CHEIKHOU OMAR DIAGNE, SOUFI RÉFORMATEUR OU ANARCHISTE TÉMÉRAIRE ?
Son refus d'héberger des délégations étrangères pour le Magal de Touba à mis le feu aux poudres. Mais qui est vraiment cet homme aux multiples facettes : essayiste, expert financier, idéologue musulman et critique acerbe des confréries ?
Depuis le Magal de Touba, son nom est sur toutes les lèvres. En effet, le directeur des Moyens généraux suscite la polémique après qu'il a refusé l'hébergement à certaines délégations étrangères venues pour les soins du Malgal. Mais qui est vraiment Cheikhou Omar Diagne ? Polémiste, ami de fortune du président de la République Diomaye Faye, et qui depuis plusieurs années profère des critiques sévères sur la manière de pratiquer l'islam dans les confréries, tout en clamant toutefois son appartenance à ces cercles soufis.
La direction des Moyens généraux est un poste qui passait presque inaperçu dans l'architecture gouvernementale. Seuls les initiés pouvaient avoir une prise certaine sur les tenants et aboutissants de cette direction logée au Palais de la République. Mais avec Cheikhou Omar Diagne, cette donne va manifestement changer. Son parcours, ses prises de position antérieures vont certainement le rattraper. Et en guise d'illustration, il faut juste voir sa lette-réponse suite à une demande de la commission des relations extérieures du comité d'organisation du Magal pour une prise en charge de certaines délégations étrangères venues pour le Magal de Touba, et qui fait couler beaucoup d'encre. Plusieurs disciples mourides voient dans ce refus le prolongement de son aversion pour cette confrérie qu'il voue aux gémonies, disent-ils depuis plusieurs années.
Une analyse excessive peut-être de cette affaire ! Mais force est de dire que Cheikhou Omar Diagne n'y va pas de main morte par rapport aux confréries. Essayiste, expert financier et spécialiste des questions monétaires, Cheikh Omar Diagne n'en demeure pas moins un féru des sciences religieuses. Il se définit comme un soufi, disciple de Cheikh Ibrahima Niasse. Mais le fondateur du cabinet Zafir Consulting est loin d'accepter toutes les pratiques dans les familles religieuses. Il critique vertement les chefs religieux et dénonce ce qu'il appelle la ''mafia religieuse
''. À l'en croire, elle fait partie des goulots qui étranglentle Sénégal. Cheikhou Omar Diagne pense sans langue de bois que le Sénégal s'achemine vers une ''ère des post-confréries'' au Sénégal. Une position osée dans un pays où l'islam soufi est ancré dans les mœurs etfait vibrer des millions de Sénégalais. Et son avis sur cette question n'est pas partagé par tout le monde, et battu en brèche par d'autres spécialistes.
Porteur d'un projet religieux
Par ailleurs, l'auteur de Confidences Soufies et de la Révolution de l’argent dans l’espace franc est considéré par certains observateurs comme un idéologue musulman qui a son propre agenda de réforme religieuse. Lors de la dernière élection, le directeur des Moyens généraux était prêt à aller à la conquête du pouvoir avec son parti Rassemblement pour la Vérité/ And Ci Deug (Rv/And Ci Deug). Et Cheikhou Omar Diagne qui a longtemps dénoncé l'influence des loges maçonniques, des homosexuels et de la laïcité héritée de la France et qui inhibe le fait religieux au Sénégal, avait déclaré à qui veut l'entendre qu'il est porteur d'un projet islamique basé sur les enseignants du dernier Messager, le Prophète Mouhamed (PSL). '' Au Sénégal, il y a une influence des idéologies socialistes, des libérales et centristes dans les partis politiques.
Tout ça, ce sont des idéologies occidentales. Le RV quant à lui est un parti islamique'', faisait-il savoir lors d'une conférence de presse, il y a quelques mois. Et même s’il a soutenu la coalition Diomaye par la suite pour la présidentielle, apparemment Cheikhou Omar Diagne compte imprimer sa marque dans le gouvernement.
Ainsi, après sa nomination comme ministre, il avait encore fait parler de lui en affirmant que bientôt, il y aurait l'érection d'une mosquée au Palais. Un crime de lèse-majesté pour les militants de la laïcité qui avaient tiré à boulets rouges sur lui. Il était aussi le premier à répondre à Abbé Latyr Ndiaye après sa lettre incendiaire au Premier ministre Ousmane Sonko sur le voile à l'école. Devenu proche du président Bassirou Diomaye Faye, après avoir partagé avec le nouveau chef de l'Etat les rigueurs de l'emprisonnement suite à son arrestation pour offense au chef de l'Etat, et des militants du Pastef avec qui il partage les idées de panafricanisme, Cheikhou Omar Diagne aura fort à faire avec sa nouvelle fonction. Cette polémique sur son refus d'hébergement des délégations étrangères risque de ne pas être la dernière.
Pour lui, les relations financières entre l'Etat et les familles religieuses doivent être transparentes et le budget devrait être voté à l'Assemblée nationale.