DES HOMMES S’ENGAGENT POUR DÉFENDRE LES DROITS DES FEMMES
EXCLUSIF SENEPLUS - Ne sommes-nous pas le pays de la Téranga ? Alors faisons en sorte que la gente féminine se sente appréciée et sécurisée dans son propre pays
Avec la fin de l’apartheid, l’Afrique s’est enfin libérée de la domination politique européenne. Mais comme le dit Nelson Mandela, et si justement, il n’y aura pas de liberté tant que les femmes n’auront pas été émancipées de toute forme d’oppression.
Tout système de domination (capitalisme, racisme, patriarcat) produit et se nourrit en retour d’une idéologie visant à maintenir l’hégémonie du système dominant. Il en est ainsi de l’idéologie du libéralisme (pour le capitalisme) de la théorie de la hiérarchie des races, (pour le racisme) et de la supposée infériorité de la femme (pour le patriarcat)
Ce mois de mars, où nous avons célébré la femme sénégalaise, nous a permis de débusquer l’expression idéologique de la domination des hommes sur les femmes à travers la sortie troublante du professeur Songué Diouf sur la chaine de télévision TFM, sortie qui pour tout le moins visait à justifier les violences faites aux femmes.
Cette idéologie s’appuie sur deux (2) béquilles. Mais comme toute béquille, elle rend la marche hasardeuse et ne peut convaincre que ceux qui ne veulent ni entendre ni voir les pas claudiquant tout le long. Car les béquilles ne peuvent pas remplacer les jambes.
La première béquille s’appelle « Victim blaming » (blâmer la victime) ; et la deuxième postule l’existence d’une nature humaine immuable :
- Ainsi les noirs sont « paresseux » », sont dotés d’une « intelligence limitée » et proviennent d’une « civilisation inférieure », ont été des arguments utilisés pour justifier le racisme et le colonialisme ;
- Ou les pauvres sont des « incapables », « l’État ne doit pas intervenir dans le jeu du marché » et le « libre échange accroit le PIB mondial » sont imposés comme des vérités qui sous -tendent la domination capitaliste ;
- Et enfin la femme est « naturellement » inférieure à l’homme. Elle doit « rester à sa place » et assurer son rôle de productrice et de reproductrice s’insurgent les apologistes du patriarcat.
Ils affirment que la femme qui s’habille « sexy », prononce des mots ambigus ou se trouve en situation de promiscuité « invite naturellement » au viol et à l’agression sexuelle. Propos imbuvables mais ce faisant ces apologistes déshumanisent les hommes tous parqués dans un enclos de prédateurs sexuels « naturels », portant leur sexe en bandoulière et qu’il ne faut surtout pas provoquer.
Quelle insulte pour nous les hommes ! Notre cerveau est logé dans notre caleçon !
Ce sont là 2 béquilles sur lesquelles s’appuie la réalité de la domination patriarcale qui comme toute domination se maintient par la violence et la manipulation intellectuelle. Éliminer la violence et la chape de plomb intellectuelle est donc la première étape de la révolution des droits humains à venir, une révolution qui va enfin permettre de réaliser l’ambition d’égalité universelle : entre classes sociales, entre « races » et entre hommes et femmes.
La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 constitue à ce jour le meilleur manifesto de l’humanité conférant à tous égale dignité et égales libertés.
Qu’en est-il de nos femmes ?
Nous Africains noirs descendants de colonisés ou d’esclaves sommes porteurs d’un héritage de cinq siècles de persécutions et de discriminations systématiques; de déshumanisation et d’émasculation barbare (et bien sûr aussi de résistance farouche et de combats acharnés.)
Ceux d’entre nous qui franchissent les océans et déserts qui entourent notre continent bien aimé continuent à être confrontés à des formes de racisme plus ou moins subtiles et ce qu’il s’agisse du monde arabe ou européen ou de l’Asie et de l’Amérique. S’il y a une chose que les suprématistes blancs, jaunes ou arabes (et ils sont nombreux) partagent en commun c’est la croyance que nous autres noirs sommes en bas de l’échelle humaine.
Alors que nous sommes l’humanité originelle et qu’eux n’en sont que des dégénérescences (au sens étymologique et biologique). Cette humanité originelle a eu pour mère Ève l’Africaine. C’est la femme africaine qui a enfanté l’humanité. Ne devrions-nous pas la respecter et la chérir ?
Mais au contraire comme nous vivons dans un monde sexiste nous Africains avons relégués nos propres femmes (nos propres mères) sur la barre la plus basse de l’échelle humaine et comme nous vivons dans un monde violent nous Africains retournons cette violence contre nos propres femmes (nos propres mères) alors que notre émasculation passée venait de notre rencontre avec les autres régions du monde notamment le monde arabe et l’Europe. Pourquoi ne pas rediriger notre colère vers ceux qui nous ont déshumanisé plutôt que contre les plus faibles dans notre société.
Gardons à l’esprit que nombre de femmes chez nous au Sénégal continuent de souffrir de toutes formes de discriminations et de violences au quotidien.
Mais surtout que l’on peut y mettre fin. Il n’y a pas de fatalité et nous pouvons faire évoluer les mentalités en mettant fin par exemple à certaines pratiques dites traditionnelles. Et quand je dis nous je m’adresse avant tout aux hommes. A ces hommes décents qui ne lèveront jamais la main sur une femme ou une fillette. Mais cela ne suffit pas. Ils doivent s’engager, quitter leur sofa et télécommande et prendre action.
Alors de grâce engagez-vous et rejoignez White Ribbon Sénégal pour qu’ensemble nous puissions faire de notre pays un espace de sécurité pour nos femmes et fillettes. Posons-nous en exemple pour les autres pays africains et pourquoi pas pour le reste du monde.
Ne sommes-nous pas le pays de la Téranga ? Alors faisons en sorte que la gente féminine se sente appréciée et sécurisée dans son propre pays.
Pour clore ce mois de la femme offrons donc à toutes les femmes une rose blanche (https://langagedesfleurs.org/rose/rose-blanche/) comme signe de reconnaissance pour nous avoir mis au monde, accompagnés et soutenus tout au long de notre vie et qui après notre départ vers une autre vie seront probablement celles qui iront fleurir nos tombes.