LE MONDIAL DE TATA
Hier en rentrant de voyage, Tons le bien aimé de Tata ne reconnaissait plus sa maison. Il avait à deux ou trois reprises fait le tour du quartier, revenant à chaque fois sur la façade d’une maison à la porte en fer décoratif, peinte en blanc et aux volets bleu d’azur.
Sur le fronton de la bâtisse était inscrit en arabe : « Darou Qatari Sénégal champion du monde ». Tons qui n’avait pas appris l’arabe crut qu’il s’agissait là d’une nouvelle mosquée construite en son absence. Pareille construction ne pouvait se faire sans son aval. Il poussa la porte, et faillit tomber à la renverse.
Au milieu de la cour se tenait Tata en costume de danse orientale. Voile, aile d’Isis, soutien-gorge, ceinture de danse et chaussures. Pour tout dire, elle avait sur elle l’indispensable de la danseuse. Bien que tenant mal dans ses chaussures, Tata s’exerçait via Youtube à exécuter la fameuse hanche orientale et le mouvement du pinceau. Elle accueillit Tons par un « Maraxba bi koum » tout en poursuivant en arabe. Tons, d’étonnement avala sa langue. L’intérieur du salon avait un faux air d’un salon qatari, enveloppé de la voix de Maïs Shalash, chanteuse islamique très populaire à Doha. Se dégageait aussi dans le salon une senteur de l’eau de parfum Aisha. Une senteur vanillée, musquée et boisée. Les narines de Tons s’ouvrirent tel un parapluie. Il entendait vibrer la clameur dans les stades de Qatar. S’adressant à Tata, il dit : « Talal télévision bi, gnin gui Qatar sa féyou gnou touss » (1) (1) Allume la télé. Nous voici au Qatar, sans bourse déliée