L'ENGAGEMENT PRÉSIDENTIEL EN QUESTION
Sonko n’a jamais eu l’intention de le faire sa DPG. Et Diomaye l’a soutenu à coups de décrets. L'ombre de promesses non tenues planait déjà sur le jeune quinquennat, rappelant étrangement les débuts de celui de Macky Sall
Si certains avaient espéré que la dissolution de l’Assemblée allait être prise après la DPG, la divine surprise ne s’est pas produite : le président a acté la dissolution de l’institution et validé le refus du Premier ministre de se soumettre à cet exercice constitutionnel. Si BDF se défend d’avoir « dupé » le peuple sénégalais, cet engagement non respecté va le poursuivre durant son quinquennat, comme Macky qui n’avait pas réduit son mandat après avoir pris un tel engagement. On lui a toujours rappelé qu’une parole présidentielle est sacrée.
C’est la fin de la tragi-comédie : les députés ne verront pas Sonko, comme il l’avait annoncé lui-même de manière triviale. Il n’est pas devin, mais il est dans les secrets des dieux. Il y a quelques jours, le Premier ministre avait dévoilé les grandes lignes du discours du chef de l’Etat tenu hier : les limogeages de Mme Aminata Mbengue Ndiaye et de M. Abdoulaye Daouda Diallo à la tête du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) et du Conseil économique, social et environnemental (Cese), après le rejet du projet de loi qui devait supprimer ces deux institutions. Lors de son adresse à la Nation, le président Faye a confirmé le reste des propos de son Premier ministre : la dissolution l’Assemblée et les futures poursuites judiciaires contre les dignitaires de l’ancien régime. Il a « légalisé » ces annonces en signant les différents décrets qui les officialisent.
Jusqu’au bout, certains espéraient pourtant que le Premier ministre allait faire sa Déclaration de politique générale (DPG). Mais, il y a eu des doutes sur la dissolution de l’Assemblée nationale hier, après que le président a convoqué les députés en session extraordinaire pour la ratification de certains traités et aussi la Dpg. Bien sûr, il s’était engagé à travers un décret que son Premier ministre allait se soumettre à cet exercice constitutionnalisé en fixant la date du 13 septembre. Or Sonko n’a jamais eu l’intention de le faire. Et BDF l’y a soutenu à coups de décrets, comme la signature hier de l’acte de décès de la 14ème législature.
Dans ses explications, le président Faye nie une quelconque manœuvre politique. Alors qu’il s’est engagé personnellement dans ce bras de fer institutionnel, il a soutenu qu’il «ne s’est pas agi de duper le peuple sénégalais, mais simplement d’asseoir fermement l’autorité de la loi», tout en rappelant par les actes que «l’ordre politique, sous mon magistère, ne supplantera jamais l’ordre légal». «Il y allait donc de mon devoir juridique, éthique et moral de ne céder la moindre parcelle de tolérance aux contempteurs de la loi. J’en ai donc conclu que le gage d’une collaboration franche avec la majorité parlementaire, dans le seul intérêt du peuple sénégalais, était une illusion. Celle-ci ayant décidé de se détourner du peuple pour promouvoir le culte du blocage, et ainsi entraver la mise en œuvre du Projet sur la base duquel j’ai été élu.» C’est le point final d’un bras de fer entre l’Exécutif et le Législatif dont le personnage central du conflit est le Premier ministre. Sonko est le grand gagnant. Quid de Diomaye ?