MACKY SALL VIVEMENT ATTENTU
La parole présidentielle sera scrutée de près ce jeudi soir. Le chef de l'Etat doit répondre à l'impatience des Sénégalais et fixer une date pour l'élection. Le torchon brûle avec une opposition remontée, qui exige le vote avant la fin du mandat
Le Sénégal attend avec impatience la prise de parole ce jeudi du président Macky Sall, qui pourrait donner de plus amples détails sur l'organisation de l'élection présidentielle reportée et sortir le pays de la crise.
Le chef de l'Etat s'exprimera à 19 heures (GMT) lors d'une interview accordée à quelques médias publics et privés. Les Sénégalais, initialement convoqués aux urnes le dimanche 26 février, cherchent désespérément à connaître la nouvelle date du scrutin après le choc provoqué par le report début février.
Le président Sall fait face à des pressions internes comme externes pour organiser la présidentielle au plus vite, même si ses intentions précises demeurent secrètes, souligne l'AFP. Pays généralement cité en exemple pour sa stabilité démocratique malgré d'anciens troubles, le Sénégal vit dans l'incertitude comme rarement depuis son indépendance.
Le report, qualifié de "coup d'État constitutionnel" par les opposants, a provoqué une vive commotion dans l'opinion publique sénégalaise. Des manifestations ont éclaté et fait quatre morts, selon l'agence de presse. La semaine dernière, le Conseil constitutionnel s'est opposé à l'ajournement de l'élection et au maintien du président Sall au pouvoir jusqu'à l'intronisation de son successeur. Il a demandé aux autorités d'organiser le scrutin "dans les meilleurs délais".
M. Sall a affirmé son intention de respecter la décision des juges constitutionnels et de mener sans tarder les consultations nécessaires. Pourtant, depuis, plus rien n'a filtré officiellement des discussions qu'il aurait eues avec les différents acteurs politiques et de la société civile, pointe l'AFP.
Le principal opposant Ousmane Sonko reste emprisonné depuis juillet dernier. Mais sa formation valide la candidature de son colistier Bassirou Diomaye Faye, lui aussi écroué. Celui-ci a accusé mercredi le chef de l'État de traîner les pieds, comme la plupart des 19 candidats retenus par le Conseil constitutionnel. Il exige que la date de scrutin soit fixée sans délai avant le 2 avril, fin du mandat présidentiel actuel.
Tandis que la société civile appelle à une nouvelle manifestation samedi pour maintenir la pression, le camp du président Sall demande également à se mobiliser. Le pays retient son souffle avant l'intervention très attendue du chef de l'État sénégalais, qui pourrait donner un peu de visibilité dans cette crise électorale inédite.