DES MEDECINS DEMANDENT LA CREATION D'UNITE MEDICO-JUDICIAIRE DANS CHAQUE HOPITAL
Depuis quelque temps, les affaires judiciaires et/ou politico-judiciaires font l’objet de polémiques sur les certificats médicaux, les rapports médicaux et les rapports d’autopsie demandant parfois une contre-expertise
Depuis quelque temps, les affaires judiciaires et/ou politico-judiciaires font l’objet de polémiques sur les certificats médicaux, les rapports médicaux et les rapports d’autopsie demandant parfois une contre-expertise. Sur ce, des médecins demandent la création d’unités médico-judiciaires au niveau régional pour une meilleure prise en charge des cas de viols au Sénégal.
«Au Sénégal, nous avons un sérieux problème sur les implications judiciaires des certificats médico-légaux en général et les certificats médicaux tout court. Je ne parlerai même pas des résultats d’examen thanatologiques, ou résultats d’autopsie». C’est l’équation à mille inconnues posée par le médecin urgentiste, Dr Boubacar Signaté qui fait remarquer que depuis quelque temps, les affaires judiciaires et/ou politico-judiciaires font l’objet de polémiques sur les certificats médicaux et l’implication à des degrés divers du corps médical dans ces dossiers à fort relents judiciaires. Il pense que la cause réside dans le fait qu’on ne dispose toujours ni de service médico-judiciaire ni d’une organisation de la médecine légale encore moins un laboratoire ou un institut d’identification criminel «digne de ce nom». Le premier pas, dit-il, c’est déjà de mettre en place des unités médico-judiciaires. Ce qui d’abord devrait être le travail des médecins légistes «même en petit nombre» et des points focaux dans chaque région. Ensuite, la formation des autres médecins spécialistes pour l’établissement du premier certificat médical descriptif ouvrant la voie à un dépôt de plainte. Cela pourrait éviter tous ces certificats établis en méconnaissance des règles de base de la médecine légale mais surtout de disposer d’une voie claire pour le citoyen de pouvoir être protégé dans ces droits lorsqu’il est victime de violence, de viol ou quelque nature que ce soit».
La proposition de Dr Signaté semble d’une importance capitale. D’autant que le médecin légiste Dr Amadou Sow avait dans une interview accordée au Témoin, demandé, il y a juste une année, à l’Etat de penser à mettre en place ces structures judiciaires agrées. «On doit aller vers ce qu’on appelle la création des unités médico-Judiciaires. Au moins chaque capitale régionale, pour ne pas dire chaque hôpital régional, devrait avoir une unité de référence en matière de prise en charge des victimes d’agressions, des questions médico-légales ou des questions pour lesquelles la justice aura à intervenir» avait proposé le médecin légiste, Dr Amadou Sow sur les colonnes de votre quotidien préféré. Un peu plus d’un an après, le sujet est remis au goût du jour dans l’affaire du supposé viol répété opposant la masseuse de «Swett Beauty» Adji Sarr accusant le leader du Pastef, Ousmane Sonko.
En effet, et depuis quelque temps, pratiquement tous les certificats médicaux à incidence judiciaire se trouvent sur la place publique. Une situation qui, selon le gynécologue obstétricien, Dr Mamadou Demba Ndour (nouveau secrétaire général du Sames), est de nature à exposer de manière récurrente les experts médico-judiciaires et leurs familles à une insécurité notoire. D’où la création de ces structures sur lesquelles la justice pourra s’appuyer pour pouvoir aboutir à une manifestation de la vérité.
Les médecins sont unanimes. L’intérêt avec ces unités médicales et judiciaires résidera dans le fait que ce sont les personnes formées à prendre en charge ce type de patients qui y seront. Ainsi, avec les unités médico-judiciaires, dira Dr Amadou Sow: «là où l’on devrait peut-être trouver un gynécologue ici, un psychiatre dans un autre hôpital, ou un médecin dans un autre service, tous ces spécialistes vont intervenir en même temps dans les mêmes locaux». Un avantage qui pourra faciliter la coordination entre le psychologue, le psychiatre, le gynécologue... Ces personnes, jadis éparpillées dans différents services ou structures médicales de prise en charge des personnes victimes de violence, vont se regrouper. Aussi, on aura à faire des documents que la justice va prendre en compte les yeux fermés. Si on en arrive à avoir ces unités agrées par la justice et qu’on veille à avoir de bons éléments là-bas, un certificat qui sera délivré dans ces unités à priori, jusqu’à la preuve du contraire; ne fera pas l’objet d’une contre-expertise. Parce qu’on sait que si on la réalise, on aboutira à la même conclusion, a-t-il fait savoir. Son raisonnement sous-tend que ces structures vont faciliter le travail de la justice en apportant une plus-value à ce qui existait déjà.
«Je pense que si on met en place ces unités, nous aurons fait un grand pas en avant dans la gestion des violences et dans l’établissement des certificats médicaux ayant une incidence judiciaire»! C’est la conviction de l’urgentiste, Dr Signaté.