CE VISAGE DE JANUS SALL QUE NOUS AIMERIONS VOIR SI SOUVENT
Il serait souhaitable qu’en ce moment de grâce où le peuple est sur un nuage après le triomphe de ses Lions à la Chan, le président fasse balle à terre. Qu’il fasse libérer tous ces jeunes emprisonnés pour des motifs politiques véniels
Par un hasard extraordinaire, j’ai retrouvé dans le discours du président de la République, prononcé dimanche alors qu’il recevait en son Palais les « Lions » victorieux au Chan et à la Can de Beach Soccer, l’expression qui m’est venue à l’esprit juste après le pénalty raté de l’Algérie synonyme de sacre pour nos représentants ce samedi. Je me suis dit intérieurement, en effet, qu’on assiste décidément à un extraordinaire alignement des astres ces temps-ci (les beaux esprits se rencontrent !) en faveur de nos équipes nationales de football et de beach soccer, certes, mais surtout pour le capitaine de la team Sénégal à savoir le président de la République.
Macky Sall l’a dit, ces victoires sont d’autant plus belles qu’elles ont été remportées sous la direction d’entraîneurs nationaux après des décennies de campagnes infructueuses menées avec des « sorciers blancs » ayant coûté une fortune au Trésor public sans résultats probants. A tel point qu’on avait fini par désespérer de nos équipes nationales évoluant dans le sport roi! Mais surtout, elles sont survenues sous son magistère, lui, Macky Sall, quatrième président du Sénégal, né après l’indépendance de notre pays et, très significatif, pur produit de l’école sénégalaise. Comme quoi, il faut croire à l’expertise nationale et aussi aux immenses ressources de notre pays et de son peuple.
C’est donc la bonne étoile de l’actuel président de la République qui aura permis à notre football de trôner sur le toit de l’Afrique en remportant tour à tour, et en une année d’intervalle, la prestigieuse Coupe d’Afrique des Nations de football (CAN), la Coupe d’Afrique de football de plage et, dernier trophée en date, celui du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN), une compétition opposant les équipes nationales composées de joueurs évoluant au niveau local. Et donc expurgées des professionnels qui évoluent en Europe, en Asie ou même dans d’autres championnats africains plus relevés comme ceux des pays du Maghreb.
Il aura donc fallu à notre pays attendre 62 ans après son accession à la souveraineté internationale pour voir la chance lui sourire enfin. Sous l’égide, on l’a dit, d’entraîneurs nationaux et aussi d’un président de la République « autochtone » qui a mis nos footballeurs dans des conditions telles qu’ils nous ont valus les satisfactions que nous savons. A preuve par les récompenses offertes ce dimanche à nos champions — à savoir dix millions de francs et un terrain de 500 m2 pour chaque joueur et chaque membre de l’encadrement —et sur lesquelles nul n’a trouvé à redire. Pour avoir soutenu dans ces mêmes colonnes que les primes offertes à l’équipe nationale de football A après sa performance en demi-teinte au « Mondial » qatari n’étaient pas méritées, nous ne sommes que d’autant plus à l’aise pour affirmer que les cadeaux faits aux poulains de Pape Thiaw et de Mamadou Diallo sont la juste rétribution de leurs efforts héroïques pour avoir porté haut les couleurs de notre pays sur tous les terrains du continent.
A propos de terrain, les footballeurs sénégalais se sont vus offrir l’infrastructure sportive la plus moderne d’Afrique à travers le stade Abdoulaye Wade construit par le président Macky Sall. Au lendemain de l’inauguration de ce bijou — et de la victoire à la Can camerounaise —, d’ailleurs, nous écrivions dans ces mêmes colonnes qu’on sentait un frémissement de la jeunesse en faveur de l’actuel président de la République. Hélas, le soufflé était retombé depuis. Souhaitons qu’il gonfle à nouveau !
Balle à terre, Sadio Macky !
En parlant de bonne étoile et d’alignement des astres, on ne peut évidemment manquer de mentionner le fait que c’est également sous l’actuel chef de l’Etat que le Sénégal va entrer dans le cercle restreint des « happy few » producteurs de pétrole et de gaz. Surtout, les trophées remportés sur les « Chan » de bataille sportifs viennent couronner un début d’année 2023 particulièrement faste pour le président en fin de mandat de l’Union africaine avec la tenue tour à tour à Dakar de deux sommets réussis sur la souveraineté alimentaire du continent et aussi le financement des infrastructures. Le fait aussi d’avoir, en moins d’un mois d’intervalle, réussi à recevoir en audience la présidente du Rassemblement national, Mme Marine Le Pen — une audience pour laquelle nous avions plaidée — et aussi d’avoir rencontré à Paris son homologue Emmanuel Macron s’inscrit dans le registre du grand art diplomatique notre pays ayant intérêt à parler à tout le spectre politique hexagonal.
Bien évidemment, c’est ce visage gagnant et conquérant du président de la République que nous aimerions voir plus souvent et non cette face sombre d’emprisonneur d’opposants, les dernières manifestations fâcheuses de ce visage de tyran que nous ne saurions voir étant l’arrestation à Diourbel, ce weekend, de neuf militants de l’opposition pour avoir…distribué des flyers ! Sans compter ces jeunes gens interpellés à Dakar jeudi dernier, en marge de la convocation de l’opposant Ousmane Sonko devant le tribunal régional hors classe de la capitale pour y répondre de faits de « diffamation ».
Pour utiliser une métaphore footballistique, il serait hautement souhaitable qu’en ce moment de grâce où le peuple sénégalais est sur un nuage après le triomphe de ses « Lions « à la Chan, le président de la République fasse balle à terre et apaise la situation. Qu’il saisisse au rebond le ballon que jonglait le leader de Pastef jeudi devant son domicile et libère tous ces jeunes gens emprisonnés pour des motifs politiques véniels!
En parlant toujours de Macky Sall et d’Ousmane Sonko, ces deux hommes doivent laisser le…Chan libre au dialogue qu’appellent de leurs vœux aussi bien Alioune Tine, le président d’Afrikajom Center, que Youssou Diallo, dirigeant du think tank Club Sénégal émergent. En plus de beaucoup de guides religieux. Et si comme Janus, le dieu romain de l’Antiquité, Macky Sall a deux visages, eh bien nous n’aimerions voir que celui du leader grand bâtisseur et à qui tout réussit plutôt que l’autre ! Après la victoire en chantant acquise à la Chan, vivement donc que nous vivions un Sénégal enchanté…