AÏSSATA TALL SALL RÊVE L'AFRIQUE
Un Sénégal nouveau, c'est ce que souhaite l'avocate et politicienne dont le style lui a valu en Côte d’Ivoire, le surnom évocateur de « go de fer »
Un Sénégal nouveau, c'est ce que souhaite l'avocate et politicienne Aïssata Tall Sall, qui sera candidate à l'élection présidentielle, en février 2019. Rencontre.
Il y a des gens qui rêvent et des gens qui tentent de réunir les conditions pour que leur rêve se réalise. Notre invitée cette semaine fait partie de la seconde catégorie. Avocate, députée, maire, ex-ministre et future candidate aux présidentielles sénégalaises, Aïssata Tall Sall veut un Sénégal nouveau.
Madame Tall Sall est née à Podor, la ville la plus septentrionale du pays, sur le fleuve Sénégal à un jet de pierre de la Mauritanie.
Très tôt son talent et son caractère sont remarqués. Elle veut devenir avocate… et le devient.
Elle crée un important bureau à Dakar. Toutes les causes peuvent l’intéresser. Du droit commercial à la défense de chefs d’État, de généraux ou de putschistes, elle évolue dans des prétoires sur tout le continent africain et jusqu’en Europe.
Son style et sa manière lui valent en Côte d’Ivoire où elle défend deux généraux accusés d’atteinte à la sécurité de l’État le surnom de « go de fer » ce qui veut dire femme de fer en français.
Me Tall Sall partage aujourd’hui ses journées entre son bureau du centre-ville de Dakar et la gestion à distance de la mairie de Podor. Elle consacre trois ou quatre heures chaque matin à régler ces « petites choses » si importantes pour la vie de ses concitoyens.
« Gérer une ville, c’est gérer une République sans argent », dit-elle. Aïssata Tall Sall me dit en faisant un clin d’œil qu’il devrait être obligatoire pour devenir président d’avoir d’abord été maire.
Rêver à la présidence
En 1998, le président, Abdou Diouf, l’avait désignée ministre de la Communication. Socialiste comme lui, elle a toujours eu une grande admiration pour l’ancien chef d’État. Elle reconnaît cependant que le Parti socialiste, s’il a assuré la stabilité des institutions du pays et introduit l’alternance politique, n’a pas réussi à donner un véritable élan économique au Sénégal.
C’est ce constat qui l’a amenée à prendre ses distances et à créer il y a tout juste un an le mouvement Osez l’avenir. Et comme elle croit que les femmes doivent prendre leur place sur l’échiquier politique national, elle sera candidate de cette toute jeune formation aux élections présidentielles de février 2019.
C’est dans son bureau de Dakar que j’ai rencontré Aïssata Tall Sall en mars dernier. L’avocate était souriante et détendue alors que je savais bien que notre entretien avait été coincé dans un horaire extrêmement chargé, entre affaires municipales et séance à l’Assemblée nationale toute proche (elle est toujours députée d'Osez l’avenir).
Très élégante – « j’aime bien faire des mélanges de vêtements occidentaux et sénégalais » –, Me Tall Sall s’est installée à mes côtés, prête à répondre à toutes mes questions.