LE GRAND ÉCART DE SONKO
De Kolda à Dakar, les ralliements d'anciens opposants au Pastef se multiplient sous l'œil bienveillant de son chef. Ces retournements de veste, jadis fustigés par le leader du parti au pouvoir, créent aujourd'hui des dissensions internes
(SenePlus) - Dans un contexte politique sénégalais en pleine effervescence à l'approche des législatives du 17 novembre, le parti au pouvoir Pastef fait face à une situation paradoxale qui met en lumière les contradictions de son leader, Ousmane Sonko.
Le meeting du 3 novembre à Kolda a marqué un tournant symbolique. Selon Jeune Afrique, deux figures locales antagonistes, Mame Boye Diao, ancien directeur des Domaines et ex-patron de la Caisse de dépôts et consignations, et Abdourahmane Baldé, ex-directeur de la Loterie nationale, se sont réconciliés publiquement sous l'égide de Sonko. Un revirement spectaculaire pour ces anciens opposants au Pastef.
Le cas d'Abdourahmane Baldé est particulièrement révélateur. Comme le rapporte le magazine panafricain, celui qui affirmait en novembre 2023 avoir refusé de militer au Pastef en raison "du discours va-t-en-guerre et de la radicalisation d'Ousmane Sonko" a finalement choisi de rejoindre le parti qu'il critiquait.
La vague de ralliements s'est amplifiée avec l'adhésion de plusieurs cadres de l'ancienne majorité présidentielle. Jeune Afrique cite notamment Gallo Ba, ex-ministre de la Fonction publique, et Adji Mergane Kanouté, ancienne vice-présidente du groupe parlementaire BBY.
La nomination controversée de Samba Ndiaye à la tête du conseil d'administration de la SN/HLM a provoqué une crise interne. "Notre parti reste ouvert à collaborer avec tous les Sénégalais convaincus par le projet [...] En revanche, il reste fermé à toute personne impliquée dans une gestion scandaleuse", avait déclaré Sonko.
L'évolution du discours de Sonko est flagrante. Lors d'un meeting à Mbacké le 10 novembre, il affirmait ne pas avoir besoin "de ces transhumants", tout en concédant pouvoir les accueillir. Pourtant, le même jour, Bara Gaye, maire de Yeumbeul Sud, révélait avoir été personnellement sollicité par Sonko : "Arrête de manger les cuisses de grenouilles en France et reviens, car le pays a besoin de toi", lui aurait lancé le leader du Pastef.
Un analyste politique cité par Jeune Afrique résume la situation : "Nous avons l'impression que le Pastef s'est accommodé de la transhumance qu'il dénonçait avec virulence pendant les années d'opposition. Cela revient à dire que peu importe la manière, les législatives doivent être gagnées."