CANCER MORAL
En s’affichant avec un être aussi insignifiant dans son comportement que Djibril Ngom, le président montre définitivement qu’il n’en n’a cure de la République et des valeurs qui la sous-tendent
L’image est déshonorante, le symbolisme du lieu désacralisé et la rencontre si avilissante.
Il est de notoriété publique que le président n’a jamais compté sur un bilan positif de sa gouvernance pour acquérir l’adhésion populaire des Sénégalais. Un combat perdu d’avance. On le savait fourbe, calculateur et prompt à user et à abuser des pouvoirs que lui confère son puissant statut de chef de l’État pour étouffer toute velléité contestataire et empêcher l’opposition d’exister. Toutefois, on ne pouvait jamais penser qu’il pousserait le bouchon de la perfidie morale aussi loin.
Passe encore sa propension à recycler et à propulser des voleurs de deniers publics épinglés par des organes de contrôle de l’État à tête de prestigieuses institutions de la République. Passe encore son incapacité à tenir solidement la barre de la nation par ses atermoiements et ses revirements spectaculaires au moment de prendre les grandes décisions. En revanche, qu’il se montre aussi ostentatoire dans le piétinement de la sacralité de l’État avec des scènes dignes des exploits de Al Capone, c’est le comble de la démesure et de l’effronterie étatiques! Comment ose-t-il recevoir avec tant d’égards un voleur notoire et traitre universel dans l’enceinte du palais présidentiel ? En s’affichant avec un être aussi insignifiant dans son comportement que Djibril Ngom, le président montre définitivement qu’il n’en n’a cure de la République et des valeurs qui la sous-tendent. Il confirme l’adage qui soutient que ceux qui se ressemblent s’assemblent.
Le combat que les Sénégalais épris de justice et pour lesquels la fibre morale a encore une quelconque signification doivent mener n’est plus uniquement celui du remplacement d’un homme politique par un autre, mais c’est l’urgence de se débarrasser d’un fléau pire que le cancer. Une maladie du corps ça se soigne, mais quand un peuple touche le fond de la déchéance morale, il se désagrège et se relever devient quasiment impossible.