"NOUS N'ALLONS PAS À PARIS POUR FAIRE DU 'XAWARÉ', MAIS…"
Baba Hamdy Diawara, auteur, compositeur, arrangeur, producteur
Artiste chanteur, arrangeur, producteur, Baba Hamdy Diawara est encore sorti des sentiers battus pour le lancement de son nouvel album intitulé «Degloul», prévu le 19 mai prochain. L’homme des grands événements - comme il se définit - va convoyer une caravane dans la capitale française, Paris pour cela. Trouvé dans son studio, à la Zone A, avec son staff, l’auteur «Say never say», qui était l’invité de l’ambassadeur du Royaume Uni pour l’anniversaire des 90 ans de la Reine Elisabeth II, nous a accordé un entretien dans lequel il est revenu sur son projet, la musique sénégalaise, sa vision de l’Etat. Mais une fois de plus, le cas Viviane a été passé sous silence par Baba Hamdy.
Pourquoi une caravane de Dakar à Paris pour le lancement de votre nouvel album ?
C’est pour beaucoup de raisons et pas seulement pour innover. Parce que Paris est une capitale qui est très importante. Je l’ai fait aussi pour réunir les deux presses, française et sénégalaise de autour d’une même table, pour défendre tous les quatre produits qu’on a eu à réaliser, mon équipe et moi. Comme nous avions déjà sorti nos trois albums à Dakar, on s’est dit que ce serait bien d’aller vers un peu vers l’international. Avoir la critique de la presse internationale sur l’album et aussi permettre à la presse sénégalaise d’avoir son mot à dire, comme elle l’a toujours fait pour la sortie d’albums. C’est vrai, Paris n’est pas une petite ville. Et pour un artiste, une carrière, c’est également essayé d’innover, penser à beaucoup de choses, essayer d’impliquer le monde extérieur, au lieu de rester dans le locale.
Qu’est-ce qui vous motive. Vous êtes plus homme d’affaires que musicien ?
Moi, homme d’affaires ! C’est trop dire. Je suis un artiste et un artiste doit oser, innover. Nos aînés nous ont tellement montré la voie, ils ont tout fait. Donc, pour notre génération, ce que nous devrions faire c’est innover, créer, apporter notre pierre à l’édifice.
Comment arrivez-vous à sortir autant de moyens pour la promotion de vos albums. Baba Hamdy est-il un homme riche ?
Baba un homme riche… (il cherche ses mots) ? Une fois qu’on est engagé à faire un album, on fait tout pour essayer de réunir les moyens, de toucher les partenaires. Et, généralement, les partenaires nous font confiance. Car, sans eux, rien de cela ne serait possible. Permettez-moi d’ailleurs de citer mes grands partenaires qui ont presque payé les billets d’avion des journalistes qu’on va déplacer. Il s’agit de l’Eau minérale «Plaisir» et «Tam-tam».
Qu’en est-il des thèmes que vous abordez dans ce nouvel opus ?
Prenez votre mal en patience. On va en parler à Paris, lors du lancement de l’album… (Rires…).
Pourquoi aimez-vous faire les choses toujours en grande pompe…
Parce que je ne suis pas petit. Mais toutes les personnes qui ont fait de grand chose sur cette terre, généralement, ne sont pas de grande taille, comme moi qui suis de petite taille. A mon avis, faire les choses en grand, c’est important. Mais je ne me rends même pas compte si c’est grand ou petit. Toujours est-il que nous, nous n’aimons pas la routine. Regardez la conception du studio, c’est différent, nous sommes des artistes pas des hommes d’affaires. Un artiste doit faire les choses en grand, il doit essayer en tout cas. Par contre, ce n’est pas toujours très évident.
Comment comptez-vous relever ce grand défi de Paris ?
Je ne sais même pas si c’est un défi ou pas. C’est vrai que c’est une première dans la musique sénégalaise de faire une conférence de presse en croisière, déplacer des journalistes pour le Lamantin Beach, et maintenant pour Paris dans quelques semaines. Ce n’est pas nouveau chez nous, car nous sommes une équipe dynamique qui parvient à rassembler les idées, à avoir énormément d’aide. J’ai deux sponsors qui m’on dit:" Nous allons prendre en charge les billets d’avion des journalistes". Ce qui est énorme comme aide et nous ne cesserons de les remercier. Alors que c’est mon gouvernement qui devrait le faire, mais il ne l’a pas fait. Pourtant, c’est une innovation dans la musique sénégalaise. Nous n’allons pas à Paris pour faire du «Xawaré». Mais nous allons à Paris pour vendre la destination Sénégal, faire connaître sa culture. Généralement, si on regarde les manifestations qui s’organisent en Europe ou ailleurs, c’est la communauté sénégalaise qui se déplace pour suivre la manifestation. Mais cette fois-ci, on essaye de faire bouger les choses d’une manière où la presse française est impliquée, ainsi que la population. Parce que, si un journaliste français écrit, si la radio française parle de cet album, forcément, un Français va l’entendre, il va découvrir notre musique. Donc, c’est une initiative qui mériterait d’être soutenue et accompagnée par notre gouvernement.
