DAKAR CENTRAL PARK, FÉLICITATIONS À NOUS !
Accorder ne serait-ce que la moitié de l’espace de l’ancien aéroport aurait été un signal fort pour un avenir écologique. Dans les pays dits développés, les parcs sont des projets de développement
Au-delà de l’attribution par le président de la République d’une partie aussi infime soit-elle de l’ancien aéroport pour un parc naturel, ce qui est à souligner, reste la mobilisation collective pour demander que Dakar ait un nouveau poumon vert.
En effet, plus de 23 300 personnes ont depuis janvier 2020 soutenu une pétition afin que le béton recule au profit du vert et c’est à ce jour la plus importante mobilisation citoyenne via le digital au Sénégal.
Félicitations donc à nous pour y avoir cru et pour avoir permis à la démocratie de boire un bol d’air frais car c’est une demande du peuple qui a été entendue.
10 hectares sur 600, est-ce suffisant ?
Il est évident que 10 hectares sur 600, c’est une goutte d’eau dans l’océan. A travers le monde, tous les parcs urbains dignes de ce nom ne font pas moins de 100 hectares. Le parc de Hann qui se trouve à l’est de Dakar fait à lui seul 60 hectares. La réponse attendue était non pas d’octroyer un espace pour satisfaire la demande populaire mais de comprendre à la fois les enjeux d’une telle infrastructure dans une ville comme Dakar mais aussi de prendre conscience une bonne fois pour toute de la bombe à retardement que devient notre capitale.
Dakar étouffe, elle est défigurée et son littoral qui devait permettre à la ville de respirer, est obstrué par une boulimie foncière alimentée par la recherche d’enrichissement et d’argent facile. Plus aucun endroit n’est sanctuarisé, même une de nos collines des mamelles à fait les frais de la folie humaine qui aujourd’hui se matérialise par un non respect et une dégradation quotidienne est accélérée de l’environnement.
Accorder ne serait-ce que la moitié de l’espace de l’ancien aéroport aurait été un signal fort, un pied mis à l’étrier d’un avenir écologique. Malheureusement, malgré la nouvelle ville de Diamniadio, un organisme étatique comme la Caisse de dépôt aura plus de place avec 30 hectares que le futur parc avec ses 10 hectares.
L’appétit vient en mangeant !
Si nos autorités ne sont pas sensibles à l’écologie, peut-être que l’aspect économique les convaincra que l’environnement et sa préservation sont des facteurs de développement.
Dans les pays dits développés, les parcs sont des projets de développement. On ne compte plus le nombre de villes comme Londres dont l’objectif est de se transformer en grand espace vert.
L’idée est très simple, un Central Park à Dakar, c’est de la création d’emplois dès la phase de construction en passant par l’aménagement et à l’entretien. Au-delà de la nature, de l’introduction des espaces végétales et pour quoi pas animales, ce serait aussi l’occasion de créer des infrastructures sportives pour promouvoir le sport, installer des aires de jeux et des zones de promenade. Un parc urbain, c’est aussi de la mixité sociale, ce qui est impossible dans une énième cité pour milliardaires car le mètre carré à l’emplacement de l’ancien aéroport n’est pas donné.
Faisons de ce parc urbain un prototype de ville durable dans ses notions de gestion de l’eau, d’assainissement, de construction, d’énergie, de gestion des déchets et des transports à travers le vélo par exemple.
Lors du lancement de la pétition, le monde entier a été intéressé par cette idée, à travers des articles jusqu’en Malaisie. Le Sénégal a une occasion de démontrer son leadership et son exemplarité en Afrique. Passons de 10 hectares à 100 et faisons de nos villes des villes durables.
Article préalablement paru dans le magazine Environnementaliste de l’association Oceanium.
Mamadou Sakho est marketeur, militant de l’environnement et entrepreneur social avec la société JANNA (Jardinage et sensibilisation de l’environnement à la protection de l’environnement)