MONSIEUR LE PRESIDENT, PRENEZ UN SOIN PARTICULIER A NOS RELATIONS AVEC LA GAMBIE ET NOS AUTRES VOISINS
L’État du Sénégal, sous l’autorité du Président Bassirou Diomaye Faye, doit travailler d’arrache-pied au renforcement des relations avec la Guinée-Bissau, la Guinée Conakry et la République du Mali
Excellence Monsieur le Président Bassirou Diomaye Faye en ayant choisi de consacrer votre première sortie officielle à la République de Mauritanie, vous avez sans doute voulu donner une assurance certaine que les engagements de notre pays pour l’exploitation du gisement gazier Grande Tortue Aymehim, seront tenus. Ce malgré un nécessaire audit. Mais bien plus que cela, votre visite-éclair à Nouakchott sera aussi inscrite dans la géostratégie sous-régionale marquée par des événements déstabilisants. C’est sous ce rapport que nous vous invitons à poser un regard particulier sur la Gambie que nous aurions tort de considérer comme un simple État voisin du Sénégal. La Gambie est, pour notre pays, à l’image du nombril dont la moindre douleur affecte sensiblement la vitalité des autres organes humains. Point n’est besoin de faire un cours de géographie pour vous édifier sur l’organisation administrative de la Gambie. Vis à vis de ce pays, tout nous commande de veiller strictement sur sa sécurité et ses relations internationales.
Pour mémoire, nous convoquons des faits historiques. En 1981, une tentative de coup d’État des éléments de la Field force (police gambienne) était déjouée. Quelques mois après, précisément dans la nuit du 29 au 31 juillet 1981 intervint le coup de force sanglant de Kukoï Samba Sagnang. Deux tentatives de renversement de l’ordre constitutionnel dans ce pays que l’armée sénégalaise a fait échouer avec les opérations Fodé Kaba 1et 2.
Le 22 juillet 1994, un autre coup d’État dirigé par James Junkung Jammeh ou Yaya Abdou Aziz de son nom musulman, a définitivement sonné le glas politique de Sir Daouda Kaïraba Diawara, Président de la Gambie depuis son indépendance en 1969.
Le Sénégal, un pays gendarme !
Excepté le coup de Yaya Jammeh, toutes ces opérations insurrectionnelles ont été désamorcées au prix de lourds sacrifices consentis par le Sénégal sous l’autorité du Président Abdou Diouf. Un Président à l’image d’un « gendarme » ami qui s’est toujours déployé en Gambie pour la sauver du chaos. N’eût été sa grande lucidité et, surtout, son courage sous-tendu parle professionnalisme de nos forces armées, la Gambie aurait échappé définitivement à l’emprise géostratégique du Sénégal. Cette emprise a été consolidée à la faveur du pacte confédéral signé dans la ville gambienne de Kaur, en novembre1981. Un pacte créant une confédération entre la Gambie et le Sénégal malheureusement minée par d’autres pays ouest-africains, en intelligence avec la Grande Bretagne qui entendait garder la Gambie dans le Commonwealth l’équivalent anglophone de la Francophonie.
Outre ce rappel historique procédant du devoir de mémoire, le président Bassirou Diomaye Faye se doit de comprendre parfaitement que notre sûreté nationale et notre sécurité sont et seront à jamais étroitement liées à celles de la Gambie. Les Gambiens, tel qu’ils le disent, sont dans la même disposition d’esprit et savent que le fameux « mboka » (le lien de parenté) entre eux et nous date de la nuit des temps et continuera à résister à toute forme de division.
Dans la même veine, l’État du Sénégal, sous l’autorité du Président Bassirou Diomaye Faye, doit travailler d’arrache-pied au renforcement des relations avec la Guinée-Bissau, la Guinée Conakry et la République du Mali. Des pays caractérisés par la prééminence militaire sur le processus démocratique. Lequel y échappe au contrôle des partis politiques.
Dans l’ensemble de sa diplomatie, le Sénégal a intérêt à situer prioritairement les pays qui l’entourent y compris bien sûr la République du Cap-Vert. Concernant la Mauritanie, « Le Témoin » a déjà exposé les raisons qui imposent l’approfondissement et la consolidation de nos relations avec elle. Car, comme le dit l’adage, on peut choisir ses amis guère ses voisins qui, eux, s’imposent naturellement à soi.