TREMPER NOS PLUMES DANS NOS PLAIES
EXCLUSIF SENEPLUS - Tahirou Sarr n’est hélas pas le seul hurluberlu autoproclamé « expert », à squatter plateaux télé et sites d’infos en mal de programmes dignes du nom. Le milieu médiatique doit se faire violence pour réaliser son aggiornamento
« Le pouvoir n’est pas une chose simple. Il pénètre toujours le corps de celui qui en exerce la réalité avec son petit souffle de folie. ll transforme l’être, change son regard sur la société et peut aller jusqu’à bouleverser tout son référentiel axiologique au point que l’agneau le plus doux et le plus consciencieux peut devenir, au fil du temps, un monstre froid, de feu et de fer. » - Mamoudou Wane, Journaliste.
Ce mardi 2 avril, le Sénégal entre indubitablement dans une ère nouvelle. Bassirou Diomaye Faye est investi président de la République et à vrai dire, le fait qu’il prête serment, pour le coup est superflu, il n’a point besoin de jurer quoique ce soit sur quoi que ce soit, pour nous convaincre qu’il n’a plus le choix. Enfin, si, il a le choix entre réussir et… réussir. L’ampleur de sa victoire lui indique de façon limpide ce que les Sénégalais ont rejeté, puisqu’ils ont clairement envoyé à l’ensemble de la classe politique, ce qu’ils pensaient de leurs mœurs obscènes et de leurs comportements désobligeants, qui ont révulsé les populations, qui ont banni ce culte total que nos hommes politiques dans leur grande majorité avaient voué à l’opportunisme. Le président Diomaye Faye a la lourde responsabilité de conduire le pays vers de nouveaux et enchanteurs futurs. Comme le bon maçon, il ne sera jugé qu’au pied du mur. Tout le monde a intérêt à ce que notre nouveau chef d’état réussisse, car sa victoire a été claire, nette et sans bavure. Et pour tendre vers cette réussite, les Sénégalais se doivent de l’aider à réaliser ce qu’il a promis aux populations. Il a dit qu’il pouvait, répondons-lui : « Yes We Can ! ».
L’inévitable et implacable réforme médiatique
Le changement que demande le peuple sénégalais dans sa majorité, devra se faire paradoxalement à son corps défendant, et il est nécessaire que le milieu médiatique soit le premier à se faire violence pour réaliser son aggiornamento et à dresser un lucide état des lieux, où ont proliféré tous les faussaires et tous les aventuriers de l’information. Il ne saurait être reproché aux nouveaux hommes qui vont diriger le Sénégal, d’imposer à notre presse, qu’elle sera libre, si elle sait ce qu’est son énorme responsabilité dans l’accompagnement d’une nouvelle ère souhaitée par les Sénégalais. Pas de liberté sans responsabilité. Nous devons sans honte ni atermoiements futiles, plonger nos plumes dans les plaies ouvertes qui ont balafré notre démocratie, à cause de nos inconséquences, nos incompétences, nos mensonges et nos diffamations sans causes ni conséquences, que bien des mercenaires de la plume ont déversés sur les unes de tant de journaux et d’injustifiés « sites d’informations », gérés par des journalistes qui ne s’affublent même plus de guillemets, mais pire signent leurs méfaits avec des pseudonymes.
Le CORED est actuellement en première ligne, en ayant mis en garde contre les propos d’un soi-disant expert, Tahirou Sarr, pour ne point le nommer, qui éructe sans fards des inepties inconcevables devant des journalistes qui ont surtout eu le tort de l’inviter.
Le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias a attiré l’attention des journalistes et techniciens des médias sur la nécessité de faire preuve de “responsabilité” en se gardant de donner de l’audience à la “parole xénophobe, raciste, stigmatisante et intolérante”, conformément à l’Article 18 du Code de la presse, et les a exhortés à censurer tout ce qui peut porter atteinte à notre vivre ensemble”.
Le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias constate que Monsieur Tahirou Sarr du Mouvement nationaliste sénégalais, connu pour son discours public tendancieux sur les étrangers vivant au Sénégal et l’immigration, bénéficie d’une présence médiatique de plus en plus marquée. Mais il n’est hélas pas le seul hurluberlu autoproclamé « expert », à squatter nos plateaux télé et nos sites d’infos en mal de grille de programmes dignes de ce nom et les « chaînes YouTube », gérées sans aucune notion de déontologie journalistique.
Le ménage doit aussi être fait dans cette jungle de titres qui chaque matin inondent l’espace médiatique et qui émanaient non pas de groupes de presse, mais de « Groupes de Pression », appartenant à des tendances, adverses souvent, diffusées par des hommes du pouvoir sorti, qui y faisaient ignoblement leurs trafics d’influences.
Les 500.000 lecteurs de nos quotidiens n’ont pas besoin de 40 journaux. L’heure est aujourd’hui à la puissance de nos informations qui concernent toutes les problématiques de développement, autour desquelles le nouveau pouvoir doit savoir expliquer ses nouvelles exigences aux populations. C’est à nos journalistes formés et responsabilisés, qu’il revient de poser avec les compétences qui vont avec, toutes les questions relatives, par exemple à la monnaie, sujet qui ne peut plus être commenté par n’importe qui sur un plateau, avec toute la désinvolture qui accompagne souvent les ignorants. Pour aider ce nouveau pouvoir à réussir, nous devrons être déterminés à pointer ce qui doit être changé, mais aussi tout ce qui pourrait les éloigner des vertus nécessaires à l’accomplissement de tout ce qu’ils ont promis aux Sénégalais. Respecter l’intelligence de leurs lecteurs et de leurs auditeurs et téléspectateurs, en se mettant au niveau des enjeux qui bordent clairement nos voies de la rédemption, devra être le leitmotiv de notre milieu médiatique.
Notre nouvelle mission est de les rendre plus libres et plus intelligents, pour les préparer aux défis futurs qui conditionnent l’avenir de notre pays. Seule condition pour y parvenir : Faire un implacable ménage…sans ménagements évidemment. Pour qu’enfin les journalistes remplacent les pisse-copies…comme ils aiment d’ailleurs se nommer sans même savoir ce que ce terme a de dédaigneux…
C’est dire…