DE SOI ENVERS SOI-MÊME
EXCLUSIF SENEPLUS - LA LETTRE D'AMINATA - Puisque tu n’es que le reflet d’un même Tout, I‘essentiel est de te faire face à toi-même, de te dresser "nu et libre "
Quoi que tu traverses. Moments difficiles ou compliqués. Pour la peur qui gronde lorsque tu t’apprêtes à prendre certaines décisions que tu souhaites pourtant au plus profond de toi. Pour la peur de perdre. De se perdre. Pour la fatigue qui ronge jusqu’aux os. Pour la solitude qui peuple certains jours et qui s’étend aux nuits et aux lendemains incertains.
Pour les combats menés, mais pas toujours gagnés. Pour les abandons. Les larmes. La tristesse. Les doutes. Pour ce moment précis où tu penses que tout cela n’existe que dans ta tête.
Pour tous ces moments passés à te condamner et à te juger inutile, inapte et faible. Pour tous ces moments passés à te jeter la première pierre. Pour ceux-là et tous les autres que j’ignore ou ne saurais citer ...
Je t’écris pour te dire que tu vas bien, et que tu as raison de rendre grâce à Dieu. Au fond de ton cœur, les vieilles herbes sont mortes, les regrets et les souvenirs ont fané, les anticipations et les parfaites espérances quant au futur qui n’est connu que de Dieu ont disparu. Seuls, restent la paix, le calme, la sérénité, la joie simplement de ce cœur qui bat. Il y a également une connaissance sûre et certaine.
Lorsque tu y penses, et ce, malgré toute la difficulté que cela requiert, et que tu interroges ton cœur, il est toujours le même, en paix, serein, heureux. Alors, tu sais que tu peux le faire puisque ton cœur le ressent avec sérénité et quiétude. Tu sais que tu peux le faire puisque c’est là la vérité profonde vers laquelle tu aspires. Prends un moment et réfléchis au pourquoi. Quelle est l’intention derrière ce que tu souhaites faire ?
Dès l’instant où l’intention est claire, le cerf-volant peut prendre son envol.
Tu souhaiterais pourtant rester droit malgré tout et ne pas te plier aux mouvements du vent. À ton sens, c’est cela être fort et inébranlable : ne jamais plier, toujours résister. Mais cher soi, prends un moment, respire et souviens-toi : « Tout ce à quoi on résiste perdure. Tout ce à quoi on fait face disparaît1 ». Lorsque tu te résistes et te caches de ce qui se meut en toi, tu te fais du mal. Lorsque tu fais face à ce qui se meut en toi, tu te fais face. Le cerf-volant en est l’exemple parfait. Un cerf-volant n’a pas pour fonction de rester droit.
Il est destiné dans son essence profonde à ne faire qu’un avec le vent et à swinguer dans la direction où il l’emportera. Lorsque le cerf-volant résiste, il entre en confrontation avec cette même force qui n’est faite que pour faire un avec lui. De cette confrontation résulte une tension négative aussi bien pour les deux éléments que pour l’Univers dans son ensemble. En réalité, on apprend tous les jours à résister. Partout dans le monde, la résistance est célébrée, mais elle est destructrice. Ce n’est pas un hasard si tous les mouvements de résistance portent en eux le germe de leur propre destruction. Ils ne durent jamais. Comment résister à soi-même ?
Puisque tu n’es que le reflet d’un même Tout, I‘essentiel est de te faire face à toi-même, de te dresser « nu et libre2 » comme aimait à le dire Khalil Gibran « pour que tombent tous les voiles qui te sépare de ton moi profond3 ». Un combat embrassé avec joie et dont tu embrasses les sacrifices avec joie te libère. Un combat dont les solitudes et les douleurs nécessaires t’emplissent de bonheur et d’espoir te fait voir au-delà de la douleur immédiate la lumière qui se lèvera toujours, même sur les lendemains les plus obscurs. Qui a foi en l’Ensemble ne peut s’inquiéter jusqu’à se perdre dans les parties. Il est là ton combat aujourd’hui. T’exercer à ne pas perdre de vue l’Ensemble, à garder confiance même lorsque la peur gronde en toi, à être confortable avec la solitude alors que ton être n’y est plus habitué, à apprécier ta réalité même lorsque tu éclates en sanglots, à te rappeler qu’au commencement, Il dit : « Que la lumière soit » et la lumière fut et que depuis cet instant, il n’y a pas de ténèbres assez puissantes pour cacher éternellement cette lumière. Il n’y a que des ombres avec qui nous coexistons et qui sont là pour nous rappeler que « c’est dans la nuit qu’il est beau de croire en la lumière4 », car sans la nuit, la lumière nous serait à jamais voilée, je t’écris pour te rappeler que ça va, c’est bon, même si tout autour de toi semble indiquer que c’est un chaos général, au fond de toi, tu es en paix avec tes choix et tant que tu sais que tu fais bien : fais et va jusqu’au bout.
Je t’écris pour que tu gardes confiance et que tu construises la seule chose qui importe : le présent et qui tu es. Pourquoi fais-tu ce que tu fais ? Si c’était ta dernière journée, es-tu sûre de l’avoir mené de la meilleure manière qui soit et de t’en aller le cœur en paix et l’esprit reposé ? Que l’inconnu ne te fasse pas plus peur qu’un présent de façade qu’on entretient que par intérêt d’un futur imaginé parfait par cet esprit absent. Préfère la solitude et la quête aux certitudes apparentes, faciles et confortables. Quoi qu’il t’en coûte, va au bout de ce que tu sais être vrai au fond de toi-même, vas au bout de tes rêves, écoute ton cœur, reste fidèle, cherche, prie, cherche et garde toujours intacte à l’esprit les intentions qui t’animent.
Ce sont les intentions qui déterminent la réalité de tes actions. Ne les compromets pas, ne les néglige pas, ne les ignore pas.
Veille et sois sûre que Dieu veille sur toi. Garde confiance, et vis le chemin. La fin est la même pour tout le monde, à Lui nous retournerons. Comment ? À chacun de le définir à travers chaque moment ici-bas. La fin est la même pour tout le monde. Trouve le courage d’embrasser ton chemin et d’aller jusqu’au bout. Tu ne peux plus perdre le passé, tu l’as déjà perdu. Tu ne peux pas perdre le futur, il n’existe pas encore. Mais tu peux perdre le présent et tu le perds à chaque fois que tu t’en détournes. Concentre-toi toujours sur le présent, sur le moment que tu vis, à la seconde près. Vis juste pleinement chaque moment, car « l’avenir n’est jamais que du présent à mettre en ordre. Tu n’as pas à le prévenir, mais à le permettre5 ».
Avec amour et compassion.
Retrouvez chaque vendredi votre chronique sur Seneplus.
1 Nale Donald Walsh, Le petit livre de la vie
2 Khalil Gibran, Le prophète
3 Ibid.
4 Edmond Rostand