PERE NOEL, APPORTES-NOUS UN ETAT DE DROIT, UNE NATION EMERGENTE !
Il suffit de voir ou entendre les insanités sur les médias sociaux pour se rendre compte qu’on touche de plus en plus le fond.
Comme tous les enfants qui rêvent de voir le père noël toquer à leurs portes, je voudrais moi aussi le rencontrer pour que mes prières soient exaucées. Comme à son habitude, le père noël satisfait les vœux des innocents enfants en leur apportant des cadeaux inespérés. Pour le cas du Sénégal donc, papa noël devra être aussi pragmatique que possible à cause de la pléthore de souhaits et de cadeaux attendus par le peuple.
Cette année, Noel coïncide avec une situation préélectorale dans notre pays, moment d’habitude fatidique pour les nations africaines. La cohésion sociale et la stabilité, seules marques de fabrique dont pouvait se glorifier notre pays devant ses voisins, commence à s’effriter même si le peuple préfère faire l’autruche. Il suffit de voir ou entendre les insanités sur les médias sociaux pour se rendre compte qu’on touche de plus en plus le fond. Si le miracle du père noël auquel croit tout enfant rêveur n’agit pas sur les humeurs et les ardeurs, notre pays fera son entrée en 2019 de manière fracassante comme en Janvier 2012. Tous les ingrédients sont réunis pour que cette cohésion tant chantée cède sa place à une mêlée générale.
Sur le plan social, malgré les mesures prises telles que la Couverture Maladie Universelle (CMU) et les bourses de sécurité sociale, certaines populations continuent toujours de vivoter et arrivent rarement à tirer leur épingle du jeu. Le « goorgoorlu », ce citoyen dont la bourse est plus légère qu’une feuille morte, se saigne aux quatre veines mais peine toujours à assurer les trois plats quotidiens. L’épargne et le toit, il ne peut se payer le luxe d’y penser. Il se résigne à vivre au jour le jour et à louer pour avoir un toit. Peut-être qu’en 2019, le père noël aidant, les femmes et les hommes qui vivent dans le seuil de la pauvreté ou dans la pauvreté chronique en sortiront.
Sur le plan économique, papa noël devra mettre les bouchées doubles pour que les jeunes diplômés sur le marché du travail trouvent un emploi décent. Ces jeunes sans-emploi ou chômeurs ont vu leurs rêves s’en aller et certains n’ont pas hésité de reprendre les bateaux de fortune pour chercher un Eldorado qui n’existe que dans leurs cauchemars. Ils ont renoué avec l’aventure parce que tout simplement les 500 000 emplois promis par le régime finissant n’ont pas été atteints. Nonobstant la Délégation à l’Entreprenariat Rapide (DER) qui a été mise sur pied récemment par le chef de l’Etat et financé à coût de milliards. Le seul bémol est que la DER donne la chance plus aux petits entrepreneurs qu’aux chômeurs. Père noël ne devra pas non plus oublier la situation des pêcheurs de Guet-Ndar qui ont reçu plus de 400 autorisations de pêcher dans les eaux mauritaniennes lors de la visite récente du ministre de la pêche. Une pensée pour eux s’impose tout de même face à la maudite brèche qui ne cesse de décimer cette populatuon.
Visibles de partout, les infrastructures ont fini de transformer l’environnement physique où évoluent les enfants du père noël que nous sommes. Beaucoup d’édifices sont inaugurés, les uns aussi épatants que les autres. La joliesse de l’Arène Nationale, la magnificence du Dakar Arena, l’attractivité du Musée des Civilisations Noires et l’intéressante autoroute Ila Touba ont fini par éblouir le regard des plus insensibles et pessimistes. Mais ce que le père Noel devra nous donner comme cadeau sur ce registre, c’est la transparence dans le financement et le sérieux dans la gestion. Le tohu-bohu qui a entouré la question de l’Arène nationale (don de la Chine ou œuvre de l’Etat du Sénégal ?) et les coûts des autoroutes jugés énormes ne devront plus exister, papa noël ! D’ailleurs la prolongation du contrat de la Senac en contrepartie d’une réduction dérisoire des tarifs du péage est une preuve éloquente de cette mauvaise gestion.
Enfin, père noël, quand tu descendras du ciel, n’oublies pas de nous amener comme cadeaux une justice pour tous dans un pays de tous. Oui, une justice équitable devant laquelle tous les sénégalais devraient être d’égale dignité. Une justice qui respecte le droit dont le principe de la généralité et du caractère impersonnel est un des fondamentaux. Si pour les secteurs susmentionnés, un travail remarquable a été fait jusqu’ici, sur le plan de la justice, il y a encore un long chemin à faire.
Je te rappelle ici père noël ce que disait le président Macky Sall sur la nécessité d’avoir un Etat de droit. En visite en Casamnace au début de son mandat, Macky Sall révélait: « l’une de mes premières missions, ce n’est pas de construire des routes, des autoroutes et des ponts. La première mission c’est de reconstruire l’Etat de droit. Or l’Etat de droit, on va l’apprécier de façon immatérielle. Ce n’est pas un bâtiment qu’on verra pour dire que ça c’est un Etat de droit. Mais ce sont des valeurs, ce sont des principes, c’est l’égalité des citoyens devant la loi, c’est la lutte farouche contre la corruption et le népotisme ». L’Etat de droit dont rêvait le chef de l’Etat sénégalais demeure, père noël, l’idéal que nous recherchions en 2018 et que nous continuerons de rechercher en 2019 surtout pour ce qui concerne de la transparence des élections, du respect de la liberté de choix, de l’éradication des achats de conscience qui ne sont rien d’autre qu’une autre forme de chantage et de corruption.