Est-ce que vous avez interpellé les autorités sur vos projets ?
Je n’arrête de les interpeller. Je n’arrête pas d’avoir des rencontres avec elles. Mais j’avoue que je suis tout le temps déçu. Récemment, j’ai été reçu par notre tutelle, le ministre de la Culture. Et sérieusement, le projet que je lui ai exposé était énorme. Je le comprends, peut être qu’il n’a pas eu ce budget et il me l’a dit en me demandant d’aller voir une autre structure. J’étais tellement découragé, parce que, lors de notre rencontre précédente, il m’avait promis, mais je positive en disant qu’il ne peut pas, faute de moyens adéquat. Mais la personne que j’essaie de toucher aujourd’hui, je pense qu’elle est un peu sensible à ces genres d’initiatives, c’est la première dame, Marième Faye Sall. J’ai énormément d’amis dans ce gouvernement, mais je pense que la première dame est plus sensible, même si je ne la connaîs pas personnellement. Je vais essayer de la voir avant l’événement.
Pour parler d’autre chose, on vous prête beaucoup d’aventures avec les femmes avec lesquelles vous travaillez. Est-ce que Baba Hamdy est un tombeur ou un homme à femmes ?
Non, je ne vais pas répondre par rapport à cela. Parce que je suis tellement concentré dans ce travail, que je ne veux pas rentré dans ces détails. Mais je remercie le Bon Dieu «ba duma tocc bene sabar» (il se répète).
Vous êtes quelqu’un qui aime laisser courir les rumeurs. Récemment, vous avez dit que Viviane était une sœur, pourquoi avoir attendu tout ce moment pour en parler…
(Il coupe…) Le défunt marabout Mame Maodo Malick disait «noppi faccna adio», comme le dit l’adage : si la parole est d’argent, le silence est d’or. A mon humble avis, cela n’a aucun sens, aucune importance de répondre à tout le monde. Et je ne veux pas être dans ça. Et ça ne me ressemble pas. J’ai eu un père officier qui était dans l’armée et je n’ai pas été éduqué de la sorte. Je ne suis pas obligé de répondre à toutes ces choses qu’on raconte sur moi. Mais peut-être qu’un jour viendra où je vais le faire. Pourquoi pas lorsque je vais rédiger un livre, car cela fait partie de mes rêves. Quand vous écoutez cet album qui s'intitule «Degloul», vous allez comprendre beaucoup de choses.
Les gens disent que notre musique se porte mal. Etes vous de cet avis ?
Elle se porte très mal même. C’est pourquoi je disais tantôt qu’il incombe au gouvernement d’appuyer ce secteur, même légèrement. Parce que l’objectif visé, à travers ce voyage, ce n’est pas seulement de regrouper la diaspora. C’est d’essayer d’impliquer les chaînes françaises, la population française. Et encore une fois, il est important pour un artiste d’être connu un peu partout à travers le monde. Mais comme on le dit, on n’est jamais prophète chez soi. Certaines personnes n’arrivent pas à comprendre ma musique sur le plan local. Mais à l’extérieur, il y a énormément de personnes qui écoutent ma musique. Et aujourd’hui, c’est l’occasion rêvé pour moi de dire aux journalistes: "Donnez moi votre avis sur le produit que je vais sortir". L’idée c’est de regrouper, de rassembler, de fédérer les deux presses, je dirai même les deux peuples.
Avez-vous un écho de là-bas par rapport à cet événement ?
Normalement, je dois être là-bas la semaine prochaine. Car j’ai mon frère Aboubakry Ba de Canal qui travaille sur ce projet. Il y a aussi Sarah Cissé, Mickaël Soumah et mon grand frère Ndakhté qui ont beaucoup de links, car ayant beaucoup d’amis européens. Une amie aussi, Kiné Ngom, m’a mis en rapport avec un grand monsieur qui, en France, a eu à travailler avec pas mal d’artistes, Fada Freedy, Ayo… Il y a énormément de gens qui sont derrière et qui vont m’appuyer et je suis rassuré. Et je vais appeler Youssou Ndour, car je sais qu’il a le link par rapport à cela. Nous voulons juste que l’affaire soit nice. Nous voulons exporter et laisser aussi l’opinion internationale donner son avis. Parce que nous avons eu à sortir tellement d’albums au niveau national. Nous voyons tout le temps les journalistes qui donnent leur point de vue. Donc, ce serait bien aujourd’hui où nous parlons de mondialisation, nous voulons partager les choses. C’est pourquoi nous voulons nous déplacer physiquement, partager avec eux et ne pas se contenter d’envoyer par mails ou d’autres supports.