AMADOU BA, L'AUTRUCHE POLITIQUE
La création annoncée de son parti marque un tournant pour cet homme habitué à éviter les affrontements directs. Mais face à un nouveau régime qui le voit comme une menace potentielle, il pourrait être contraint de sortir de sa zone de confort
Le candidat malheureux de la dernière élection présidentielle, Amadou Ba, a mis en place et en grande pompe hier le comité d'initiative devant piloter le processus de création de son parti politique. Toutefois, l'ex chef du gouvernement a-t-il un avenir politique dans un contexte où il veut s'opposer sans ''se salir les mains ''politiquement.
À 63 ans, l'ancien Premier ministre se décide enfin pour la suite de sa carrière politique. ''....Depuis lors, de nombreux appels ont été lancés pour que je crée ma propre formation politique. Je vous ai entendus. Je vous ai compris. Et après mûre réflexion, j'ai décidé de répondre à cet appel'', a lancé hier avec véhémence le candidat déchu de la coalition BBY. Ancien ministre des Finances, ex-chef de la diplomatie sénégalaise et ancien Premier ministre, il faut croire qu'il ne manquait que la présidence qui lui a été'' chipée'' par son cadet à la DGID, et qui voulait faire adhérer à l'APR Bassirou Diomaye Faye, pour avoir un parcours aussi exceptionnel que son ex-mentor Macky Sall. Si cette fois-ci, l'objectif d'Amadou Ba a le mérite d'être avec la formation très prochainement de son parti politique, ses décisions politiques n'ont pas été aussi fermes. Loin s'en faut.
De son entrée à l'APR en 2013 jusqu'à cette volonté assumée quasiment pour la première fois de prendre son destin en main, celui qui entame une ''Nouvelle Responsabilité'' a pour habitude de différer voire de contourner ses adversités et combats politiques. Faire la politique de l'autruche est la trame de fond de sa stratégie politique.
Il ne répond ni aux provocations, ni aux accusations. L'ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal opte pour la diplomatie et les consensus politiques, loin de la fureur de l'espace médiatique où il a été attaqué ces dernières années et par ses opposants, et par certains de ses frères de parti Mais à chaque fois qu'il a été interpellé sur ces attaques, l'énarque préfère relativiser. Tout en trouvant toujours les moyens d'avoir des cadres de BBY et des personnalités médiatiques assumant leur amitié avec l'ancien Premier ministre pour parler à son nom et le défendre.
Diomaye et Sonko sans gants à son endroit
Et Manifestement, c'était une stratégie payante car ça lui a permis de se hisser au plus haut sommet de l'Etat. Mais jusqu'à quand ? En effet, beaucoup d'eau a coulé sous le pont depuis. Le Pastef et la coalition ''Diomaye Président'' sont venus par la force des urnes au pouvoir. Et les tenants actuels du pouvoir sont loin d'être des enfants de chœur.
D'ailleurs, ils n'avaient pas hésité à l'attaquer dès leur sortie de prison.'' Notre adversaire ce n'est plus Macky Sall mais Amadou Ba'', dira Ousmane Sonko. Même actuel son de cloche pour l'actuel président de la République Bassirou Diomaye Faye qui a été sans ambages sur son ?
''J'aurais choisi Macky Sall si je devais trancher entre lui et Amadou Ba‘‘. Donc le futur président de la Nouvelle Responsabilité devra se ''salir les mains'' visiblement s'il veut s'opposer à ce nouveau régime. Amadou Ba devra aller sans aucun doute à l'échafaud. Le tandem Diomaye-Sonko connaît l'homme, sa puissance financière supposée, ses réseaux et ses partisans au sein des inspecteurs des Impôts. Et sur ce plan, l'actuel directeur du port Waly Bodian est un inspecteur des Impôt, comme Amadou Ba, il avait donné sa position clairement sur la conduite à tenir par rapport aux dignitaires du régime sortant. À l'en croire, tant que ces ''milliardaires'' ́ne seront pas en prison, ils ne pourront pas gouverner. La messe est dite ! Et les jours à venir, les hostilités vont commencer. En attendant de savoir si Amadou Ba adoptera une attitude beaucoup plus ''piquante'' ou restera-t-il dans sa zone de confort, force est de dire que dans son comité d'initiative, il y a des polémistes de talent comme le journaliste Latif Coulibaly qui n'a pas la réputation de se laisser faire. Peut-être que là aussi, Amadou Ba n'aura pas besoin d'aller au charbon.