bête, et qui vous abandonneront à la moindre escarmouche.
Les goules vous suivront pas à pas pour engloutir ceux qui ne manqueront de tomber sous les balles de vos soldats, mais pas le peuple du Sénégal, car chacun d’entre eux, paiera son écot pour que le Sénégal reste grand.
Vous êtes à nouveau devant la porte de l’Histoire, monsieur le président. Cette fois, dites à la sentinelle qu’elle est faite pour vous.* Elle vous laissera rentrer.
Dr Tidiane Sow est coach en Communication politique
Notes :
- Un aphorisme à la Yogi Berra : il s’agit du « monde universitaire » a la place du monde politique dans l’aphorisme original. Berra : manager et coach de MLB
- verba volant, scripta manent : Les paroles s’envolent, les écrits restent.
Haala ko ndyam, so rufi boftotaako : La parole est comparable à l’eau, une fois versée, impossible de la ramasser.
- Discours de Elisabeth II, 5 Avril 2020
- Jacques Laurent : Écrivain et académicien français : À propos de Debré, ancien PM de De Gaulle
- Franz. Kafka : Le Procès : Parabole de la Loi, chapitre IX
LES DAMES AU POUVOIR
Après avoir présidé aux destinées du Conseil économique, social et environnemental, les femmes veulent désormais la présidence de l’Assemblée nationale et celle de la République
L’appétit venant en mangeant, les organisations de femmes qui ont acquis de haute lutte la parité depuis 2010, n’ont plus d’yeux que pour la deuxième institution de la République, en attendant une femme présidente.
Hier, à l’occasion d’une réunion d’évaluation entre le Collectif des organisations de la société civile et le National Démocratic Institute, Safiétou Diop, Présidente du Réseau Siggil Jigéen, est revenue sur l’impératif pour elle de confier l’Assemblée nationale à une femme. ‘’Nous n’avons jamais été aussi proches du but. Pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal, une liste de la coalition au pouvoir a été dirigée par une femme. Elle a mené la campagne et a, malgré tout, quoi qu’on puisse dire, fait gagner sa coalition. Cela prouve, s’il en est encore besoin, que les femmes ont droit de cité dans ce pays. Personne n’ose plus en douter’’.
Le chemin fut assez long : 1975-2022, c’est près de 50 ans de lutte. D’année en année, des efforts ont été réalisés jusqu’à l’adoption de la loi sur la parité, en 2010. Laquelle a largement contribué à booster la présence des femmes au niveau des instances électives. Aujourd’hui, sur les 165 députés que compte l’Assemblée nationale, 73 sont des femmes, soit un taux de 44,2 %. En 2012, à la suite des premières élections sous l’emprise de la loi sur la parité, le Parlement comptait 65 femmes sur 150, soit un taux de 42,7 % ; 69 sur 165 députés en 2017 (41,8 %). Il y a des avancées notoires certes, mais pas assez. Les femmes en veulent toujours plus. Dernièrement, elles ont même réussi à obtenir des décisions de justice invalidant des bureaux municipaux pour non-respect de la parité. Jusque-là, beaucoup de collectivités territoriales faisaient fi de la loi sur la parité, quand il s’agit de choisir les adjoints aux maires. Des juridictions sont même allées jusqu’à souligner que si le maire est, par exemple, un homme, son premier adjoint doit être obligatoirement une femme.
Un autre combat de gagné pour les femmes. Selon Safiétou Diop, la loi sur la parité a été un vrai catalyseur. ‘’Depuis l’avènement de cette loi, on se bat pour son application effective. Lors des dernières Législatives, tous les efforts ont convergé vers l’émergence de plus de leadership des femmes. La campagne a montré qu’il y a une émergence effective d’un autre type de leadership féminin’’, insiste la membre du Cosce. ‘’Nous nous sommes battues pendant plus de trois générations. Ces résultats, nous le devons aux efforts de toutes les femmes et à toutes les organisations comme le Cosce qui, depuis 1999, œuvre dans ce sens. Ce travail de longue haleine a porté ses fruits, mais il ne faut pas pour autant baisser les bras. Il faut poursuivre la lutte, parce qu’il y a encore des efforts à faire’’, conseille-t-elle.
Désormais, les seuls combats qui vaillent pour la femme leader, c’est l’Assemblée nationale et la présidence de la République. ‘’Il est temps que les femmes soient portées à la tête de l’Assemblée nationale pour montrer de quoi elles sont capables. Voilà pourquoi on se bat pour l’atteinte de cet objectif. Les femmes ont prouvé qu’elles étaient compétentes dans les différents ministères et directions ; elles ont prouvé à la tête des deux institutions que sont le Conseil économique, social et environnemental et le Haut conseil des collectivités territoriales. Il faut aussi leur confier l’Assemblée nationale et la présidence pour boucler la boucle’’, confie la présidente de Siggil Jigéen.
Pour elle, la campagne pour les dernières Législatives est de bon augure, avec davantage de femmes qui se sont illustrées comme de véritables leaders. ‘’Les femmes ont tout pour diriger les plus hautes institutions de ce pays. Elles ont le parcours académique, professionnel et maintenant politique qu’il faut pour faire bouger les lignes. Il faut reconnaitre que la loi sur la parité a été un catalyseur’’.
Par ailleurs, malgré les avancées, des obstacles se dressent sur le chemin des femmes. A commencer par la présidence de l’Assemblée nationale. Ces obstacles semblent avoir un dénominateur commun, de l’avis de Safiétou Diop : le machisme des hommes boulimiques.
Selon la présidente du Réseau Siggil Jigéen, il s’agit précisément de la boulimie des hommes politiques pour le pouvoir et l’argent ; le déficit de reconnaissance des capacités des femmes à diriger malgré toutes les preuves et, enfin, le déficit de patriotisme de certains qui n’acceptent pas que les femmes puissent servir aux niveaux les plus élevés de responsabilité.