LES LEADERS ABSENTS, LA POLICE SE CHARGE FACILEMENT DES «PETITS» OPPOSANTS
Samedi dernier, jour du vote de la loi portant suppression du poste de Premier ministre, l’opposition et une frange de la société civile avaient voulu, malgré l’interdiction du préfet de Dakar, manifester contre ce projet.
Hélas ! Ils ont tous été neutralisés par les forces de l’ordre et mis au gnouf. Retour sur une journée « faste » (et pas track !) des forces de l’ordre…
Dès les premières heures de la matinée, précisément à 7h, tous les axes menant vers la place Soweto étaient quadrillés par les forces de l’ordre notamment la police et la gendarmerie. Depuis le Grand Théâtre, le siège de la Radio et Télévision Sénégalaise (Rts), l’avenue Cheikh Anta Diop ou la Corniche, les avenues Lamine Guèye et de la République, la rocade Fann-Bel Air, la place de l’Indépendance, le rond-point Sandaga… tous les axes étaient occupés par des forces de l’ordre armées jusqu’aux dents. Le dispositif sécuritaire était, à vrai dire, impressionnant. La sécurité aux alentours de l’Assemblée nationale était plus dissuasive encore. Des barrières sécuritaires étaient installées dans toute la zone et il fallait montrer patte blanche — ou carte de presse ! — pour être autorisé à passer. Sur les nerfs, les forces de l’ordre déviaient de leur chemin habituel les bus ou véhicules particuliers. Tout le centre ville était sous contrôle des policiers du Gmi dès les premières heures de la matinée. Le temps passe et une petite affluence commençait à être notée aux alentours de l’Assemblée nationale avec l’arrivée subite du responsable du mouvement « France dégage », Guy Marius Sagna, accompagné de Babacar Diop des Forces démocratiques du Sénégal (Fds) et de quelques partisans qui ont tenté de forcer le passage. C’était compter sans la détermination des policiers à s’opposer à quelque attroupement que ce soit. Malgré l’engagement et la détermination du responsable du mouvement « France dégage » de passer de gré ou de force, les forces de l’ordre ont su, suite à une rude altercation, maîtriser Guy Marius. Lequel n’avait pas dit son dernier mot car il a eu le temps de faire passer son message avant d’être embarqué dans le fourgon de la police. « Macky Sall dictateur …Macky Sall dictateur… Macky Sall dictateur. Ce projet est inacceptable ! Il est anti-démocratique ! Ce projet va semer les germes de l’instabilité et du chaos au Sénégal. Nous pensons que la Constitution est importante ! Chers citoyens sénégalais, ce projet de loi est un document à déchirer», a-t-il crié haut et fort. Il ne sera d’ailleurs pas le seul à être neutralisé et mis dans la fourgonnette de la police avant d’être conduit dans les locaux du commissariat central de Dakar. Son compère Babacar Diop des Forces démocratiques socialistes (Fds) sera le deuxième manifestant à être arrêté par les forces de l’ordre.
Babacar Diop, Guy Marius Sagna et Abdourahmane Sow arrêtés
Deux minutes plus tard, c’était au tour de Abdourahmane Sow du Cos /M23 de faire son apparition. Tout comme Guy Marius Sagna et Babacar Diop, Abdourahmane Sow, qui a voulu lui aussi braver l’interdit préfectoral pour manifester devant l’Assemblée nationale, a été mis aux arrêts par les policiers et envoyé rejoindre ses « amis » au commissariat central de Dakar. Ce n’était pas tout car, quelques heures plus tard, Ousmane Ndiaye, le secrétaire général du Mouvement du 23 juin 2011 (M23) qui s’était fondu dans la foule des journalistes, a été lui aussi arrêté. Pour éviter les « infiltrations » d’indésirables ou de fauteurs de troubles, le préfet de Dakar a ordonné aux forces de sécurité de vérifier les cartes de presse pour traquer tout intrus. Malgré cette précaution, un autre responsable de l’opposition a fait son apparition. Un responsable qui n’était autre que l’ex-porte-parole du Pds, Babacar Gaye. Tout comme ses prédécesseurs, Babacar Gaye a voulu s’adresser à la presse. C’était compter sans les forces de l’ordre qui lui ont intimé l’ordre de quitter les lieux. Ayant refusé de s’exécuter, Babacar Gaye a eu des échanges houleux avec les forces de l’ordre qui ont fini par lui interdire l’accès à l’hémicycle…où sont pourtant censées être débattues les affaires de la Nation.